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Une ville, une histoire
Le chien de l?oncle Messaoud (1re partie)
Publié dans Info Soir le 11 - 10 - 2004

Fidélité Le vieil homme et le chien étaient inséparables...
Dans cette petite ville à l'ouest d'Alger, on pouvait voir, il y a une trentaine d'années, un vieillard se promener dans les rues, accompagné ou plutôt tiré par un chien. Le vieux, c'était Ammi Messaoud, un retraité, et le chien, Black. Aujourd'hui, ils ont tous les deux disparu mais quelques gens s'en rappellent encore et citent le vieux et son chien comme un bel exemple d?amitié entre un homme et un animal.
Pêcheur de son état, Messaoud a travaillé toute sa vie durant. Il a élevé ses dix enfants et leur a construit, avec ses économies, une petite maison. Il n'a arrêté de travailler que lorsque ses forces ont commencé à l'abandonner. Il a alors passé son bateau à ses deux fils aînés, qu'il a formés, dès l'enfance, au métier de la mer.
Atteint de plusieurs maladies chroniques, Messaoud doit souvent garder le lit. Mais ce qui gêne le plus, c'est sa vue qui a considérablement baissé. On peut même dire qu'il est arrivé au stade de la cécité et qu'il lui est difficile de sortir seul.
«Je ne vais pas tout le temps rester à la maison, se plaint-il à Zohra, sa femme.
? Et moi, je ne peux pas te faire sortir !»
La brave femme, en effet, souffre de rhumatismes et chaque pas qu'elle fait lui fait pousser des cris de douleur.
Un jour, un ancien collègue et ami de Messaoud lui rend visite. Le vieux se plaint de ne plus pouvoir sortir.
«Ta femme et tes enfants ont raison, dit l'homme, tu risques de te faire renverser par une voiture.
? Mais ça me tue de rester tout le temps à la maison !
? Pourquoi tu ne prendrais pas un chien ? dit l'homme. Il pourrait te guider partout où tu iras ! Je connais quelqu'un dans ton état...»
Et il lui raconte l'histoire d'un aveugle que son chien guide dans les rues.
«Il lui apporte ses pantoufles, sa canne... Il ne le quitte pas d'une semelle !
? Tu crois que je pourrais en avoir un ? demande Messaoud.
? Bien sûr, il faudra seulement l'entraîner !
? Je ne saurais le faire, dit le vieil homme, déçu.
? Ne t'en fais pas, il y a des spécialistes pour cela !
? Des dresseurs d'animaux ?
? Oui, je connais aussi quelqu'un qui fait de l'élevage de chiens, tu pourras en acheter un.»
Messaoud soumet l'idée à sa femme et à ses enfants.
«C'est une bonne idée, dit Zohra, ça nous libérera et tu pourras sortir quand tu voudras !»
Les jours suivants, on achète un chien et on le confie aux soins d'un dresseur. En une période raisonnable, il est remis à la famille. Entre-temps, Messaoud est devenu complètement aveugle. Il caresse le chien, celui-ci lui lèche aussitôt le visage.
«Eh bien, dit Zohra, heureuse, je pense que le premier contact est bon !
? Je sens que cette bête et moi, dit Messaoud, on va bien s'entendre !»
Le chien se met à japper joyeusement. Messaoud, content, le caresse de nouveau. (à suivre...)


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