Ecriture - Les ailes de la reine est un hymne à l'art, à sa beauté et à sa poésie. Les ailes de la reine est un roman signé Waciny Laredj, paru aux éditions Alpha. Dans ce roman, d'une écriture aussi bien poignante qu'exubérante, audacieuse et entreprenante, dense et poétique, au style délicat et caractéristique, est construit à travers Myriam. Celle-ci, une danseuse d'opéra, fait face au fanatisme religieux qui muselle toute expression artistique, qui voile la beauté de l'art. L'on est à Alger, dans les années 1990. Ainsi, l'auteur revient sur cette période de l'histoire de l'Algérie, sur ces moments difficiles vécus par les artistes. C'est aussi pour montrer qu'à travers les horreurs infligées à la société, il reste l'art, l'expression du bonheur, dans lequel il est possible de se réfugier. Le lecteur dès sa rencontre avec Myriam, en est épris – ce n'est pas de l'amour ou une sorte de sentiment fantasmatique, mais de l'attachement. En effet, ce personnage s'avère attachant. L'on est aussitôt pris, au fil des pages, des rencontres et des expériences, par «sa sensibilité, sa sensualité, sa ténacité». Myriam est plus qu'un personnage – un être de papier. Elle est «le symbole d'une civilisation luttant contre son ensevelissement sous les imprécations et les interdits obscurantistes». Elle est attachante parce qu'elle représente la liberté, celle du corps et du mouvement. Myriam est aussi un personnage attachant parce qu'il porte en lui les blessures à la fois physiques et psycho-pathologiques de l'Algérie : c'est toute la société algérienne qui se dévoile à travers elle. Cette femme est passionnée d'art. C'est un personnage à forte personnalité, bien déterminée à aller de l'avant, jusqu'au bout de ses rêves, de se concrétiser dans ses actions. Ainsi, elle persiste à se jeter à corps perdu dans son métier de danseuse, parce qu'elle ne peut pas répondre à l'appel des planches et ce, en dépit des obstacles et des intimidations des intégristes religieux, dont l'influence ne cesse de grandir à Alger. Autrement dit, Myriam, qui est l'incarnation de l'art, et avec la force de son caractère, décide d'aller jusqu'au bout de ses convictions. Entravant l'interdit et surpassant sa peur, elle va danser, laisser son corps se mouvoir librement et ce, tout en sachant que le prix à payer est fort, à savoir sa vie. Force est de constater que ce roman, qui s'illustre dans une écriture à la fois décalée et bouleversante, est «une belle leçon de courage, à la gloire des femmes». Il est aussi un hymne à l'art, à sa beauté et à sa poésie. Chaque chapitre, chaque moment du roman est «une émotion incandescente». Par ailleurs, le roman s'organise comme un plaidoyer pour la culture, la tolérance et contre l'arbitraire et l'extrémisme ou le fanatisme : «Il nous fait partager des destinées individuelles écrasées sous le poids d'une destinée collective, celle du peuple algérien.»