Ancien professeure de sports, Saliha Tennoune évoque dans cet entretien deux facettes du sport féminin. D'un côté le développement de la pratique et de la culture sportive chez l'Algérienne et de l'autre une école qui semble indifférente au sport. Vous êtes à la tête de l'Association nationale de promotion et de développement du sport féminin (ANPDSF) depuis 1996, estimez-vous que l'objectif d'inciter un grand nombre de femmes à pratiquer une activité sportive est atteint ? La pratique sportive chez la femme est en nette progression et va de pair avec le développement du sport en Algérie. Même si on n'affiche pas les 100 %, on a pu toucher et sensibiliser les régions les plus reculées du pays. Ceci se traduit par le nombre de pratiquantes qui est très encourageant dans le cadre du sport scolaire, dans le travail et même en milieu rural. Le rôle des non structurés est indéniable pour la promotion et le développement du sport féminin. Au niveau de l'Association nous comptons sur la récupération des filles inscrites dans les clubs spécialisés, pour les former davantage et les hisser au niveau de celles prises en charge par les ligues et dont le niveau est très appréciable. Les efforts déployés par le ministère et la contribution des directions de la jeunesse et des sports (DJS) dans les wilayas qui ont abrité nos manifestations sportives et tous les partenaires de l'ANPDSF, sont à saluer. Il faut savoir que plus de 13 wilayas disposent d'une association de promotion du sport féminin. Comment comptez-vous faire pour renforcer l'encadrement féminin afin de développer la pratique du sport ? L'encadrement, qu'il soit féminin ou masculin, ne se pose pas dans les grandes villes. Hormis certaines régions où la pratique du sport de la fille reste un tabou, la promotion et la sensibilisation menées ont donné leurs résultats. Mme Khelil, qui était au ministère, a beaucoup aidé au développement du sport féminin, celui de la compétition. Même des équipes de football ont été créées. A Béjaïa, lors du lancement de la création de l'équipe de la balle ronde, 800 filles s'y sont manifestées. Néanmoins toutes ces bonnes intentions de dynamiser le sport féminin n'ont pas profité à tout le monde. Les associations ayant contribué à la création des Clubs sportifs amateurs (CSA) bénéficieront d'un bonus de 20 %, ceci n'a pas été le cas à la section des filles. Selon vous le sport scolaire est-il pris en charge de manière à ce qu'il soit un vivier de sportives ? Hélas nous assistons à une baisse du sport scolaire en termes de temps et d'infrastructures et donc il ne peut jouer son rôle de vivier des futures athlètes. L'éducation physique reste confinée à deux heures de pratiques sportives et un coefficient 1. A cela s'ajoute le manque d'infrastructures. Pour ce qui est du cycle primaire, l'absence de formation et de recyclage des cadres, l'inexistence d'une relation entre la Direction des sports et celle de l'éducation ont contribué au recul du sport scolaire au niveau de ce palier. Estimez-vous que les médias jouent leur rôle dans la promotion du sport féminin ? Il est vrai qu'on n'accorde pas tant d'importance à la communication et il est rare de voir des matches de filles retransmis ou couverts par les médias. Mais le défi reste à relever. Aussi, je lance un appel à toutes personnes pour entrer en contact avec les fédérations de sports féminins. Comme je les convie à comprendre le rôle de notre association et lui prêter main-forte.