Haine n El-Hadi était en train de tailler un des figuiers se trouvant près de la maison lorsque son fils Mohand arriva en courant. - Père! Père! Notre chèvre! Notre chèvre! Notre chèvre! Notre chèvre! II suspendit les mouvements de sa petite scie et descendit de l'arbre. - Qu'y a-t-il, Mohand ? Qu'est-il arrivé à notre chèvre ? - Da Da Bousaad lui a brisé une patte avec sa hache! répondit l'enfant de dix ans, en haletant. - Quoi ? Il lui a brisé une patte ? Et pourquoi ? - Parce qu'elle est entrée dans ses terres! - Et qu'est-ce que tu faisais, toi, pendant ce temps ? Comme il ne répondit pas, le père lui dit: - Tu t'es encore assoupi au lieu de surveiller ton troupeau! c'est ça, hein! - Euh... oui... père... Et ce n'est que lorsque Da Bousaad était arrivé en vociférant que j'ai rouvert les yeux. Je me suis réveillé à temps pour le voir en train d'estropier notre chèvre! - Le fils de chien! lâcha le père d'une voix où n'importe qui aurait deviné la haine et le désir de demander réparation. El-Hadi était un homme d'une extrême gentillesse. Il était de ceux à qui l'on accordait volontiers le terme de "fantazi". Lorsqu'il décidait de faire quelque chose, il ne revenait jamais en arrière. Les gens de son village qui ne le connaissaient que trop, disaient que sa bouche était semblable au canon d'une arme à feu. Lorsque la balle en sort, elle n'y retourne jamais. Le petit Mohand, le regard admiratif, rivé sur son père qui venait de s'arrêter de tailler son arbre, demanda : - Que comptes-tu faire, papa ? - Je vais lui demander de me donner une de ses chèvres! s'il refuse, tant pis pour lui ! La femme du paysan, qui attisait le feu d'un âtre se trouvant à proximité de l'endroit où se tenaient son mari et son fils, avait entendu les dernières paroles d'El-Hadi.Que veux-tu dire par "tant pis pour lui", homme ? - Occupe-toi du déjeuner, femme! lui rétorqua-t-il sans même daigner lui accorder un regard. A suivre