"Ras-le-bol" Le vase de Souad a fini par déborder et le coup de feu est parti. Le jour où, touchés dans leur amour-propre, les enfants ont refusé d?aller mendier sur insistance de leur père, tout bascule au sein de cette famille nombreuse de la Mitidja-Ouest. Piqué au vif dans son orgueil de père qu?on n?écoute plus, qu?on ne suit plus, le chef de famille devient alors un véritable bourreau. Les coups succèdent aux insultes qui font place aux menaces. Le vase déborde. La maltraitance atteint le seuil du tolérable. Une nuit, il s?empare d?une barre de fer et assène une dizaine de coups à sa fille de quatorze ans. Les cris ne réussissent pas à calmer le «chef» de famille. On le retient par le bras, on le supplie. Rien à faire. la barre de fer est utilisée dangereusement. La maman craint pour sa fille. Elle court à la chambre à coucher. Elle revient un fusil à la main. «Arrête, arrête», crie-t-elle aveuglée par une colère noire. Le père continue à faire tournoyer le métal ravageur, soudain un coup de feu déchire le silence de la nuit. Le procureur général parlera de meurtre et requerra vingt ans de réclusion criminelle. A la barre, Souad, l?épouse poursuivie pour homicide volontaire (article 254 du Code pénal), a une confiance aveugle en son avocat Me Ksentini. Elle sera plus rassurée lors des auditions des témoins qui ont été unanimes à dire que le défunt papa ?respirait? la violence. Youcef Boukendjakdji, le juge du tribunal criminel prend note de ce témoignage de Beghiti. ?Il brandissait un couteau lorsque l?après-midi, son épouse est venue se réfugier, pour fuir les coups et blessures?, marmonne le témoin qui affirme qu?il avait tenté de le raisonner vainement. Le pire aura lieu après le dîner. Souad a tout déballé, les mauvais traitements, les humiliations. Il ne voulait que les recettes du jour de ses enfants qui mendiaient dans le centre-ville de Blida. Et puis, elle jure que la balle était allée se loger en pleine tête sans qu?elle vise. Et c?est sur cette précision que Me Ksentini plaide la légitime défense et prie le tribunal de prendre en considération les témoignages, ceux des enfants, notamment. Souad est acquittée au terme de quatre heures de débats.