Résumé de la 80e partie - Marcelle explique à Mme Boitard le procédé à utiliser pour l'ablation du sein... Elle me regardait, affolée, incapable de parler... J'en profitai pour enfoncer encore dans son esprit ce que je voulais y voir ancré pour le restant de sa vie : — Bien entendu, ce que je vous explique là restera strictement confidentiel. Je ne pense pas que vous teniez à ce que maître Boitard, qui vous aime tant, soit mis au courant ? — Oh ! surtout pas ! — Ni lui... ni personne d'autre ?», ajoutai-je en pensant à son amant. Mais elle ne me répondit pas. Je terminai : — Maintenant c'est à vous seule de décider si vous acceptez l'ablation du sein. Tout autre traitement serait illusoire. «... Je venais de la mettre exactement dans la même situation que celle que j'avais connue dans le cabinet de Berthet. La seule différence venait de ce que mon mal à moi était réel. Elle finit tout de même par demander : — Ne croyez-vous pas, mademoiselle Marcelle, que je pourrais tenter un autre traitement avant de me laisser opérer ? — L'ablation sera pour vous le seul remède radical. Il se passa alors une chose prodigieuse qui me combla d'aise : la belle Mme Boitard, cette femme fière et orgueilleuse de son académie, cette femme sur le passage de qui tout le monde se retournait dans la rue, cette femme élégante et parfumée, cette femme éclata en sanglots... La crise fut terrible et confina par moments à l'hystérie. Je dus lui appliquer une serviette mouillée sur son visage brûlant, l'obliger à rester dans son fauteuil en employant toute ma force pour éviter qu'elle ne sortît comme une folle dans la rue, m'agenouiller auprès d'elle en faisant semblant de la raisonner avec douceur : — Voyons, voyons ! Calmez-vous, madame Boitard... Je comprends très bien ce qui se passe en vous, ce qui vous inquiète, mais ce n'est pas terrible ! Vous ne serez pas la première femme à porter un sein artificiel en caoutchouc... On en fabrique d'étonnants à notre époque : il est impossible à une personne qui vous rencontre de se douter de quelque chose ! Evidemment, il vous faudra bien un jour mettre votre mari dans le secret... mais il sera le seul ! Et il vous aime assez pour ne pas changer de sentiments après l'ablation... La crise aiguë de désespoir était passée : elle ne réagissait plus. De longues larmes silencieuses coulaient sur son visage, ravageant son savant maquillage... Enfin elle se leva en disant : — Je vous remercie de votre franchise, mademoiselle Marcelle... Et si jamais je me décidais pour l'intervention que vous me conseillez, pourrais-je vous demander de continuer à m'aider en m'indiquant où elle pourrait être faite discrètement ? — Mais, naturellement, madame Boitard !... Il n'est pas question que je vous abandonne ! Pour le moment, je vous demande d'oublier notre conversation. Ne pensez plus à rien ! Dites-vous simplement que votre cas n'est pas désespéré, puisque vous connaissez déjà un remède infaillible de guérison... Je ne saurais trop vous répéter que l'ablation du sein est l'une des rares opérations qui réussissent pleinement. Je vais me renseigner dans le plus grand secret : comme vous le dites si justement, cette intervention ne peut pas être pratiquée par un chirurgien de la région, au Mans par exemple... (A suivre...)
