Défaillance n Une grande partie des restaurateurs, à Alger, ne respecte pas les conditions d'hygiène et les normes requises pour le stockage des produits alimentaires. Une manière pour eux de minimiser les dépenses sans que cela se répercute négativement sur leur recette quotidienne, généralement garantie par un décor extérieur attrayant ainsi que la confiance placée en eux par des clients habitués des lieux. Les malheureux consommateurs sont exposés à tous les dangers, notamment durant cette saison estivale caractérisée par l'augmentation du taux des risques d'intoxication alimentaire. Une sortie avec les inspecteurs du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes auprès de la direction de la concurrence et des prix de la wilaya d'Alger, dans le quartier de la place des Martyrs, nous renseigne sur l'ampleur des infractions aux normes d'hygiène par certains «commerçants». Du côté du marché couvert, un café-restaurant offre une vue plus qu'attrayante : des vitres bien nettoyées, des chaises et des tables soigneusement arrangées, des serveurs et serveuses dont la blancheur et l'uniformité des tenues sont aussi un facteur d'attraction… L'inspecteur s'approche du propriétaire, lui montre sa carte professionnelle et lui demande de l'accompagner à la cuisine. «Tout est propre et conforme aux normes, monsieur l'inspecteur», répond-il, effrayé. L'intérieur de la cuisine offre un spectacle des plus hideux : deux cageots de tomates moisies, entreposées à une température avoisinant les 50° ; un réfrigérateur vétuste et souillé contenant deux bidons de lait (poudre mélangée à de l'eau) destiné à la préparation des gâteaux ; des cafards, des mouches et autres insectes circulent en héros, des eaux usées générant des odeurs nauséabondes car la ventilation est inexistante ; des vêtements sales jetés un peu partout… On a l'impression d'être dans une décharge publique. Interrogé sur cette déplorable situation, le gérant du café-restaurant n'a trouvé d'autre justification que de faire part de son intention de «fermer boutique pour entamer des travaux de réhabilitation et de mise en conformité», avant même la visite «mal tombée» des inspecteurs ! Les inspecteurs dressent un procès-verbal comprenant la nature de l'infraction, le nom de l'intéressé et le numéro de son registre du commerce, puis lui remettent une convocation l'invitant à se présenter à la DCP muni de l'original du registre du commerce et des certificats médicaux de ses employés. «Dans notre rapport, nous proposons la fermeture définitive du local qui menace la santé publique», explique Yahia Rahmouni, l'inspecteur chargé de dresser les procès-verbaux. Non loin de là, les contrôleurs ont inspecté un local de préparation et de vente de pâtisseries et de glaces. Le constat est encore plus amer avec la présence de sachets noirs contenant les ingrédients nécessaires à la préparation des gâteaux et des glaces, «conservés» à une température d'enfer et ces deux enfants de quinze ans employés dans cette «écurie»… Dans ces conditions, le citoyen est assuré de contracter une maladie !