Résumé de la 2e partie n Vers le Ve siècle av. J.-C., l'Etat de Qin commence la construction d'un mur dont des parties tiennent encore aujourd'hui debout. On ne sait donc ni quand elle a été construite ni son tracé exact. Cette absence d'informations et le fait que Sima Qian n'ait pas apporté plus de précisions dans son Shiji malgré l'ampleur apparente de l'ouvrage a étonné nombre d'historiens et si les recherches archéologiques ont permis d'exhumer des portions de la Muraille, elles apportent peu d'informations supplémentaires. Cependant, bien qu'aucune source historique ne le confirme, il est couramment admis que Meng Tian n'est pas parti de rien pour entreprendre la construction de la Muraille et a probablement connecté et restauré des portions des murs des anciens Royaumes Combattants. Cependant, malgré les débats entre historiens et l'absence de récits historiques, la Grande Muraille construite par la dynastie Qin reste dans l'imaginaire populaire chinois une œuvre colossale, fruit du travail forcé de milliers de bagnards, soldats, ouvriers et paysans, vision notamment renforcée par l'empereur Shi Huangdi, qui est dépeint comme un monarque cruel. C'est de cette époque que date le surnom de «mur de dix mille li (soit 5 760 km, étant donné la valeur du li à l'époque de la dynastie Qin). C'est également depuis cette époque que l'on parle véritablement de «Grande Muraille». En 210 av. J.-C., l'empereur Shi Huangdi meurt et la dynastie Qin qu'il avait fondée ne lui survit que quelques années. En 202 av. J.-C., Liu Bang, un ancien soldat aux origines paysannes se rend maître de la Chine et se proclame empereur sous le nom de temple de Gaozu. Affaibli par sa précédente guerre de succession contre Xiang Yu, Gaozu abandonne l'entretien de la Grande Muraille des Qin, et lorsque les Xiongnu, désormais unis en confédération, se montrent menaçants et franchissent la frontière, plutôt que d'adopter une position offensive par l'utilisation de murailles comme l'avait fait Shi Huangdi, Gaozu tente d'acheter la paix par des tributs et des «unions harmonieuses», ou heqin, c'est-à-dire l'offre de princesses chinoises aux shanyu des Xiongnu. Pendant quelques décennies, ses successeurs feront de même. Cependant la Grande Muraille n'est pas complètement abandonnée : sous l'empereur Wendi (180 à 157 av. J.-C.) un ministre recommande la création de tuntian aux frontières (sortes de colonies agraires militaires) protégées par de petites murailles dans le but de coloniser la région et gêner les incursions des Xiongnu. C'est principalement sous le règne de l'empereur Wudi, long de plus de cinquante ans, que la construction de la Grande Muraille prend un essor considérable. En 134 av. J.-C. le statu quo entre les Chinois et les Xiongnu est rompu après le fiasco de Mayi. Contrairement à ses ancêtres, Wudi décide de prendre une attitude franchement offensive contre les Xiongnu et lance en 129 av. J.-C. une première expédition, suivie par de nombreuses autres. Wudi fait restaurer et connecter des portions de la muraille de la dynastie Qin et puis l'étend au fur à mesure de ses campagnes à travers ce qui deviendra la route de la soie. En 119 av. J.-C., les Xiongnu sont repoussés à travers le désert de Gobi en Mongolie intérieure, et une nouvelle section de la muraille, longue de près de 400 km y est construite et s'y dresse encore de nos jours. A Suivre