S'il y a un lieu où l'on doit faire le plus attention à sa poche, c'est bien au marché d'El-Harrach et ses alentours. La topographie des lieux permet aux pickpockets de prendre la fuite après leur forfait. La Placette, qui se trouve à une vingtaine de mètres de là, constitue un véritable repère pour des dizaines de jeunes pas forcément d'El-Harrach, mais qui viennent de nombreux autres quartiers comme Bachdjarah, Aïn Naâdja, Kouba, Hussein-Dey et d'un peu partout. «Les voleurs n'opèrent pas au sein même du marché, mais un peu plus loin. Leur méthode est simple, mais très efficace. Ils guettent leurs victimes, souvent des personnes âgées ou parfois des femmes seules. Il est très rare de les voir s'approcher d'un jeune ici, car ils savent très bien ce qu'ils risquent. Une fois leur victime repérée, ils prennent le soin de la suivre dans le marché et parviennent ainsi à savoir combien elle a d'argent sur elles. Ils ne la lâchent pas. Une fois la victime loin du marché et seule, ils passent à l'acte et c'est souvent le vol à la tire…», témoigne le propriétaire d'une boulangerie qui donne sur la Placette et qui habite le quartier depuis 1963. Il parle en connaissance de cause, puisqu'il affirme avoir été témoin de nombreuses scènes de vol. Selon les riverains, il ne se passe pas une demi-heure, depuis le début de ce mois de ramadan, sans qu'une bagarre ou un vol ait lieu dans les environs. Les commerçants sont aussi parfois victimes de vols. «Des voyous, souvent en groupes bien organisés, rôdent autour des étals et essayent, dans un moment d'inattention de notre part, de nous subtiliser des cartons de bananes ou de fromage, qu'ils se chargeront ensuite de revendre juste à côté», raconte un jeune vendeur à la sauvette. Mais, contrairement aux clients du marché qui sont des proies faciles pour ces «voyous», les commerçants sont bien armés. «On ne peut pas trouver, par ici, un vendeur qui ne possède pas une arme blanche ou un gourdin. C'est nécessaire, ces choses-là», explique un commerçant. Ce dernier ajoute que cette année le phénomène du vol des cartons et des cageots de légumes a pris de l'ampleur. «Sachant que les prix des produits ont augmenté, avec un carton de bananes de 20 kg par exemple, on peut gagner 2 000 DA en moins d'une heure. Et pour la valeur c'est du bénéfice pur», nous dit un des innombrables vendeurs de bananes présents sur les lieux.