Débat n Le cycle des conférences s?est ouvert, jeudi, au Salon du livre. La rencontre, animée par Mustapha Cherif, avait pour thème «l?Islam et la laïcité». Dans son intervention, le conférencier dira que «l?Islam est confronté au défi de l?heure», d?où la question de savoior ce qu?il faut faire pour assumer le présent et défier l?avenir ? Faut-il s?aligner sur le modèle occidental ? C?est-à-dire recourir à la laïcité. Faut-il séparer le religieux du politique, le spirituel du temporel ? Ou bien les confondre. Il se trouve que la vie est un tout. Donc, comment assurer l?harmonie, la cohésion et l?équilibre ? «Il y a certains, à savoir les laïcs, qui sont pour la séparation, tandis que d?autres, conservateurs et extrémistes, sont d?accord pour les confondre, ce qui crée une confusion et un illogisme», explique-t-il. Les deux positions s?avèrent ainsi erronées. Mustapha Cherif explique que l?Islam est une religion d?harmonisation, coordonnant entre les différents domaines de la vie, entre le religieux et le politique, entre le spirituel et le temporel. «l?Islam est séculier plutôt que laïque», précise-t-il. «Ce qu?il faut retenir, c?est que la laïcité, telle qu?elle est définie, est un concept occidental, notamment français, et cela revient à dire qu?elle ne peut s?adapter aux sociétés musulmanes», explique-t-il. Et d?ajouter : «Il est préférable, dans notre contexte d?utiliser le vocable "séculier" plutôt que laïque. L?Islam ne confond pas, mais il coordonne.» L?application de la laïcité s?appuie sur trois critères, à savoir la séparation des différents domaines de la vie, les uns relevant du sacré, les autres du profane, l?exercice de la raison sans condition et d?une façon illimitée, excluant ainsi la subjectivité, l?idéologie et les mythes, et enfin la liberté et l?autonomie de l?individu. «Il y a certes une part de vérité dans ces trois références, mais il se trouve que tout cela ne garantit pas le progrès absolu», souligne-t-il. L?élément déterminant, celui qui régit le comportement des sociétés laïques, c?est bien l?économie de marché. En Occident, l?humanité est en crise, car il n?y a plus de valeurs ni humaines ni religieuses. Tout ce qui compte, c?est le profit. L?Islam, selon l?intervenant, est pour la séparation mais pas au point de tomber dans l?opposition et dans des situations extrêmes, il est également pour l?exercice de la raison sans condition et d?une manière illimitée, et enfin il est aussi en faveur de la liberté et de l?autonomie de l?individu, seulement il est préférable de faire la part des choses, et de s?inscrire dans le juste milieu, assurant ainsi l?équilibre, l?harmonie et la cohésion. «Il faut chercher dans l?universalité; l?ouverture est nécessaire, tout en restant cependant vigilant», conclut-il.