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« Mon roman est une autofiction »
Djamila Abdelli Labiod
Publié dans Horizons le 16 - 05 - 2016

Vous avez tardé quelque peu à publier votre premier roman, quelles en sont les raisons ?
« La Réglisse de mon enfance » est le rescapé de trois naufrages. Quatre contrats furent signés en bonne et due forme. J'ai résilié le premier car la maison d'édition a censuré des passages concernant des récits sur la femme. Le roman a été vidé de sa substance, pour être transformé en une histoire d'amour à l'eau de rose. Mais cela m'a été bénéfique et m'a permis de retravailler le roman. La deuxième maison d'éditions qui devait l'éditer a fait faillite, malheureusement. Le projet n'a pas pu aboutir. Il a été édité ensuite par les éditions Maârifa sous une première version, les milles exemplaires ont tous été vendus. Puis, j'ai fait une deuxième mouture, et j'ai dû galérer pour trouver un autre éditeur. Croyez-moi, c'est un véritable parcours du combattant... Et j'avais cru, toutefois, avoir trouvé un éditeur, cependant qui m'avait posé une condition : changer le titre. J'ai dû refuser car ce titre a pour moi une valeur sentimentale. La Réglisse de mon enfance évoque l'enfance, ses joies, ses amusements. Lorsque l'on devient adulte, on voit finalement son enfance comme un conte de fée, me semble-il. Le titre est aussi le lien symbolique que je veux garder avec mon pays natal, à défaut d'un lien juridique, mais je l'ai fait de manière inconsciente. Un élan du cœur. Et, enfin, les éditions Baghdadi ont accepté de me donner une seconde chance, en éditant le roman sous une nouvelle version. Permettez-moi, au passage, de remercier vivement Mohammed Baghdadi.
Lina, la narratrice, qui prend la parole dans votre livre, a eu un parcours semblable au vôtre. S'agit-il d'« une autobiographie masquée » ?
Il ne s'agit pas d'une autobiographie masquée car c'est une autofiction. L'autobiographie et la fiction s'imbriquent. Je suppose que j'ai dû, d'une certaine façon, utiliser l'autobiographie comme support au récit, étant ma première création littéraire. Mais pas que. Pour être honnête, je voulais sans doute à travers certains récits apporter des témoignages sur les différentes thématiques soulevées dans le roman. Dans la première mouture des éditions Maârifa, j'ai employé la troisième personne du singulier pour le personnage principal, Lina. On aurait pu dire, effectivement, que la partie autobiographique était une autobiographie masquée, une sorte d'auto-censure, malgré moi. Mais pour cette dernière mouture, où j'emploie le « je », j'assume entièrement la partie autobiographique, sans pour cela que
le lecteur puisse deviner où se situe la part autobiographique et la fiction.
L'amour tient une place importante dans votre livre mais il est vite supplanté par le torrent de souvenirs, de réflexions sur la société. A quoi obéit cette rupture dans le déroulement du récit qui laisse un goût d'inachevé ?
Peut-être que l'histoire d'amour n'était qu'un prétexte pour justement raconter la société, les ankyloses de la tradition, certains archaïsmes. Enfant, Lina voit des choses qui la bouleversent mais sans vraiment comprendre comme cette femme qui est répudiée n'a pas le droit de garder son enfant, car selon la tradition, pour les parents, dès lors que leur fille est répudiée, l'enfant est vu comme celui de l'homme qui l'a répudiée, mais plus le sien. Quand elle devient adolescente, ses souvenirs ont gardé leur charge émotionnelle, et elle décrypte enfin ce qui l'avait effrayée petite fille. Elle a peur de subir un jour le même sort. D'ailleurs, elle dit bien « gommer toutes ces formes qui me rendent femme, ne ressentant la sécurité qu'en étant petite fille ». En outre, elle fait un régime drastique, elle devient presque anorexique, et c'est à partir de ce moment qu'elle est sauvée par l'amour, car son idylle n'aime pas les filles maigres. Lina a peur de subir le même sort que ces femmes qui n'ont pas pu choisir leur idéal de vie ou suivre leurs aspirations.
Vous n'êtes pas la première romancière à défendre les droits de la femme, le sujet ne risque-t-il pas à la longue de charrier seulement des clichés ?
Je vous réponds, non. Un non catégorique. Parce que malheureusement, ces schémas existent encore dans notre pays. On oblige encore des jeunes filles à ne pas continuer leurs études, d'autres à épouser un homme qu'elles n'ont pas choisi. Le mot cliché est peut-être dans l'air du temps, mais croyez-moi, j'ai vu des jeunes filles avec un potentiel intellectuel fabuleux qui ont été obligées d'interrompre leurs études. Peut-être sont-elles des exceptions, je ne suis ni psychologue ni sociologue pour affirmer ou infirmer cette possibilité. Je ne défends pas les droits des femmes. Je n'ai pas cette vocation. Mon récit n'est pas un réquisitoire dans le but de défendre les femmes. Je fais juste un constat sur les difficultés que rencontrent les femmes dans leur vie, leur quotidien. J'ai le droit de me sentir directement concernée par ce qu'elles vivent, étant moi-même une femme. Car Lina, par exemple, elle a peur de devoir épouser un homme qu'elle n'aurait pas choisi, J'ai choisi une fin ouverte pour mon récit, pour donner la possibilité au lecteur d'imaginer sa propre conclusion, comme il la rêve, ceci pour donner de l'espoir. J'ai aimé ce commentaire cri de colère d'une ado, mais pas que, de révolte aussi. Ce roman m'a permis en quelque sorte de donner la parole à ma mère, à ces femmes, auxquelles la parole est confisquée.
Lina est écartelée entre ses identités. Où réside le salut sinon dans l'amour ?
Il n'y a pas de salut, l'identité est une chose, l'amour en est une autre. Le déchirement culturel, ou le déracinement subsiste en moi de manière définitive. Je dis moi, car les passages ou textes se rapportant au déracinement sont évidemment autobiographiques. Renoncer à ma première appartenance culturelle dans laquelle je me suis construite serait comme m'amputer d'une partie de ma personnalité ou de mon affectivité. Aimer mon pays natal, la France, ne m'empêche pas d'aimer et d'être fidèle à mon pays d'origine, l'Algérie. Cela ne s'explique pas, c'est viscéral. J'aimerais vous donner une illustration quant à tout ce chamboulement que ressent un déraciné. Vous savez combien il est important pour un enfant de nourrir son imaginaire. Petite fille, on me parlait de la fée, de la sorcière, du père Noël. J'y croyais comme tous les enfants de ce pays. Lorsque je viens en Algérie, à l'orée de la pré-adolescence, on me dit que tout cela n'existe pas, c'est déroutant pour un enfant. Faut-il se reconstruire une autre personnalité avec les nouveaux codes culturels. Oui, Lina assimile les nouveaux codes culturels, car elle ne veut pas être en porte-à-faux avec les valeurs traditionnelles transmises par son éducation. Cependant, sa première appartenance culturelle fera toujours partie du noyau de sa personnalité.


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