Dégradant n Les femmes des quatre coins du pays se dirigent vers les hôpitaux de la capitale pour accoucher. Elles sont nombreuses à être placées à même le sol… Ce samedi au service de néonatalogie du CHU Mustapha-Pacha d'Alger, le décès d'une femme des suites d'une complication de césarienne, dans la nuit, a bouleversé tout le personnel. Précédant notre arrivée de quelques minutes, exactement à 10h, le frère de la défunte tente d'avoir plus de détails sur les circonstances de son décès ne manquant pas de se plaindre que des agents d'accueil l'avaient empêché de voir sa sœur juste avant sa mort sous le prétexte qu'elle se trouvait au bloc opératoire. «Je vais les poursuivre en justice. Ma sœur n'avait aucune maladie», martèle-t-il. Cette femme de 26 ans, habitant à Alger, n'était en effet ni cardiaque ni diabétique, selon des sources sûres. Elle ne souffrait d'aucune maladie. «Elle est morte dans des circonstances dramatiques. Je ne connais pas les faits exacts en raison de la confidentialité des informations médicales. Mais je lui ai parlé une demi-heure avant sa mort et elle se plaignait de douleurs insoutenables», nous confie un infirmier. La mauvaise qualité des soins, qui se mesure au nombre d'admissions et au nombre de décès enregistré par an, serait, selon des avis, directement liée au manque d'infrastructures face à l'afflux de malades des 48 wilayas. Une seule salle pour plus d'une quinzaine d'accouchements par jour est très courant dans nos hôpitaux où les conditions d'accueil sont de plus en plus déplorables. Très souvent, les femmes n'ont pas de lit, installées à même le sol, même pas sur une chaise, en attendant que la salle d'accouchement soit moins encombrée. Ces femmes quittent l'hôpital juste après l'accouchement. C'est la seule solution qui a été trouvée pour parer au manque de lits, selon certains agents médicaux interrogés à ce sujet. Nouredine, un père de famille, confie avoir l'intention de sortir sa femme le plus tôt possible du service où elle se trouve : «Après avoir accouché par césarienne, elle a passé la nuit par terre !» s'indigne-t-il. «À 13h, l'heure des visites, des femmes quitteront certainement l'hôpital. Et c'est seulement à ce moment-là que votre femme pourra occuper un lit.» Ces mots d'un assistant du bloc opératoire ne semblent pas rassurer Nouredine, très inquiet. Il attend à l'entrée du service pour avoir plus d'explications. «Voilà pourquoi nous refusons d'accepter les malades... C'est pour éviter la surcharge et pour ne pas tomber dans ce genre de situation. Voilà c'est tout ! Mais les citoyens refusent de comprendre. Et nous ne supportons plus le tapage nocturne de cet hôpital !», se désole un assistant médical. «Ma femme a eu une place grâce à l'intervention de ma tante qui a fait pression sur une de ses connaissances dans cet hôpital», a témoigné un homme d'Alger. Le comble est que ce genre de situation est devenu très fréquent dans tous les services hospitaliers. «Cela vous surprend ? Il faut pourtant avoir des connaissances pour régler votre problème à l'hôpital.», nous a révélé, Mohamed d'Alger, qui est venu rendre visite à sa femme. «Hier, à l'hôpital de Aïn Taya, j'ai assisté à un accouchement en plein air, où c'est la belle-mère qui a été la sage-femme. Sans son aide, le bébé serait mort», a témoigné un père de famille.