Un silence de mort règne à l?intérieur de la salle d?abattage numéro 1 de l?abattoir du Ruisseau, dont la propreté mérite d?être signalée. Il est pourtant 18 h passées en cette soirée de mardi. C?est que d?habitude, à cette heure, l?endroit est plus qu?animé avec le début, une demi-heure auparavant, de l?abattage des bêtes. Certes, une trentaine de personnes, entre chevillards, employés et curieux, sont présentes, mais elles donnent l?impression d?avoir perdu leur langue. Les unes ont les yeux rivés sur les trois moutons passés au couteau quelques instants auparavant, «car ils étaient malades», explique un employé, alors que les autres, des chevillards pour la plupart, sont plongées dans leurs pensées. «Ils (les chevillards) sont en train de regretter les mois passés, quand la viande marchait très bien», commente un jeune. Il semble, en effet, que la viande se vend moins depuis l?épisode de la viande asine. Tout d?un coup, une vingtaine de moutons pénètre dans la salle. Entre-temps, un autre troupeau entre en scène, suivi d?un troisième puis d?un quatrième? L?abattoir renoue, l?espace de quelques minutes, avec son ambiance habituelle. Cela dit, à peine le dernier troupeau attaché, que le premier est abattu. En deux temps trois mouvements. En tout, le jeune chef, nonchalant comme un Sinatra en vacances, a mis moins de 3 minutes pour égorger les 20 moutons. Il faut le faire ! «A chacun son métier. Comme vous ne pouvez pas faire ce que je fais, je ne peux exercer le métier que vous exercez», déclare-t-il, nous apprenant, à l?occasion, qu?un grand nombre de ses collègues viennent des wilayas de l?intérieur du pays et habitent dans l?abattoir. Il est presque 19 h à présent. L?abattage des ovins se poursuit. La salle est rouge de sang. Des employés se chargent de transporter les peaux des ovins égorgés. «Elles (les peaux) ont toutes été achetées. Pour pouvoir s?en procurer, il faut faire sa commande à l?avance», souligne-t-on. Sur ce, un b?uf de pas moins de 100 kilos fait son apparition dans la salle. Des cris fusent de partout. Mais l?animal ne s?affole pas. Il se dirige vers le fond de la salle, guidé, il est vrai, par son «maître». Trois autres ovins le suivront quelques minutes plus tard. A l?aide de cordes, des employés accrochent les pattes des b?ufs à des crochets qu?ils soulèvent par la suite à l?aide d?un système mécanique. Ainsi, les b?ufs ? à l?exception d?un gros comme ça, qui réussit à tromper la vigilance de ses «ravisseurs» avant d?aller faire un tour d?honneur, non sans susciter peur et commentaires chez les présents ? se retrouvent à terre en une fraction de seconde. C?est alors que l?on se charge de les égorger. A mesure que le temps passe, l?abattoir retombe dans son silence. Un silence qui n?empêche pas un habitué d?affirmer publiquement : «Ici, il n?y a que l?argent qui compte. Tout le reste n?a pas d?importance?» Une substance blanche? Le 14 décembre 2003, s?est présenté à la brigade de gendarmerie nationale d?Hussein Dey, R. S., journalier, pour remettre une substance blanchâtre que les bouchers des marchés Ali-Mellah et Redha-Houhou de Bab El-Oued utilisent pour donner à la viande hachée destinée à la consommation domestique un semblant de fraîcheur qui durera plus de cinq jours. Cette matière a été confiée au laboratoire central de la lutte contre la fraude de Mohammadia pour analyses. Communiqué de la gendarmerie