En rase campagne, l'œil s'attarde sur les vastes étendues qui semblent infinies. Pourtant au loin, et au détour des virages, surgissent des villages aux noms presque familiers insoupçonnés depuis ces routes bien entretenues que traversent des milliers de kilomètres en cette contrée de l'Oranie. Nous sommes sur le chemin d'El Aricha. Tantôt désertes et jaunie par le soleil, tantôt verdoyantes touffues d'arbres et de bosquets, ces surfaces larges et sans limite, offrent un paradoxe des saisons en une seule. On ne sait alors plus si l'été est toujours là jusqu'au 21 septembre du moins, ou si le printemps s'est soudainement immiscé, sans crier gare en cette saison bien estivale cette année, avec ces pics de chaleur qui n'en finissent pas de grimper, pléonasme oblige ! El Aricha est une région pastorale par excellence. Et ces espaces ocre sur lesquels paissent allègrement des troupeaux de moutons et de chèvres l'indiquent aisément. Ils cherchent vainement quelques brindilles à brouter. Plus d'alpha, hormis quelques touffes éparses qui témoignent chétivement de la richesse de ces terres dans un passé récent. Une autre production qui s'en est allée et avec des atouts économiques certains. Pourtant, les chiffres attestent de la présence d'un cheptel estimé à 800.000 têtes ovines et un nombre important de vaches laitières, ce qui place la région en tête dans la wilaya de Tlemcen. La route se fait interminable. Elle file droit sur un asphalte doux à parcourir. La commune marque la limite avec le sud qui se fait accentuer la couleur ocre et rougeâtre. Il est alors étonnant de savoir que la neige et le verglas marquent cette contrée en temps hivernal. D'ailleurs, le lac de Dayet El Ferd, tout de blanc recouvert, donne cette impression d'étendue enneigée en plein désert. Le Maroc n'est pas loin. A près d'une trentaine de kilomètres seulement. La ville se met à l'heure de la modernité. Récemment, 40 hectares ont été dégagés au lieu-dit Regab, dans la commune d'El Aricha qui dépend de la daïra de Sebdou, distante d'une cinquantaine de kilomètres, pour la réalisation du projet d'une centrale solaire photovoltaïque. Cette surface renferme 10 hectares dédiés à la construction de la centrale et 30 autres hectares au champ solaire. La centrale à énergie solaire est d'une capacité de 10 à 20 M.VA (million voltampère). C'est une première dans l'Oranie. Elle permettra d'injecter de l'énergie dans le réseau national d'électricité. De plus, cela sécurisera la ville de Sebdou mais pas seulement, puisque les voisines dont El Aricha, Bouihi, El Gor, Sidi-Djillali et Aïn-Fatah seront alimentées et sécurisées. Par ailleurs, des efforts sont consentis en matière d'habitat, même si par endroits, des façades de maisons inachevées rappellent d'autres endroits qui existent de par le pays. Par la route de Berguent, laissant à droite Sidi Djillali, rares sont les automobilistes qui s'y hasardent. A moins d'être un hallab qui s'en va déverser le contenu de ses réservoirs au marché de la contrebande. La route monotone continue de traverser des plaines jadis chargées d'alpha. Mais la monotonie pousse à la curiosité et incite à savoir ce qui se cache derrière ces monticules de terre aride, sèche et sans attrait particulier. Puis enfin en voilà un. Il apparaît dans ces traces encore visibles de la ligne Morice où les mines antipersonnel ont fait de nombreuses victimes. La continuité se fait vers le royaume chérifien. On peut y croiser la silhouette de la mythique 404 Peugeot dans des coloris aujourd'hui disparues, bleu ciel, jaune ou rouge bordeaux. Une ribambelle d'enfants y ont élu place quand ce ne sont pas des clients qui empruntent ces véhicules de transport clandestin.