«A quelque chose malheur est bon.» Ce dicton populaire peut servir dans les moments difficiles, pourvu que l?on soit animé de bonne volonté. En annulant le déroulement du bac professionnel, le ministre de la Formation et de l?Enseignement professionnels vient de mettre à nu l?un des dysfonctionnements les plus préjudiciables au système éducatif algérien. A travers son argumentaire, le ministre a relevé l?incontournable implication de l?Office national des examens et concours (Onec) qui dépend du MEN. Ainsi donc, le Mfep n?avait pas sollicité son homologue de l?Education lors du lancement de ce qui fut une nouveauté en Algérie, il y a de cela deux ans. Cette absence de coordination au plus haut sommet entre ces deux départements ministériels est «la goutte qui fait déborder le vase». En toute logique, étant tous les deux au service des jeunes adolescents, ils se doivent d?harmoniser leurs stratégies, d?établir des passerelles d?orientation afin de contenir cette gangrène qu?est la déperdition scolaire. L?existence de ces deux entités distinctes est héritée d?une vieille tradition française, celle des Centres de formation professionnelle créés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour répondre au pressant besoin en main-d??uvre qualifiée. Les temps ont changé, le niveau de qualification des stagiaires ainsi que les métiers, même traditionnels, répondent dorénavant à l?exigence d?un seuil de formation de base. Ne serait-il pas judicieux d?intégrer l?enseignement professionnel à l?enseignement technique dispensé, lui, par le MEN ? Cela aurait pour conséquence première la valorisation des filières de l?enseignement professionnel. Laquelle valorisation statutaire encouragerait les élèves à embrasser des carrières jusque-là rejetées pour «défaut d?impact social». Ainsi mis en confiance quant à un métier valorisé, le collégien de 9e AF ou le lycéen pourrait construire son projet d?insertion professionnelle en temps voulu, sans attendre le verdict des examens de fin de cycle. Au vu du processus de modernisation qui touche le secteur de la formation professionnelle depuis quelques années, il serait dommage de voir perdurer l?image ancienne et tenace d?un secteur réceptacle des exclus du système scolaire. L?unification ? avec des modalités d?harmonisation à affiner ? des deux secteurs de la formation professionnelle et de l?enseignement technique (technicums et lycées techniques) relevant du MEN pourrait jouer un rôle pilote dans la déperdition scolaire. Les élèves auraient tout à gagner en empruntant les passerelles d?orientation ainsi mises en place. De la sorte, le choix du métier serait facilité et les déconvenues actuelles d?une orientation d?essence bureaucratique seraient effacées. Entre l?espoir de voir l?école algérienne prendre en charge sans complexe la réhabilitation des métiers ? tous les métiers ? et la réalité scolaire, il y a un fossé. Sera-t-il comblé par la réforme en cours ? Wait and see.