L 'ONG internationale de défense des droits des femmes Equality Now (égalité maintenant) vient de lancer trois campagnes de lutte contre la traite des petites filles au Maroc, en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis. Elle a appelé les militants des droits des femmes à agir rapidement pour mettre un terme à ces graves violations. Basée à Londres, l'ONG Equality Now vient de lancer trois campagnes de lutte contre la traite et le mariage précoce des petites filles au Maroc, en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis. La première vise à pousser le gouvernement marocain à «adopter rapidement et mettre en œuvre (…) les réformes du code pénal afin de supprimer toute discrimination fondée sur le sexe». Ces réformes, ajoute-t-elle, à la suite d'une précédente campagne menée avec ses partenaires marocains visent à «mettre un terme à l'exemption de peine pour les violeurs qui épousent leur victime» et qui a poussé le ministère marocain de la Justice et des Libertés à approuver et annoncer «un projet d'amendement de cette disposition et de celle contenue dans le code de la famille qui autorise un juge à approuver le mariage d'une mineure». Pour Equality Now, si elle avait été appliquée, «cette réforme aurait pu protéger Amina Filali, 16 ans, qui s'est suicidée après avoir été forcée d'épouser son violeur, et Safae (15 ans) qui, après avoir été violée et être tombée enceinte, aurait été contrainte à épouser son violeur pour ‘sauver son honneur'». Cela constituera «un pas dans la bonne direction et empêchera d'autres décès et violations des droits des femmes et des filles». L'ONG précise qu'«au moment où elle faisait campagne pour Amina Filali, qui s'est donnée la mort après avoir été obligée d'épouser son violeur, une autre adolescente, Safia, tombée enceinte à la suite d'un viol, a été sommée par le juge d'abandonner les poursuites contre son violeur avec lequel elle était forcée de se marier pour préserver son ‘honneur'». Pour Equality Now, le gouvernement marocain doit faire en sorte que «les filles n'aient pas à subir un sort similaire». Dans son appel lancé jeudi dernier, l'association recommande à tous les militants des droits de l'homme et aux associations d'écrire aux autorités marocaines, leur demandant «de mettre fin à la discrimination à l'égard des femmes en mettant rapidement en œuvre les modifications proposées et d'assurer la protection contre la violence». Détresse des filles Dans le même sillage, Equality Now a lancé une autre campagne contre le mariage forcé des petites filles saoudiennes, suscitée par l'affaire de Fatima, âgée de 12 ans. Cette petite Saoudienne «avait été vendue en mariage à un homme de 50 ans déjà marié et père de dix enfants. En tant que tuteur masculin de Fatima et en vertu de la loi saoudienne, son père avait le droit de la marier à tout âge et à qui il voulait. Six mois après le mariage, elle a cependant bravé les normes sociales et fui le foyer familial, refusant de retourner chez son mari et effectuant une demande de divorce. Avec le soutien de son oncle et d'Equality Now, elle a finalement obtenu le divorce en février 2013. Fatima a, malgré son jeune âge, fait preuve d'une grande détermination et de force de caractère, mais elle subit des souffrances psychologiques et émotionnelles et a honte de sa situation. Elle ne souhaite plus poursuivre ses études et estime que, en tant qu'enfant divorcée, elle ne dispose plus d'opportunités pour participer à la société». Pour l'ONG, l'histoire de Fatima illustre «la détresse de millions de filles de par le monde mariées de force alors qu'elles ne sont que des enfants (…). En dépit des graves conséquences physiques, émotionnelles, psychologiques, intellectuelles et sexuelles sur les enfants, les mariages précoces et forcés continuent d'être répandus. Ils violent les droits fondamentaux des filles en les excluant des décisions quant au choix du conjoint et au moment du mariage. Elles peuvent être caractérisées par une brusque initiation aux relations sexuelles, souvent avec un mari qui est beaucoup plus âgé et presque inconnu. Les grossesses précoces comportent des risques importants pour la santé : au niveau mondial, les décès liés à celles-ci constituent la principale cause de mortalité chez les filles de 15 à 19 ans. Le mariage précoce compromet aussi le droit des filles à l'éducation». L'ONG félicite la proposition introduite le 8 avril 2013 faisant état «de nouvelles réglementations qui fixeraient l'âge minimum du mariage à 16 ans tout en le laissant possible pour les moins de 16 ans dans le cas où il y a l'approbation de la fille et de sa mère, si la mère est divorcée, l'approbation d'un tribunal matrimonial désigné en cas où la demande est introduite par un tuteur masculin». Aux Etats-Unis, notamment à New York, après l'histoire de Ruth, âgée de 12 ans, l'ONG a dénoncé la traite des petites filles. «Ruth a été violée par le petit ami de sa mère, puis contrainte à des relations sexuelles tarifiées par son copain plus âgé. En raison de lacunes dans la législation anti-traite de l'Etat de New York, le proxénète et les ‘clients' n'ont pas été tenus responsables.» D'innombrables filles sont, comme Ruth, victimes de traite sexuelle à des fins commerciales, mais sont considérées comme des criminelles. Pourtant, même s'ils commettent des crimes, les proxénètes et les clients de ces filles sont rarement tenus pour responsables. En 2011, trois fois plus de femmes et de filles que de proxénètes et clients ont été arrêtées pour prostitution à New York. Le crime de traite de personnes est considéré comme un délit «non violent». L'ONG exige que «des sanctions contre l'achat de relations sexuelles avec un(e) mineur(e) soient les mêmes que celles pour détournement de mineur, que la législation anti-traite de l'Etat de New York soit mise en conformité avec la loi fédérale en supprimant la nécessité pour les procureurs de prouver que les mineures victimes de traite ont été contraintes à pratiquer des activités sexuelles, et que toute personne prostituée de moins de 18 ans soit considérée comme victime de traite».