Aussi loin qu'on remonte dans le passé, proche ou lointain, les enfants de Larbaâ Nath Irathen, une région montagneuse au sud-est de Tizi Ouzou, ont toujours apposé leur empreinte sur les événements et pesé sur leur déroulement. Des péripéties de lutte et de résistance ont tissé la trame de leur histoire. La bataille d'Icherridène, ultime acte de la résistance face aux troupes du général Randon, fut, en juin 1857, l'un de ces glorieux épisodes. Il suffit aussi de rappeler que la majorité des fondateurs de l'Etoile nord-africaine, née dans l'émigration au milieu des années 1920, dont il formait alors le gros du bataillon, étaient originaires de l'ex-Fort national. Si Djilani, Belkacem Radjef, ou plus tard Ali Laïmèche furent les pionniers du nationalisme avant de transmettre le flambeau à des patriotes comme Abane, Mohammedi Saïd ou Fernane Hanafi. Cet « arch » a, par ailleurs, toujours porté haut l'étendard de la culture. Des artistes comme Cheïkh Nouredine, Ahcène Mezani, dont le chanteur Idir, dans son dernier album, a dépoussiéré une chanson, a enfanté beaucoup d'artistes. Des hommes de lettres et du savoir ont contribué à la préservation, à la consolidation de la culture et des valeurs ancestrales. Le poète errant Si Muh U Mhand, Boulifa, Lechani Amar Ouyacoub et le maître du dkir Mokrane Agawa, pour n'en citer que quelques-uns, ont entretenu la flamme de la mémoire et de la recherche. Le flambeau a été repris ensuite par la génération de Rabah Uferhat, Dalil Omar, Belaïd, l'un des membres du mythique groupe « Tagrawla » et Zohra avec ses complaintes. « Après de nombreux hommages, pour ressusciter certaines de ces figures, il est de notre devoir de revenir sur l'ensemble de ces personnalités », a confié Amirouche Malek. « Au-delà des parcours des uns et des autres, il s'agit de restituer et d'animer les lieux qui sont les leurs, d'en faire des espaces de partage d'une mémoire commune », a ajouté cet infatigable animateur d'un café littéraire. Vaille que vaille, il continue d'inviter les auteurs et chercheurs à venir rencontrer le public. Tantôt à Tizi Ouzou et parfois à Larbaâ, « le café » a déjà accueilli Ali Haroun, Zohra Drif, Hamid Grine, Daho Djerbal, Belaïd Abane et d'autres. Selon lui, « les générations passées comme celle de Novembre 1954 capitalisent un capital humain à redécouvrir et à défricher ». Des tables rondes, des conférences animées par divers acteurs culturels (Belaïd Tagrawla, Omar Kerdja, Abdeslam Abdenour, l'universitaire Mohamed Arezki Chouiter) vont faire « revenir » ces personnages. Certains de ses invités ont publié des livres sur des aspects liés directement ou indirectement à cette ville perchée à plus de mille mètres d'altitude. La bibliothèque municipale, à deux pas de la statue d'Abane, abritera les activités les 8 et 9 janvier.