InfoSoir : Le ministre de l'Education veut rappeler les retraités pour pallier le manque d'enseignants. Pensez-vous que cela pourrait résoudre le problème ? Meziane Meriane : La source du problème est que le ministère de tutelle ne recrute pas assez d'enseignants. Nous avons l'impression que l'Algérie est toujours sous le joug du FMI. Pourquoi faire appel aux retraités, alors que des jeunes diplômés de nos universités souffrent du chômage ? Il faut plutôt recruter ces diplômés et leur dispenser une formation psychopédagogique pour régler le problème de manière définitive. Et puis, les retraités vont servir une année ou deux au maximum, et ça ne constitue nullement une solution. Pourtant, le ministère a recruté 15 000 enseignants avant le début de l'année scolaire, un nombre qui s'est avéré insuffisant. Un commentaire ? Il fallait prendre en compte le nombre d'enseignants qui partent à la retraite et les besoins supplémentaires avant de lancer des campagnes de recrutement. Sans cela, nous n'arriverons jamais à combler le vide qui est enregistré en permanence. Le manque est constaté dans les mathématiques et les langues étrangères et il faut faire de véritables statistiques et agir en conséquence. Cette gestion au jour le jour, sans aucune planification, ne fait qu'aggraver la situation. Le manque d'enseignants est aussi à l'origine de la surcharge des classes... Cette année, il y a des classes de 45 élèves. Sincèrement , c'est une catastrophe. Le nouveau ministre ne peut résoudre le problème que s'il dispose d'un véritable diagnostic et de toutes les données nécessaires. Il faut aussi mettre un terme à cette politique de réduction des dépenses et ouvrir des postes budgétaires à même de répondre au besoin d'encadrement de l'ensemble des élèves. Cette situation peut-elle se répercuter négativement sur les résultats des examens de fin d'année ? Les résultats seront de loin inférieurs à ceux de l'année passée, si on ne triche pas. Une évaluation sérieuse de cette réforme du système éducatif s'impose pour pallier toutes les défaillances, car ça fait quelques années que le niveau des élèves patine. L'Algérie qui se classait première aux Olympiades de mathématiques dans les années 70 est aujourd'hui la dernière ! Il ne faut pas faire dans la démagogie, mais faire une évaluation correcte pour les élèves. Que compte faire le Snapest face à cette situation ? La protestation est inévitable, vu l'impact sur les primes du Sud et l'application du nouveau statut erroné, en sus de la pression causée par la surcharge des classes. Aucun parlementaire n'a parlé des lycées en construction depuis 2003-2004 et dont les travaux ne sont pas achevés à ce jour. Ici, une enquête parlementaire s'impose car il s'agit de sabotage et de corruption. (*) Porte-parole du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest)