Charge n La facture d'importation du médicament pèse lourdement sur l'économie nationale. Une situation qui renseigne sur le degré de fragilité d'un créneau sensible pour la santé publique. De 500 millions de dollars en 2000, cette facture est arrivée à près de 2 milliards de dollars en 2008. En 2010, le marché algérien du médicament représentait 0,2 % du marché mondial. Aujourd'hui, on parle d'une cagnotte de 2 milliards de dollars consacrée à l'importation de médicaments. A ce jour, ce marché, objet de toutes les convoitises, est alimenté à hauteur de 70% par les importateurs, la production nationale ne représentant que 30%. Pour juguler et inverser cette tendance, les autorités publiques ont décidé dans un premier temps d'interdire l'importation de 300 produits pharmaceutiques et ce, dans le but exclusif de promouvoir et d'encourager la production nationale. Cette interdiction pourra, dans un proche avenir, s'élargir et toucher près de 800 médicaments sur plus de 5 400 produits vendus sur le marché. D'ailleurs, même le président de la République a souligné à maintes reprises la nécessité de promouvoir la production nationale dans le cadre du plan quinquennal du développement 2010/2014 afin d'atteindre une autosuffisance en produits pharmaceutiques. En outre, le ministère de tutelle s'est fixé pour objectif d'atteindre une couverture en médicaments de la production locale de l'ordre de 70% à l'horizon 2014/2015. Un véritable défi ! Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo), pour sa part, a exprimé plusieurs fois son souhait de voir la production nationale de médicaments soutenue par les pouvoirs publics. Le Snapo considère, en effet, que la solution aux problèmes des pénuries récurrentes réside dans l'encouragement de l'investissement national et dans le soutien indéfectible des producteurs locaux. Ce syndicat voit en la création d'une centrale d'achat du médicament une solution à la crise des ruptures des stocks et des pénuries. Cette centrale s'occuperait de l'approvisionnement pour les périodes transitoires quand une pénurie est déclarée. «La meilleure solution est d'encourager notre industrie nationale et d'augmenter ses parts de marché en améliorant l'environnement dans lequel elle évolue», a affirmé le Dr Mellah de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop). Cependant, les professionnels du médicament insistent sur pas mal d'obstacles. Ils notent l'existence de lourdeurs administratives et bureaucratiques qui freinent l'investissement local. Ainsi, il est mis en exergue la nécessité d'une mise à niveau et une adaptation de la réglementation régissant ce secteur, afin «d'intégrer la notion de la responsabilité pharmaceutique au titulaire de la décision d'enregistrement, qui doit être basé en Algérie». Les professionnels voient aussi la nécessité de réserver l'importation des médicaments aux établissements pharmaceutiques.