Les femmes seront désormais aux commandes des conseils municipaux chargés de conseiller les autorités locales et aider à la surveillance des budgets. Cette intrusion dans l'espace politique, autorisée par le défunt roi Abdallah, nommant 30 femmes au Majlis al-Choura qui compte 150 sièges, et entériné par son prédécesseur, participe à pas feutrés à la démocratisation de la vie politique désormais ouverte à la participation féminine. « C'est vrai que nous ne sommes pas élues (au Majlis al-Choura), mais 20 % de femmes, c'est plus que dans beaucoup de pays », souligne l'une des députées désignées, Hoda Al-Helaissi, en marge de la campagne électorale. Elles sont 119 000 électrices (sur 1, 5 million inscrits) et près de 979 candidates (sur les 7 000) lancées dans la conquête des 2 106 sièges en jeu. Dans ce long combat d'émancipation politique, la percée électorale vaut son pesant d'or pour les 20 femmes élues aux conseils municipaux de Madrakah, dans la région de La Mecque, de Jawf (nord, 2), d'Ihsaa (sud-est, 2), de Tabbouk (nord-ouest), de la capitale Ryad (3), de Jazane (sud, 1), de Jeddah ( sud, 2) ... Par delà le score somme toute symbolique, le pas a été salué par le département d'Etat américain évoquant un « jalon historique » dans le processus électoral inclusif de nature à garantir, selon le porte-parole du département d'Etat, John Kirby, « la représentation à tous les Saoudiens au sein d'un gouvernement responsable ». Car, précise le porte-parole, « comme nous l'avons dit depuis longtemps, l'inclusion de tous les citoyens dans les urnes et la gouvernance est essentielle à la prospérité, la stabilité et la paix de toutes les nations ». Un pas important a été fait dans la révolution citoyenne en marche ? Tous les regards sont maintenus rivés sur l'évolution du processus électoral. Des candidates au Majlis al-Choura ? « Une chose est sûre, prédit le sociologue Khalid Al-Dakhil, le processus de libéralisation ne s'arrêtera pas ». Le combat pour l'égalité des chances et la promotion de la femme commence. « Toute ma vie a été une lutte », a déclaré la première femme élue au Conseil municipal de Madrakah, dans la région de La Mecque, l'institutrice Salma bent Hizab al-Oteibi, triomphant de sept hommes et deux femmes. Dans la ville côtière de Qatif, l'élue Khadra al-Moubarak jure fidélité. « Je serai en contact avec la société, les femmes en particulier, pour porter leurs voix et transmettre leurs demandes au Conseil. Je promets de les représenter par tous les moyens », a-t-elle dit. La militante féministe de la ville de Qatif (est), Nassima al-Sadah, affiche un optimisme béat. « Je vous l'avais dit depuis des mois : les femmes vont vous surprendre ! » Vrai : l'engagement féminin est incontestablement remarquable comme l'atteste une participation record (80%) au scrutin, lorsque le taux national n'a pas dépassé les 48%.