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Histoires vraies
La ferme du silence (5e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 06 - 10 - 2003

Résumé de la 4e partie Le corps identifié n?était pas celui de J. Baneke, la gendarmerie revient perquisitionner à la ferme.
Le brigadier revient en effet. L'air grave, sérieux, il s'adresse aux deux fils :
«Il y a une dalle de ciment, dans l?étable? Qu'est-ce que c?est ?»
Pierre n?a pas sursauté. Ces gens-là ne sursautent pas, jamais. Il a simplement relevé la tête, un peu vite, et Louis regarde la mère, avec inquiétude, dirait-on.
«Alors ? C'est quoi, cette dalle ?»
Elise répond :
«Pour l?humidité.
? Qu'est-ce qu'il y a en dessous ?
? De la terre?
? Et pourquoi une seule dalle ?
? Parce que l?humidité est là.
? C'est tout ?
? Oui.»
Le brigadier ressort.
Une voiture et deux gendarmes prennent la direction du village. Trois quarts d'heure plus tard, elle revient, accompagnée d?un ouvrier muni d'un marteau-piqueur.
Le silence n?a pas cessé de régner dans la grande cuisine. Le soir commence à tomber. Elise est assise près de la fenêtre, la tête dans les mains. Pierre et Louis contemplent le dos de leur mère, voûté sur sa chaise. Les deux gendarmes de garde ont fermé la porte d?entrée. Ils ont pris chacun un tabouret, et n?osent pas faire de commentaires dans ce silence impressionnant. On entend brusquement la trépidation du marteau-piqueur. Elle dure assez longtemps. Dix minutes peut-être. Puis le brigadier revient. Son visage est fermé.
«Il va falloir venir avec nous, la mère. On cherchait votre mari, on l?a trouvé.»
Marie Baneke se lève. Pour la première fois, elle regarde le brigadier dans les yeux, comme si elle y cherchait une vérité, une certitude.
Il répète seulement :
«Il faut venir, la mère?»
Alors elle le suit, à pas lourds, traînant ses chaussons, les deux mains croisées sur sa poitrine, agrippées à son châle de laine. Elle entend sans sourciller le brigadier donner des ordres à ses hommes :
«Ils sont en état d?arrestation, tous les deux, et la femme aussi. Que personne ne sorte d?ici.»
Dans l?étable, à la lumière des lampes électriques, la mère piétine des amas de paille et de ciment. Le brigadier la guide vers un trou large d?un mètre environ. Le marteau-piqueur a défoncé une dalle de ciment, dissimulée sous la paille.
Le gendarme désigne le trou de la main :
«Il est là?»
Marie Baneke se penche. Les gendarmes éclairent le fond du trou, profond et humide. Il s'en dégage une odeur âcre d?humus et de champignons.
Elle regarde le squelette. Il porte encore le costume des jours de fugue et les chaussures du dimanche.
Des os, rien que des os. C'est son mari, Johan Baneke. Elle regarde, regarde, puis recule et s'adosse au mur de l'étable, les yeux secs. Sa voix ne tremble pas, elle est triste, immensément triste.
«Ils m?avaient juré tous les deux qu?ils ne l?avaient pas tué. Ils l?avaient juré.
? Pourquoi l?ont-ils tué ? Il faut tout nous dire, la mère?
? Je n'ai rien à dire. Ils l?ont tué, c'est tout.»
Elle ne dira plus rien, la mère. Elle regagne sa cuisine, elle regarde partir ses deux fils et Elise entre les gendarmes. Elle entend Elise, murmurer :
«C'était pour qu'il ne parte plus avec l'argent, c?était du gâchis, la mère?»
Elle entend son fils Pierre, l?aîné :
«On pouvait plus payer, on aurait dû vendre la terre !»
Elle entend son fils Louis, le cadet :
«Tu l?aimais pas, la mère, tu l'aimais pas, il criait trop !»
Et elle reste seule, dans la grande ferme silencieuse. A quoi pense-t-elle ? A qui en veut-elle ? Que dira-t-elle au procès ?
Rien. Elle mourra avant. Et les autres ne diront rien non plus. Rien de plus que ce qu?ils avaient dit à la mère. D'ailleurs, les détails sont inutiles puisque seul, pour eux, le silence était important et que le père criait trop.


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