Nostalgie n Le public a été convié, vendredi, à la librairie Chaïb Dzaïr à une soirée où la sagesse du terroir, un parfum de poésie et l'esprit de «Dzaier laqdima» ont empreint l'atmosphère jusqu'à la fin de la rencontre. Nouredine Louhal, l'auteur du livre «Les jeux de notre enfance» et Sid-Ali Sekhri ont, tous deux d'une même voix, animé une «sahra» avec brio, ce qui a enchanté journalistes et assistance. Il faut avouer que nous craignions que la soirée soit ennuyeuse, et bien non ! Cela a été des moments de pur plaisir, des retrouvailles et un échange fructueux entre les deux hommes et le public composé en grande partie de femmes. La première approche s'est inscrit autour des «m'toul», les légendaires adages ou proverbes populaires si appréciés par notre société. Qu'il soit judicieux ou avisé, le proverbe, «lemtel» au singulier, reste une sentence morale et nos anciens ont su faire fleurir leur parler de tous les jours par ces phrases courtes mais porteuses de raisonnement. Sid-Ali Sekhri récitait le début d'une sentence et à la salle de la finir. On a eu droit à des répliques qui montrent que l'Algérienne continue de cultiver cet art populaire. Il n'était pas nécessaire de faire un grand discours. Seulement une phrase brève pour exprimer une situation et le ton est donné, juste la morale comme référent de bon sens et d'enseignement. «Maâwna taqtoul sbaâ»,(l'union fait la force); «djouz aâla djarek btarf saboun ou madjouz aâlih bkilou lham» (il vaut mieux être pauvre et propre que riche et sale) ; «Irouh wakt lakhdidat wa idji wakt lawlidat» (les joues en fleur céderont place aux bébés en pleurs) ; «moul tadj ouyahtadj» (même le riche peu être dans le besoin) et nous en passons des dictons récités au fur et à mesure de la première heure avec la contribution de la salle. La deuxième partie a été consacrée à l'ouvrage de Nouredine Louhal. L'auteur, en début de soirée intimidé, a vite pris le dessus pour parler des jeux anciens qui ont fait le bonheur de l'enfance, il n'y a pas très longtemps… «C'est un matériau qui a servi à cimenter des amitiés, à nous relier entre nous, à engendrer des rivalités bon enfant entre gosses, à égailler les cours de récréation et faire de nous les parents que nous sommes», a-t-il dit. Nouredine Louhal a, en outre, cité tour à tour les «dénoyaux», noyaux d'abricots et les parties engagées entre gamins du même âge. Le cerceau, les osselets, les billes, la toupie, tchabtchaq maricane ou le ballon des titis algériens. Les fillettes avaient droit à laâchiwa ou la «goutette», la marelle, la corde. Des divertissements à moindre coût qui cependant ont su tisser la sociabilité et l'amabilité dès le jeune âge, des liens fraternels entre ouled el-houma. La troisième partie de cette sahra s'est élargie au jeu de la boqala. Tout ou presque a été dit. Le cri du cœur des femmes de marins, dans l'attente du retour de leur compagnon, du déroulement du rituel séculaire, de petits poèmes si savamment créés par les femmes, du génie de l'oralité populaire, de l'amour galant et loyal, de tout un monde bercé par une poésie populaire à l'état pur et par des divertissements de fils du pauvre. Les rires étant de la partie, ce fut de fut une belle veillée littéraire ramadanesque.