Le centre hospitalo-universitaire, Dr Benzerdjeb d'Oran, est le deuxième plus important établissement hospitalier du Pays. l est, en tout cas, avec l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, l'un des plus anciens centres hospitaliers d'Algérie. Mais là s'arrête la comparaison. Car le CHU d'Oran, qui a un rayonnement régional, puisqu'il est ouvert aux évacuations des malades des 14 wilayas de l'ouest, est plus un mouroir qu'un hôpital. Avec ses 54 services, il est censé être un hôpital complet mais cela n'est vrai que sur le papier. Car la réalité dit amplement les divers maux dont souffre ce mastodonte qui semble en panne de savoir-faire, de management, d'initiatives, voire d'idées tout simplement. Malgré son statut de centre universitaire, son aréopage de professeurs, de médecins spécialistes et autres personnels médicaux et paramédicaux, le CHU ne répond pratiquement plus, comme il le faisait par le passé, aux différentes exigences d'une prise en charge médicale totale et efficace. Il arrive souvent que des malades soient abandonnés à leur triste sort à cause de la déficience du service de radiologie, ou d'un simple manque de produits dans le laboratoire d'analyses. Les maux sont si variés et si importants que, dans le cadre des conventions avec l'Union européenne, une mission de spécialistes français est, depuis mercredi, sur les lieux pour faire un diagnostic des lacunes, blocages et autres «aberrations» qui l'empêchent d'accomplir convenablement sa mission de santé publique. Cette mission, composée d'experts en management – elle serait leader dans le domaine de la gestion des grands établissements hospitaliers, nous dit-on au CHU – a deux années et demie devant elle pour mettre le doigt sur les lacunes et autres obstacles qui empêchent l'hôpital de fournir un vrai service en matière de santé publique. Elle aura, ainsi, à passer au microscope les différentes étapes du processus médical qu'exige une réelle prise en charge médicale, afin de savoir pourquoi l'hôpital, malgré des budgets colossaux, son personnel médical et paramédical et ses nombreuses structures, ne fonctionne pas convenablement. Une fois le diagnostic établi, la mission, nous précise-t-on au CHU, fera des propositions pour mettre fin aux nombreux dysfonctionnements et enverra son rapport, vers la fin 2013, au département de Ould Abbès. Les Français sont surtout appelés à imaginer une nouvelle méthode de gestion, car celle en cours n'a jamais pu venir à bout des boulets qui entravent la marche de cet hôpital. On peut espérer que cette mission qui a été appelée à la rescousse par le ministre de la Santé soit à la hauteur pour trouver les remèdes qu'il faut afin de redonner vie à cet établissement qui reçoit, quotidiennement, quelque 8.000 malades dont de nombreuses évacuations des autres wilayas de l'Oranie. Une fois que les Français auront trouvé les failles techniques, administratives et de gestion, il restera aux Algériens à trouver les failles humaines. Et c'est là, le véritable os car la notion de service public dans nos hôpitaux est connue pour être un véritable casse-tête. Les remèdes pourraient se réaliser, notamment, par la formation médicale et la sensibilisation professionnelle qui laissent, souvent, à désirer d'autant que les personnels paramédicaux du CHU, pour ne citer que cet exemple, ne donnent que rarement l'impression qu'ils sont réellement au service du malade et non pas pour un salaire seulement. L'histoire récente du CHU d'Oran dit la détresse des familles des nombreux malades qui sont morts sur une civière faute de prise en charge par des personnels qui étaient, tout simplement, occupés à…discuter. A relever qu'en avril dernier, une mission anglaise était en place pour les mêmes motifs. Elle a dû battre en retraite tant les failles diagnostiquées relevaient de l'aberration.