Au plan économique et social, le secteur de la pêche joue un rôle important dans l'économie de la région de Tlemcen. De nombreux projets sont en cours dont notamment celui des ports de pêche de Sidna Ouchaa et de Honaine. Le secteur mise également sur l'aquaculture et autres investissements. Le directeur de la pêche, Derouiche Kouider, contacté, a bien voulu répondre à nos questions. Quelle est la situation globale du secteur de la pêche ? La wilaya de Tlemcen est caractérisée par un littoral maritime de 74 km qui s'étend de Marsat Ben M'Hidi à l'ouest jusqu'à l'Ourdania à l'est. Cette partie de la côte couvre le territoire de quatre daïras, à savoir Marsat Ben M'hidi, Bab El Assa, Ghazaouet et Honaïne. De par sa proximité avec le détroit de Gibraltar, favorisé par les courants froids de l'Atlantique, le plateau continental de Tlemcen est l'une des zones les plus poissonneuses du pays. La biomasse halieutique a été évaluée à 52.568 tonnes, avec un stock pêchable de 520 tonnes/an). Pour 2015, le total de la production halieutique a augmenté de 05% par rapport à l'année précédente, l'estimation est d'environ 10.254 tonnes. Cette hausse de la production peut être justifiée par l'augmentation de l'effort de pêche d'une part et par les bons résultats du respect de la période du repos biologique, d'autre part. S'agissant de la flottille, celle-ci est composée de 281 unités de pêche professionnelle toutes catégories confondues, à savoir 82 chalutiers, 54 sardiniers et 134 petits métiers ainsi que des centaines de navires plaisanciers qui activent régulièrement dans la pêche. Pour ce qui est du collectif marin, le nombre embarqué est passé de 1.233 en 2013 à 1.475 en 2015. Souvent l'accent a été mis sur la formation, qu'en est-il au sein de votre secteur ? Nous avons déployé des efforts avant et après l'inauguration de l'Ecole de formation des techniques de pêche et d'aquaculture de Ghazaouet, afin de répondre aux besoins permanents en termes de formation au profit des professionnels du secteur de la pêche. Les résultats de ces efforts ont été très encourageants dans le cadre des classes spéciales où il a été procédé à la formation de 1.136 matelots qualifiés, 365 patrons côtiers, 100 capacitaires, 226 électro-motoristes, sans compter les classes qui sont en cours de formation. Aussi, pour le dispositif de Validation des acquis de l'expérience professionnelle (VAEP), notons que sur une session de 117 candidats, 30 attestations ont été remises dont 08 capacitaires et 22 électro-motoristes. Donc nous sommes satisfaits, et ce, grâce à l'école de pêche EFTPA de Ghazaouet dotée d'un équipement pédagogique moderne et qui peut accueillir jusqu'à 250 places pédagogiques avec 140 en internat. Cette école vise à assurer un haut niveau de formation aux marins qualifiés, patrons-côtiers, agents techniques aquacoles et techniciens en pêche. Et pour les infrastructures portuaires ? Mis à part le port de Ghazaouet, qui est un port mixte commerce - pêche et qui abrite la quasi-totalité de la flottille de pêche de la wilaya, dont une darse de un hectare est réservée à l'activité pêche, notre wilaya a bénéficié, après l'indépendance, de deux infrastructures portuaires, d'un abri de pêche à Honaïne et d'un port de pêche et de plaisance à Marsat Ben M'hidi. Ces trois infrastructures ont été renforcées par deux grands projets. Le premier est celui des travaux d'extension de l'abri de pêche de Honaïne afin d'améliorer les conditions d'accès et augmenter ses capacités d'accueil. Ce projet a été réalisé par l'entreprise nationale Cosider pour un coût global de 1.612 843 818,60 DA. La capacité du port, après extension, est de 150 unités (15 chalutiers/sardiniers, 71 petits métiers et 64 plaisanciers). Le deuxième projet vise la réalisation du port de pêche de Sidna Youchaa dont les travaux ont démarré le 27/10/2013 pour un délai de réalisation de 40 mois par l'entreprise Cosider. Le taux d'avancement actuellement est de 50%. Le suivi du projet est assuré par le Laboratoire d'études maritimes (LEM/Alger). Ce projet a été doté d'une autorisation de programme de 7.238.663. 439,38DA. Sa réception est prévue pour le 1er trimestre de 2017. Sa capacité d'accueil sera de 295 unités, soit 10 thoniers, 65 chalutiers, 70 sardiniers et 150 petits métiers. Le secteur mise beaucoup sur les investissements. Des résultats ? Les créneaux de financement des projets de jeunes tels que l'Ansej, l'Angem et la Cnac ont participé au renforcement de la flottille et la création d'un nombre considérable d'emplois. Nous avons enregistré un nombre de 42 projets réalisés dont 41 unités de pêche nouvelles, (08 sardiniers et 33 petits métiers) et une unité de fabrique de glace à Ghazaouet. Ce programme est le résultat d'une campagne de sensibilisation et de vulgarisation à travers toutes les daïras de la wilaya au profit des jeunes chômeurs, et ce, bien entendu, avec le concours des collectivités locales. Les vendeurs de poissons ambulants ont bénéficié d'un quota de neuf kits composés d'un caisson réfrigéré avec balance électronique, d'une table de travail, d'un casque de sécurité, de 3 caissettes et d'un parasol. Cette opération s'inscrit dans le cadre de l'amélioration des conditions de travail, d'hygiène et de salubrité des poissons. C'est une opération pilote dans la wilaya de Tlemcen. Elle sera généralisée à d'autres jeunes poissonniers ambulants qui souhaitent travailler dans de meilleures conditions. Quant à l'investissement de l'Etat et pour la prise en charge des préoccupations des gens de la mer, il y a eu la réhabilitation de la halle à marée au niveau du port de Ghazaouet, ainsi que la