De notre bureau Bilan n A elle seule, la direction régionale du commerce ne dispose que de 254 agents pour contrôler 173 647 commerçants dans les 88 daïras ou les 273 communes avec seulement 19 véhicules, soit une moyenne de 3 véhicules pour chaque wilaya. Même l'apport de chaque wilaya pour ce mois de ramadan avec deux véhicules supplémentaires ne suffit pas à être efficace. «Nous nous penchons spécialement sur les produits alimentaires de première nécessité», comme le souligne Aït Abderrahmane Aziz, le directeur régional opérationnel depuis le mois de mars dernier, Le bilan des 2 382 interventions opérées est maigre avec 711 infractions constatées dont 644 PV pour des poursuites judiciaires. Le nombre d'infractions est énorme puisqu'il atteint quasiment le tiers de l'ensemble. Cela voudrait tout simplement dire que si tous les commerces avaient été contrôlés, il y aurait eu 50 000 infractions et plus de 40 000 PV dressés. Les défauts d'hygiène, l'abattage clandestin, la détention et la mise en vente de produits impropres à la consommation touchent de près à la santé du citoyen. Le laxisme des bureaux d'hygiène au niveau de chaque commune est à dénoncer et la prise de conscience du citoyen-consommateur est absente. Le marché informel prend de l'assurance en ce mois de piété où personne n'ose saisir la pâtisserie orientale et les tartes exposées à la poussière, aux bestioles et aux émanations diverses. La réhabilitation des marchés est toujours à l'ordre du jour, mais l'urgence n'est pas prise en compte. Chaque soir que Dieu fait, la multiplication des marchands de merguez et de brochettes agresse les regards et l'odorat, mais pas un employé du bureau d'hygiène ou un agent de police ne vient interdire l'étalage. Faire porter le chapeau à la seule direction du commerce est une façon de se dégager de toute responsabilité. Lorsque du poulet non vidé est vendu à partir de 16h ou que la citronnade est versée dans des sacs en plastique plus que douteux, qui doit être traduit en justice ? La personne s'improvisant commerçant le temps d'un mois dit sacré, est-elle la seule à assumer un drame plus qu'imminent ? Les villes à forte concentration d'habitants pullulent, en cette période, de jeunes vendant de tout : fruits, légumes, produits laitiers, gâteaux, fournitures scolaires, vêtements d'origine douteuse mais que les agents ne contrôlent pas car ils ne s'intéressent qu'aux magasins. Cela suppose tout simplement que la clientèle de l'informel – et elle est très importante – peut être malade ou mourir sans que l'Etat intervienne ? Paradoxe de plus pour ce pays jouant sur la fibre du… «Allah ghaleb».