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Histoires vraies
La parcelle de la mort
Publié dans Info Soir le 25 - 08 - 2003

«Ote-toi de ma terre minable individu, sinon je vais te faire goûter à mon bâton. Je suis le maître ici, un jour ou l?autre, je te ferai déguerpir, en attendant, hors de ma vue vil personnage !»
Lakhdar ne s?attendait pas à une telle réponse de la part de son irascible voisin. Rendu fou furieux, tel un taureau lors d?une corrida, il plonge la main droite dans sa poche et ressort un couteau qu?il enfonce avec rage dans le ventre de son antagoniste répondant au nom de Attaf. Surpris par la réaction de Lakhdar, Attaf ne put rien faire. Il a toujours méprisé son voisin qu?il n?avait jamais cru capable d?avoir une réaction aussi brutale et foudroyante. C?est ainsi qu?il apprend à ses dépens que, dans chaque individu, sommeille une bête sauvage prête à dévorer quiconque la réveille. Cette bête-là l?a dévoré. Les coups reçus étant mortels, Attaf rend l?âme avant même que l?on ne tente de l?évacuer vers l?hôpital le plus proche. Lakhdar est arrêté immédiatement et raconte aux enquêteurs les raisons qui l?ont poussé à agir de la sorte. «Je m?appelle Lakhdar, je suis âgé de 40 ans et je suis père de sept enfants. Attaf possède une parcelle de terre mitoyenne à la mienne, mais depuis des années il ne cesse de grignoter sur mes terres. Je l?ai averti à plusieurs reprises, mais il continue toujours de plus belle.
Son but est de m?exproprier afin qu?il puisse faire une extension. Il m?a fait plusieurs propositions que j?ai déclinées. Outre cela, il s?immisce dans mes affaires personnelles au point qu?il ne veut pas que je cultive des oignons où des pommes de terre. Plusieurs fois il m?humilie en me traitant de gagne-petit, de borné et de paysan sans ambition.
Pour lui, seules les cultures spéculatives sont intéressantes. Comme son champ est quatre fois supérieur au mien, il ne le plante que de pastèques et de melons. Cela lui permet de gagner beaucoup d?argent, mais moi, avec ma petite superficie, cela ne m?arrange pas.
Je préfère cultiver ce dont a besoin ma famille. D?ailleurs je m?en sors bien, à tel point que je vends mes excédents en pomme de terre, oignons, concombres, salades, tomates, etc.
Attaf, étant un grand «heggar» (tyran), il s?est permis aujourd?hui de ramener un tracteur pour labourer ses terres, afin d?ensemencer des graines de pastèques et de melons. Comme les grosses pierres, servant au bornage de nos parcelles respectives gênaient la progression du tracteur, Attaf les a déplacées et les a remises, en grignotant, plus de deux mètres sur mes terres. En plus de cela, le tracteur a piétiné tous mes semis, ce qui va m?obliger à en acheter alors que d?habitude je n?en achète jamais.
Quand je lui ai reproché ses actes, au lieu de s?excuser et de m?indemniser, il me traite de minable. Voyant rouge, je me suis saisi de mon douk-douk que j?ai plongé à plusieurs reprises dans son ventre !».


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