réalisation d'un centre de soins pour les pêcheurs au niveau du même port, un foyer pour les pêcheurs à Ghazaouet et un autre à Honaïne en cours de réalisation. De même, il a été lancé deux études pour la réalisation d'une halle à marée et une antenne de pêche au niveau du port de Honaine. A cela s'ajoute le programme de bonification des crédits au profit des professionnels de la pêche qui va être lancé incessamment. Le ministère s'est engagé à encourager la filière aquacole. Tlemcen dispose de potentialités dans ce domaine. Quel votre commentaire ? L'aquaculture marine et continentale, activité nouvelle en Algérie, est dotée d'un potentiel de croissance et de bénéfices économiques. Dans ce contexte, la sélection des sites est d'une importance vitale, puisque leur qualité et leurs caractéristiques sont essentielles aux performances de l'élevage et à la limitation de son impact sur l'environnement. La wilaya de Tlemcen dispose de deux zones d'activités aquacoles à Maârouf, commune de M'sirda, Fouaga, daïra de Marsat Ben M'hidi pour une Superficie de 14.719 m2, et une autre à M'khaled, commune de Beni Khelad, daïra de Honaïne pour une superficie de 4.442 m2. Un projet a vu le jour dans le cadre du PSRE (programme de soutien à la relance économique) à Agla. Il s'agit d'une ferme piscicole en cages flottantes d'un coût global de près de 250 millions DA qui aura une capacité de production de 600 tonnes/an. L'opération d'ensemencement des alevins a été effectuée en septembre dernier dans des cages flottantes. La production est attendue au cours de l'année 2016. Il est à signaler que trois autres projets sont en cours. Il s'agit d'un projet d'algoculture au niveau de la zone d'activités de Sidi M'Barek, commune de Beni-Boussaid, dont l'étude est déjà approuvée en attendant deux projets de pisciculture (loup et dorade) qui sont en cours d'examen par le Centre national de recherche pour le développement de la pêche et de l'aquaculture). Pour l'aquaculture continentale et dans le cadre de la campagne de la pêche continentale annuelle, nous avons procédé cette année à six opérations d'ensemencement pour un total de 307.000 alvins et larves de carpe grande bouche et black-abssau niveau des barrages de la wilaya. Un suivi régulier de cette opération est assuré par notre direction. Aussi il a été lancé, dans le cadre de la pisciculture intégrée à l'agriculture, un programme d'accompagnement périodique des fellahs pour le suivi des bassins d'irrigation ensemencés dans 3 exploitations agricoles au niveau de la région de Maghnia en 2009 par des alevins de tilapia rouge et gris et ceux ensemencés en 2013 par des larves de carpe commune au niveau de la même région dans 12 exploitations agricoles. Pour ce qui est de la pêche continentale, il a été procédé à l'attribution de deux concessions pour exploitation, au niveau des barrages de Sidi Abdelli et Boughrara. Les deux promoteurs ont enregistré une production annuelle de 13 tonnes. Et au sujet de l'environnement et la préservation de la Grande Bleue ? Dans le cadre du suivi des phénomènes de rejets polluants, une commission de suivi de la salubrité des milieux aquatiques, des établissements aquacoles et de la traçabilité des intrants composée de cadres de la direction de la pêche, de l'environnement et celle des ressources en eau a procédé à une série de sorties sur site pour établir une base de données de l'état actuel des rejets polluants afin de dresser un plan d'actions adéquat pour stopper la prolifération de certains rejets en amont des barrages et évaluer l'état d'avancement des projets initiés par nos partenaires pour pallier ce phénomène. Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention signée entre notre direction et l'Université de Tlemcen, nous avons proposé des thèmes relatifs à ce sujet et autres aux responsables des laboratoires de recherches pour les mémoires de fin d'étude des étudiants. Quelles sont les perspectives du secteur de la pêche dans la wilaya ? Dans le cadre de la mise en œuvre du programme « Aquapêche Algérie 2020 » qui a pour objectif de doubler la production halieutique d'ici 2020 avec une exploitation rationnelle de la biomasse et sa protection, permettant de générer des milliers de poste d'emplois, nous avons tracé un plan quinquennal. Celui-ci vise à réunir et améliorer les conditions socioéconomiques et techniques nécessaires au développement durable des actions et activités de la pêche et de l'aquaculture. En termes d'investissement, on projette la réalisation de 17 projets en aquaculture comme, par exemple, le centre de pêche continentale, une unité de fabrique d'aliment pour poissons d'eau douce, une ferme d'élevage de poissons d'eau douce en étangs. S'y ajoutent 31 projets en investissements d'accompagnement comme des projets d'acquisition d'un camion atelier, d'unité de conditionnement de produits de la pêche, d'unité de réparation navale, se basant sur les différentes sources de financement disponibles, telles que les institutions bancaires, les dispositifs d'aide de l'Etat et les fonds propres des investisseurs. Nous avons déjà commencé les préparations de la mise en œuvre des actions de ce programme à travers des journées de sensibilisation et la signature des conventions avec les secteurs partenaires afin de créer de bonnes conditions de collaboration avec les services qui ont une relation directe ou indirecte avec les activités du secteur. Avec la réalisation de tous les projets inscrits et proposés dans le cadre du programme quinquennal, il y aura lieu la création de postes emplois directs et indirects ainsi que l'augmentation de la production halieutique.
