Résumé de la 9e partie n Diverses régions du monde ont tenté de situer la grotte des sept dormants, et donc leur histoire qui, rappelons-le, est commune aux chrétiens et aux musulmans. La plupart des sources chrétiennes situent la caverne des dormants à Ephèse, aujourd'hui en Anatolie (Turquie). On sait aujourd'hui que cette ville a été le théâtre de violentes controverses entre les sectes chrétiennes, notamment pour ce qui est de la résurrection des corps et des âmes, mais on sait aussi que cette localisation ne repose sur aucune preuve historique ou archéologique. En fait, ce sont les auteurs chrétiens des premiers siècles qui ont proposé cette localisation et des auteurs musulmans, comme al Tabarî les ont suivis. En revanche, d'autres ont rejeté cette hypothèse et se sont méfiés de récits qui, apparemment, ne cherchaient qu'à faire l'apologie du christianisme, sans se préoccuper de la vérité historique. Dans son commentaire du Coran, Abû Fath' al Râzî rapporte un étrange récit : « Un certain Muh'ammad ben Musa al-Khawarizmî raconte que le calife al-Wathiq l'a envoyé en territoire byzantin pour connaître l'emplacement de la grotte des Miraculés. «Le roi des Byzantins, raconte-t-il, m'a fait accompagner par des hommes qui prétendaient connaître cet emplacement. Je suis entré dans une grotte et j'ai vu, avec surprise, des corps qui portaient encore des poils sur la poitrine. Mais j'ai vite compris que les corps avaient été maquillés avec des produits asséchants permettant d'éviter la décomposition. J'ai demandé aussitôt à rentrer… » Il s'agit là d'une tentative de fraude évidente, le roi des Byzantins, dont il est question, voulant faire croire que les dormants – qu'il sait vénérés par les musulmans — étaient sur son territoire. C'est aussi une façon de présenter le christianisme sous son meilleur jour. Parmi les autres lieux retenus par les auteurs musulmans, le plus cité est al-Raqîm – le nom même figurant dans le Coran- une localité non loin de Amman, dans l'actuelle Jordanie, localité connue par ses ruines byzantines et omeyyades. Plusieurs auteurs rapportent que le calife Abû Bakr a envoyé un certain Ibada ben al-S'âmit à l'empereur des Byzantins pour l'appeler à embrasser l'Islam. Arrivé en territoire byzantin, il est passé devant une grotte où, lui dit-on, il se trouvait des cadavres en parfait état de conservation. On ne sait pas si l'homme est entré dans la grotte, mais on sait qu'elle se situait dans une montagne appelée al-Raqîm et qu'elle se trouvait sur la route des caravanes, entre l'Asie mineure et le Hedjaz. Il faut citer aussi un récit de Djabîr, que l'on retrouve dans certaines exégèses du Coran. «Nous menions, avec Mu'âwiya, une campagne en territoire byzantin quand nous sommes passés devant la grotte qui avait servi de refuge aux dormants que Dieu évoque dans le Coran. Mu'awiya dit : «Et si on nous faisait voir leurs restes ?» Ibn ‘Abbâs dit alors : «Tu n'as pas le droit de dire cela. Dieu l'a interdit à des personnages plus importants que toi !» Mu'awiyaa a répondu : «Je ne partirai pas d'ici sans qu'on nous renseigne sur ces gens de la caverne !» Il a envoyé des hommes avec ordre d'entrer dans la grotte. Mais dès qu'ils y ont mis les pieds, un vent puissant s'est levé et les a poussés vers l'extérieur.» (à suivre...)