Point de vue - La danse, même si elle se dit dans un langage contemporain, se révèle un domaine où les croyances et traditions africaines sont convoquées. L'art africain, même s'il est moderne, s'inspirant davantage d'une contemporanéité de plus en plus exigeante et rigoureuse – puisqu'elle fait appel à l'imagination, donc à l'innovation – reste, cependant étroitement et indiscutablement attaché à l'authenticité, donc à une ancestralité avérée. Que ce soit en peinture (ou autres domaines de la création artistique tels que la sculpture, le design...), en musique, en littérature, en cinéma, l'art s'exprime invariablement dans le langage local même s'il est d'apparence contemporaine. Les artistes s'adonnent à la création tout en faisant référence au patrimoine aussi bien matériel qu'immatériel. La danse, même si elle se dit dans un langage contemporain, se révèle un domaine où les croyances et traditions africaines sont convoquées. «L'art en Afrique est érigé sur le patrimoine, toute son inspiration y est puisée d'une façon créative et dans un langage approprié à notre vécu, c'est-à-dire que le patrimoine est adapté à la réalité présente sans pour autant dénaturer ce dernier ou le déformer», dira Diarra Igo Lassana, directeur artistique de la compagnie malienne Medina Art dance, et d'insister : «Donc, bien sûr, le patrimoine, matériel ou immatériel, intervient de manière évidente dans la création. Il la nourrit absolument. Et ce serait dommage de voir une telle richesse et de ne pas l'exploiter.» Ainsi, le recours au patrimoine permet, à l'évidence, de créer des choses, d'alimenter et de stimuler le sens de la création et de l'inscrire dans une dynamique sans cesse renouvelée. A la question de savoir quelle place la danse contemporaine occupe en Afrique et, plus précisément, au Mali, Diarra Igo Lassana répondra : «La danse contemporaine commence à faire son chemin. Il y a beaucoup de mue, des jeunes qui s'adonnent à cette pratique, une discipline enseignée dans les conservatoires. Il y a une scène nationale – et même africaine. Il y a plusieurs compagnies qui commencent à émerger.» Diarra Igo Lassana, pour qui la danse est «le rêve, la dextérité, la souffrance, le bonheur, l'exaltation, voire tout simplement la vie», soutient alors que l'art chorégraphique a beaucoup de poids actuellement au Mali. S'exprimant sur la compagnie Medina Art dance, Diarra Igo Lassana dira : «C'est un collectif, constitué de jeunes talents, soucieux de mettre ensemble une synergie commune. Les synergies se confondent dans une extraordinaire fusion.» - L'art chorégraphique pratiqué en Afrique raconte ce continent, son histoire et sa mémoire. La pièce chorégraphique devient, l'instant de la représentation, un récit où le corps devient un réceptacle d'histoires, celles d'hier et d'aujourd'hui. L'art est un moment de rencontre, de partage, de divertissement. C'est aussi un moment de réflexion. D'où la question : la danse, qui est par conséquent un art, véhicule-t-elle un message ? «La danse permet absolument de faire passer un message», soutient Diarra Igo Lassana, et de renchérir : «C'est grâce à l'art que l'on peut dire des choses, c'est grâce à l'esthétique que l'on peut justement faire passer des messages de manière plus intelligente et sans heurter. La réussite d'une création chorégraphique serait donc la fusion de l'esthétique avec la portée du message. Tout est impliqué. La chorégraphie est en soi un message.» Mais est-il utile ou nécessaire de chercher à vouloir comprendre ce que veut dire un mouvement, un jeu corporel ? A cette question, Diarra Igo Lassana répondra : «Bien sûr, en fonction du centre d'intérêt du chorégraphe. Il est vrai que, pour moi, l'essentiel du jeu, c'est le corps, c'est son mouvement, son expression. Mais c'est toujours mieux de véhiculer à cette expression corporelle une expression spirituelle.»
