Galère - Après avoir passé son temps à demander des renseignements, attendu pendant des heures dans les couloirs pour être enfin reçu dans le service, le médecin vous enverra systématiquement faire des analyses à l'extérieur et des radios chez un confrère de son choix. Rares sont les Algériens qui, en cas de «pépin» de santé vont directement à l'hôpital. Sauf quand leur cas nécessite une admission d'urgence. A la moindre grippe sérieuse, surtout quand elle les terrasse et qu'ils sont obligés de garder le lit, les Algériens vont rarement dans un centre de soins ou une polyclinique et préfèrent consulter un médecin et de préférence un spécialiste. La raison en est simple : le privé, s'il coûte cher, a au moins l'avantage de passer un peu plus de temps avec les malades pour établir le bon diagnostic, le conseille, l'oriente et souvent le suit jusqu'à la guérison totale. A l'hôpital en revanche, c'est le moulin, on ne sait qui est qui, qui doit opérer, qui doit diagnostiquer, qui est habilité à recevoir. En outre, certains praticiens ne sont jamais à l'heure et quelquefois même jamais à leur poste. L'examen clinique est généralement superficiel et bâclé. Il faut faire la chaîne pour voir un spécialiste, la queue pour trouver la bonne porte et la bonne personne qui va avec. Après avoir passé son temps à demander des renseignements, attendu pendant des heures dans les couloirs pour être enfin reçu dans le service, le médecin vous enverra systématiquement faire des analyses à l'extérieur et des radios chez un confrère de son choix. Bref vous n'êtes pas plus avancé qu'au départ. C'est pourquoi, pour éviter ce genre de situation où ils ont l'impression de faire du surplace, de nombreux patients optent dès le départ pour le cabinet privé. Cela coûte cher mais au moins, ils ne se battront pas contre des portes closes, des couloirs vides et des abonnés absents avec en prime le stress en moins. Mais cette satisfaction n'est hélas que de courte durée dans la mesure où les ordonnances qui sont délivrées, par un secteur ou par un autre, sont dans la plupart des cas dépassées. Et pour cause : un médicament sur trois a été supprimé de la nomenclature et se trouve rarement dans les pharmacies. Alors commence un autre calvaire. Toutes les officines de la ville et de la périphérie sont passées au peigne fin par le malade. On tente sa chance dans les wilayas limitrophes et quand il n'y a plus d'espoir on fait alors appel aux cabas, à l'étranger, à ces pharmaciens qui ont la chance d'aller souvent en France pour ramener à leurs clients ce qu'ils ont du mal à avoir sur place. Et malheur à vous si votre téléphone est en dérangement. Il ne vous sera rétabli qu'après bien des réclamations et beaucoup de démarches soit après 2 mois d'attente. Et que dire alors des administrations qui vous font tourner en bourrique pour le moindre document ? Cette pagaille ajoutée à tous les soucis de la vie quotidienne ont rendu l'Algérien nerveux, agressif, malade de son stress. Mais tout le monde y est pour quelque chose dans cette situation, et personne n'est innocent. L'impasse Pour évacuer le stress, il n'y a qu'une seule recette, paraît-il : prendre du repos, changer de décor, décrocher momentanément ou oublier ses problèmes. Cela en théorie. En pratique, c'est une autre paire de manches parce que pour décrocher ou aura toujours le même décor et donc la même pression et pour oublier ses problèmes, il faudrait être sacrément amnésique. Même le repos consommé dans le même décor ou dans un décor différent ne fera que déplacer les problèmes avec tout juste un peu moins de pression. Bref, c'est le poisson qui se mord la queue.