Constat - Le travail d'enquête et de statistiques publié récemment par le Ciddef confirme la dégradation de la situation des femmes et les discriminations dont elles sont victimes. S'il y a un fait sur lequel s'accordent tous les sociologues et observateurs, c'est bien ce changement profond qu'a vécu la société algérienne pendant la décennie noire. Une mutation pas du tout favorable à la femme qui a vu sa situation se dégrader et les discriminations, toutes formes confondues, à son encontre s'aggraver. Une conclusion trop hâtive diront certains. Mais le travail d'enquête et de statistiques publié récemment par le Ciddef confirme cette triste réalité au grand dam des défenseurs des droits de la femme. La différence est criante «en matière de création de PME et d'accès au crédit bancaire». Il en est de même pour le droit à la garde des enfants accordé à la mère en cas de divorce. Ce droit peut être, tout simplement, déchu si celle-ci souhaite se remarier. Une aberration et une injustice, déplorent certaines associations qui évoquent, à cet effet, d'autres cas de discrimination notamment la loi sur la représentation judiciaire de l'enfant mineur. Celle-ci revient, selon la législation algérienne, au père car «ceux qui ont élaboré cette disposition pensent que ce droit n'est pas partageable. Il doit revenir au père sous prétexte que c'est lui qui nourrit la famille», explique le Ciddef. Par ailleurs, le problème de la filiation ne semble toujours pas trouver son épilogue. Le législateur parle de preuves scientifiques pour, essentiellement, les mariages valides sans faire aucune référence aux femmes ayant eu des enfants hors mariage et dont le nombre est en constante croissance. Une hypocrisie qui ne règle en rien le phénomène bel et bien réel des mères célibataires, ni celui des milliers d'enfants nés sous X. Par ailleurs, si certaines femmes arrivent à accéder à des postes de responsabilité, elles demeurent minoritaires dans les postes de décision. Autre forme de ségrégation dont on parle, peu souvent, est celle liée aux comportements de quelques enseignants dans nos écoles qui, consciemment ou inconsciemment, compromettent le développement du respect mutuel entre les élèves des deux sexes et ce, à travers des activités imposant des rôles, souvent figés, à la fille et au garçon. «Cette discrimination stigmatise et porte atteinte à la dignité de la personne», déplore, à ce sujet, le Ciddef. Le garçon ou la fille voit dans ce genre d'attitude «son identité réduite à la catégorie d'un groupe dans une logique d'exclusion», expliquent les psychologues. Ces situations et bien d'autres ne peuvent que favoriser la violence physique, psychologique, juridique, voire socioéconomique à l'égard des femmes, avertit le Ciddef. Inutile de rappeler, dans ce cadre, que les groupes les plus affectés par ces discriminations sont les femmes en situation de précarité. Les lois et amendements apportés aux différents textes réglementaires régissant les droits des femmes restent donc tributaires d'un changement de mentalités et de comportements. Mais malgré tout ça, ce serait faire preuve de mauvaise foi que de ne pas citer les progrès enregistrés dans l'accès des filles à l'éducation et les amendements positifs apportés au code de la famille, au code pénal, notamment en ce qui concerne le harcèlement sexuel et la loi sur la nationalité.