La question sahraouie est en train de gagner des victoires diplomatiques, chaque jour davantage, comme en témoignent les prises de position dans différents pays, en faveur de la mise en place de mécanismes de surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental. Après le camouflet infligé par le Parlement européen, le Maroc, paraît plus que jamais lâché par son allié stratégique d'hier, en l'occurrence les Etats-Unis, où le Congrès est de plus en plus attentif et mobilisé pour la question du Sahara occidental au vu de la grave situation des droits de l'Homme. Il n'y a qu'à rappeler, dans ce contexte, qu'il avait adopté en 2011 une loi qui exige du département d'Etat d'examiner la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental occupé avant l'octroi de toute aide financière militaire au Maroc, et de présenter à cet effet un rapport annuel sur les droits de l'Homme des Sahraouis à la Chambre des représentants et au Sénat. Le Congrès américain appuie ses précédentes positions en appelant le président Barack Obama à insister sur la question des droits de l'Homme des Sahraouis lors de sa rencontre, prévue prochainement, avec le roi Mohamed VI et à exhorter ce dernier à cesser d'entraver la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme au sein de la Minurso. Cet appel a été lancé dans une lettre conjointe du sénateur républicain James Inhofe, de l'Oklahoma, et du sénateur démocrate Patrick Leahy, du Vermont, à l'occasion de la visite du roi du Maroc, prévue le 22 novembre à Washington. Les sénateurs américains ont, à ce propos, soutenus que l'élargissement de la Minurso à un tel mécanisme «permettrait d'appliquer d'une manière efficace» une des principales recommandations du rapport sur le Sahara occidental adressé, en avril dernier, par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité. Les deux membres de la Chambre haute du Congrès ont, alors, rappelé à M. Obama que le chef de l'ONU avait clairement mentionné que compte tenu des rapports continus sur les violations des droits de l'Homme, «la nécessité d'une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental devient de plus en plus urgente». Les deux sénateurs des partis démocrate et républicain ont aussi précisé au chef de la Maison-Blanche que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, avaient également préconisé la création d'un tel mécanisme. Outre les institutions onusiennes, ont-ils poursuivi, le rapport Tannock, adopté en octobre dernier par le Parlement européen, a aussi regretté que l'ONU n'ait toujours pas pu mettre sur pied un «mécanisme indépendant et crédible» sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. Ils ont affirmé dans leur lettre que ces recommandations des institutions de l'ONU et du Parlement européen «viennent compléter les efforts engagés, en avril dernier, par le gouvernement d'Obama à l'ONU pour introduire un mandat de surveillance des droits de l'Homme au sein de la Minurso mais auquel le Maroc s'est opposé». Néanmoins, ont prévenu MM. Inhofe et Leahy, la création d'un tel mécanisme «est urgente à la lumière des récents événements». Sur ce point, ils ont rappelé à M. Obama que depuis le cessez-le-feu en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc, les rapports des droits de l'Homme du département d'Etat américain ont constamment fait état d'abus telles que la torture, les disparitions forcées et les restrictions sévères à la liberté d'expression et d'association commis contre les Sahraouis par le Maroc. Outre ces rapports, ont-ils poursuivi dans leur lettre, les ONG internationales des droits de l'Homme rapportent ces pratiques condamnables auxquelles recourent les autorités marocaines contre les Sahraouis, ainsi que les procès inéquitables tel que celui de Gdeim Izik, tandis qu'une fosse commune a été découverte récemment dans laquelle avaient été jetés des Sahraouis exécutés par les autorités marocaines et dont un rapport avait été établi par une équipe d'experts espagnols. Et ce, avant d'expliquer le bien-fondé de l'élargissement de la Minurso à la mission de surveillance des droits de l'Homme. R. I.