Débat - Une conférence portant sur le thème «Transition postcoloniale et stratégie de développement» a eu lieu, hier, en marge du 17e salon international du livre d'Alger. Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui connaît de profondes mutations, notamment après les attentats du 11 septembre. Cet événement a marqué une rupture, une fracture, un nouveau tournant pour toutes les régions du monde, changeant ainsi la donne et inscrivant en conséquence le monde dans une nouvelle réalité. Tous ces changements, connus depuis la 1re guerre du Golfe et accélérés au lendemain de cette date fatidique, ont donné lieu à de nouvelles dynamiques sans cesse conflictuelles pouvant aboutir à des situations gravement problématiques. Certains politologues et sociologues pensent que ces événements ont fait entrer le monde dans une ère «post-coloniale». Dans son intervention, la sociologue algérienne, Fatma Oussedik, a expliqué que pour ce qui la concerne la notion de postcolonial est «un imaginaire politique qui met en évidence des rapports qui perdurent», c'est-à-dire les rapports liant l'ancien colonisé à l'ancienne puissance coloniale. Et «cet imaginaire travaille le réel et définit notre statut», a-t-elle dit, et d'ajouter : «Cet imaginaire est imprégné d'idéologies, il cache des logiques matérielles, des intérêts où de graves crises éclatent pour leur maintien.» Autrement dit, les pays anciennement colonisés restent subordonnés – et le plus souvent – à la solde des «ex-colonisateurs» qui leur imposent la conduite à tenir, aussi bien sur le plan politique qu'économique. Ainsi, le terme postcolonial est une autre redéfinition de la colonisation. Il est en fait un prolongement du colonialisme, mais autrement et implicitement, sous des aspects pernicieux. Pour sa part, Nadji Safir, sociologue algérien, s'est dit s'inscrire contre la problématique postcoloniale. Car pour lui, «elle est réinscrite dans une nouvelle problématique, celle de la mondialisation», a-t-il dit. Le Français Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), a estimé qu' il «faut tourner la page et parler plutôt de post postcolonial», c'est-à-dire après la fin de la guerre froide, l'on assiste à une redéfinition des cartes, un rééquilibrage de l'échiquier mondial, en y ajoutant d'autres pays, comme l'Afrique du Sud, la Chine, le Brésil... «Il s'agit en d'autres termes de pays émergents». «Ces pays, les nouveaux concurrents de l'Occident, s'affirment politiquement», a-t-il souligné. Eux aussi ont des valeurs, aussi bien universelles que celles prônées par la civilisation occidentale, par lesquelles ils cherchent à s'imposer dans le concert des nations. Makoto Katsumata, spécialiste japonais en économie politique internationale regrette, pour sa part, que le monde d'aujourd'hui soit un monde façonné par une mondialisation sauvage, qu'il soit un monde où «le fort mange le faible».