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Pourquoi Laurent Fabius a torpillé l'accord de Genève avec l'Iran
DECRYPTAGE
Publié dans La Tribune le 11 - 11 - 2013

Seule contre tous. C'est un peu l'image de la France, ce dimanche, après l'échec des négociations de Genève sur le nucléaire iranien provoqué par 'intransigeance du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius.
Pourquoi la France a-t-elle pris cette responsabilité, alors que beaucoup d'experts diplomatiques voyaient dans un accord à Genève une authentique percée vers un apaisement des relations entre l'Occident et l'Iran, et un possible règlement négocié de la question nucléaire qui empoisonne le climat international depuis tant d'années ?
Cette attitude vaut à la France de nombreuses critiques dans les milieux diplomatiques anglo-saxons, et Laurent Fabius, s'il consulte sa page Facebook ce dimanche, y verra des dizaines de commentaires peu aimables d'Iraniens qui, en français, anglais ou farsi, l'accusent d'être «l'âne des Israéliens»...
1- Pourquoi la France s'est opposée à un accord ?
A Paris, on assume cette responsabilité en affirmant que l'accord qui était sur la table était un «mauvais accord», un «deal épouvantable» affirme même un diplomate français, qui ne garantissait en rien l'arrêt du programme nucléaire militaire iranien.
La France objecte en particulier au fait que l'accord intérimaire qui devait être conclu à Genève, d'une durée de six mois avant la conclusion d'un accord définitif, permettait à l'Iran d'achever les travaux de construction de son réacteur d'Arak. Une installation lui permettant, une fois achevée, de produire du plutonium lourd. «Il n'y avait rien dans ce texte qui permettait d'arrêter le programme nucléaire militaire iranien, tout en desserrant l'étau des sanctions qui étouffent l'Iran», affirme de manière catégorique un diplomate au fait des négociations.
«Kerry est arrivé avec un texte que nous n'avions jamais vu»
Et la diplomatie française accuse le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, d'être responsable du virage pris par les Etats-Unis : ce dernier souhaitait un accord à tout prix, pour des raisons personnelles et aussi de politique intérieure américaine.
Un diplomate raconte :
«Il n'y a pas eu de discussions sérieuses à six [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne, nldr]. John Kerry est arrivé jeudi soir avec un texte que nous n'avions jamais vu.»
Laurent Fabius est parti en catastrophe vendredi à Genève, après les discussions initiales qui ont permis de constater les désaccords. Trente-six heures plus tard, peu après minuit samedi, les discussions ont été interrompues sans accord, à l'exception d'un nouveau rendez-vous pris pour le 20 novembre.
Les Américains ne s'attendaient semble-t-il pas à cette obstruction française jusqu'au bout. Laura Rozen, une analyste américaine, cite sur son blog une déclaration du directeur politique du Quai d'Orsay, Jacques Audibert, qui aurait assuré les Américains, il y a plusieurs mois, que la France «ne s'opposerait pas à un accord si la possibilité se présentait, malgré la ligne dure des derniers mois»...
D'ici au prochain rendez-vous, c'est donc entre Occidentaux que vont avoir lieu les explications difficiles, et en particulier entre Français et Américains, pour tenter de rapprocher les positions.
2-Pourquoi cette ligne dure de Paris ?
En prenant le risque, seule parmi les six pays présents aux négociations avec l'Iran, de bloquer l'accord, la France a pris un triple risque : celui d'apparaître alignée sur Israël et son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, qui a multiplié par avance les critiques de l'accord sur la table à Genève, qualifié de «cadeau à l'Iran»; François Hollande est attendu dans quelques jours en visite officielle en Israël. Celui de torpiller un apaisement global avec l'Iran, amorcé depuis l'élection d'un «modéré», Hassan Rohani, à la présidence de la République islamique en juin, en remplacement du «radical» Mahmoud Ahmadinejad. Celui de renforcer l'aile dure du régime iranien, qui a initialement critiqué l'ouverture en direction de l'Occident du président Rohani, avant de recevoir une injonction du «Guide» Ali Khamenei de laisser faire le nouvel élu. Un échec de cette ouverture leur donnerait raison.
Fabius a respecté les consignes de Hollande
Laurent Fabius a adopté, de longue date, une attitude extrêmement ferme vis-à-vis de l'Iran, n'excluant pas le recours à la force pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, suivant en cela la même ligne que l'ère Sarkozy.
En septembre, il avait donné un avis défavorable à la rencontre Hollande-Rohani qui s'est finalement déroulée à New York.
Le ministre des Affaires étrangères est considéré comme proche d'Israël, ce que ne se privent pas de mettre en avant ses détracteurs ce dimanche, non sans, parfois, des arrière-pensées antisémites (même s'il est issu d'une famille juive convertie au catholicisme).
Mais dimanche, on niait à Paris que le ministre des Affaires étrangères ait pris une position personnelle en bloquant l'accord. Cette décision aurait été prise en plein accord avec l'Elysée : son «mandat», en partant à Genève, était bien de renégocier les points jugés faibles du texte. Si c'est le cas, on assiste à une sévère inflexion de la diplomatie française vers une ligne dure, plus dure donc que celle des Etats-Unis – ces derniers proclament toujours que leur but est d'éviter que l'Iran dispose de l'arme nucléaire.
Ce choix avait déjà été constaté fin août et début septembre, lors de la crise autour de l'emploi des armes chimiques en Syrie, lorsque la France avait prôné des frappes «punitives» contre le régime syrien, avant d'être lâchée en rase campagne par l'administration Obama.
Cet épisode a laissé des traces, et explique sans doute en partie la fermeté française dans cette négociation : il ne doit pas déplaire à François Hollande d'être en mesure de montrer sa (modeste) capacité de nuisance à Barack Obama...
La France affirme son indépendance (ou ce qu'il en reste)
Accusé en septembre d'avoir été à la remorque des Américains, François Hollande montre aujourd'hui son indépendance en refusant de s'aligner, contrairement aux autres pays occidentaux concernés, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Une manière d'exister en période de grande fragilité et faiblesse personnelle et nationale ?
Toute la question est de savoir si cette indépendance et cette fermeté sont réellement employées à bon escient si elles viennent torpiller la première opportunité concrète de désamorcer les tensions avec l'Iran, clé d'un possible «new deal» régional.
En attendant, ce coup d'éclat vaudra à la France la reconnaissance de ceux qui ne voulaient pas d'un accord, Israël, certes, mais aussi, ne l'oublions pas, les monarchies pétrolières du Golfe, à commencer par l'Arabie saoudite, qui redoutent un Iran nucléaire à leur porte.
P.H.
in Rue 89


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