Du temps de la guerre de libération, des Français comme Henri Alleg, Maurice Audin, ont été déjà torturés sauvagement pour s'être rangés du côté du peuple algérien en lutte pour son émancipation. Face à la torture des paras, le général de Bollardière a préféré le salut de son âme à la victoire déshonorante de son pays. Des intellectuels de renom, comme Sartre ou Alain Robbe Grillet, avaient signé, plus tard, le célèbre Manifeste des 121 en septembre 1960 prônant le devoir d'insoumission des appelés. Ce sont eux qui préservèrent un tant soit peu l'honneur du pays de Voltaire de s'entacher. Des citoyens français ont pris des risques en s'engageant dans les réseaux des porteurs de valises mis en place par Francis Jeanson. Aujourd'hui encore, des voix s'élèvent pour pointer du doigt la colonisation. Pour Henri Alleg, «des films comme celui de Rachid Bouchareb sont nécessaires». «Le fait que des problèmes soient posés, qu'on en parle et on polémique dessus cela permet d'élargir la réflexion et d'aller au fond des choses», a-t-il dit. N'oublions pas que c'est une levée de boucliers d'historiens français en mars 2005 qui avait alerté sur les effets nocifs de la loi du 23 février. Gilbert Meynier, Lucette Valensi et d'autres avaient dénoncé «le mensonge officiel sur des crimes, des massacres allant parfois jusqu'au génocide». L'historien français Gilles Manceron est catégorique dans la polémique sur le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Leurs pressions sur les chaînes de télévision ou le Festival de Cannes contre ce film sont inadmissibles. Ce que ces gens reprochent au film c'est d'aborder des sujets qu'on a trop longtemps maintenus dans l'ombre. La France a certes eu des tortionnaires comme L Pen, Massu. Elle a produit aussi Germaine Tillion, André Mandouze, Pierre Vidal Naquet qui, fidèle à l'esprit de la résistance française, a dévoilé dans des œuvres les méthodes abjectes de l'armée française Et pour la première fois, le 65e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 a été commémoré samedi à Montpellier. Organisée par l'Association des Algériens du Languedoc-Roussillon, cette manifestation a été marquée par la projection suivie d'un débat, du film documentaire L'Autre 8 Mai 45, en présence d'un public nombreux. Cette rencontre a permis d'évoquer le courage et la bravoure dont ont fait preuve les soldats algériens qui ont participé aux côtés des forces alliées à la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale. Leur nombre s'élevait à près de 150.000, selon les chiffres avancés lors de cette soirée. «Ces combattants algériens nous ouvraient la voie. Ils étaient toujours en première ligne», a rappelé une ancienne combattante. Un autre témoin a souligné que «les Algériens étaient de redoutables guerriers qui ne reculaient pas devant la mort». Dans la déferlante haine qui souffle sur la France, ces voix lucides et courageuses sauvent aujourd'hui l'honneur d'un pays qui rame à contre courant de ses principes.
