Le commerce «informel» nourrit des millions d?Algériens. En voulant réguler les pratiques commerciales avec l?éradication de l?économie parallèle (marchés et vendeurs à la sauvette) laquelle, pour les économistes, représente la première raison du déficit fiscal, le gouvernement risque paradoxalement de faire beaucoup de malheureux, les citoyens en premier. Il est connu de notoriété que le commerce illégal «absorbe» plus de 100 000 personnes et fait nourrir plus de 2 millions de familles. Ses terrains de prédilection restent incontestablement l?agroalimentaire, le bâtiment, les articles ménagers et les vêtements. Les prix relativement bas de ces articles, qui inondent le marché parallèle, ont toujours fait l?affaire du simple citoyen. Les petits ménages préfèrent s?approvisionner dans un marché «souterrain» plutôt que d?aller faire leurs courses à des prix exorbitants dans des centres commerciaux huppés. Le pouvoir d?achat d?une population vulnérable a, de tout temps, fait le bonheur de ceux qui vivent uniquement de cette économie de «seconde zone». Dans chaque ville, dans chaque village d?Algérie, les marchés de ce genre foisonnent et sont pris continuellement d?assaut. Ils sont devenus incontournables. Une sorte de lien ombilical se crée entre «petit» peuple et commerçants «illégaux» avec, en filigrane, cette forte charge symbolique que constitue une petite virée quotidienne dans un marché ou ce qu?on appelle communément «dlala» (Laâqiba, Djammaâ Lihoud, rue Boutin?). La vague de licenciements, à la suite de la fermeture des usines à partir des années 1990, n?a fait qu?allonger la liste des chômeurs. Ces derniers, pères de familles pour la plupart, se sont vus, dès lors, obligés de verser dans «l?informel» au mépris de la loi, sans registre du commerce ni affiliation à la Caisse de sécurité sociale. La faiblesse de leurs revenus les a poussés à s?approvisionner dans ce même marché informel. Ainsi, une colossale masse d?argent tourne continuellement dans le même cercle, et ce, sans contrôle aucun. L?Etat mesure certainement l?ampleur des dégâts que pourrait constituer une mesure draconienne visant à éradiquer le commerce informel. Un commerce qui, malgré ses tares et ses «égarements», nourrit des millions d?Algériens. En chiffres? - 100 000 personnes travaillent dans l?économie souterraine. 4 millions d?autres en dépendent. - 24% du PIB est constitué par le marché parallèle. - 700 marchés parallèles en Algérie - Près de 70% se tiennent quotidiennement, le reste hebdomadairement. - 2,6 millions de m2 est la superficie totale de ses marchés. - 100 milliards de dinars constituent une perte des revenus fiscaux de l?Etat. - Le marché parallèle constitue 16% de la production globale.