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L'art de muter l'or en du vulgaire bronze
Constantine, une ville bétonnée à tout va
Publié dans La Tribune le 20 - 11 - 2013


A. Lemili
L'interlocuteur que nous avons eu cette semaine n'avait nul besoin d'exiger de nous que soit préservée son identité, ce qui ne le met pas pour autant dans une situation plus rassurante car il suffit de savoir de quoi il parle pour le «démasquer». Nous le savons embarqué dans de telles galères qu'il aurait été malhonnête de lui en créer d'autres. Son plus grand tort ? Dire haut ce que tout le monde pense bas et, du coup, il peut se retrouver l'objet d'une plainte devant les tribunaux pour avoir exprimé son opinion sur un réseau social qui aurait mis mal à l'aise un ancien ministre de l'Habitat, où qu'il suscite l'inimitié de nombreuses gens notamment celles frayant dans le monde des affaires, voire de l'affairisme. Et nul n'ignore que celui du bâtiment, à défaut de marteler régulièrement jusqu'à l'ennui que lorsqu'il va «tout va», est également une véritable boîte de pandore, toutes interprétations et acteurs confondus.
Alors quand nous lui téléphonons pour parler de Constantine, de ce qui s'y passe, les aménagements, les réalisations, les réhabilitations qui en feront la grande ville dont veut la parer le discours officiel et ceux qui sont spécialement mandatés pour le faire, celui-ci est tout de suite pris de la passion qui l'agite dès qu'on lui parle de sa ville. «Tu sais, tu me connais assez bien et s'il y a quelqu'un qui ne peut très certainement pas faire dans la paranoïa c'est certainement moi et disons... toi aussi. Alors écoute, très franchement, je crois qu'il y a un complot contre notre ville», dira-t-il d'emblée. «Complot ! Comment ça ?», lui demandons-nous.
Et notre interlocuteur de nous donner les détails de ce qu'il considère comme une conspiration. Celle-ci tient la route pour bien des raisons, d'abord il parle en tant qu'architecte et ensuite en tant qu'ancien militant politique de l'ombre aux moments les plus forts de l'omerta organisée, ancien cadre dirigeant, membre du conseil de l'ordre des architectes, chef de projet tout en gardant régulièrement intacte son intégrité morale et intellectuelle ainsi que sa rigueur professionnelle, qualités qui lui coûteront énormément, mais grâce auxquelles, même groggy, il se relève comme les grands boxeurs pour reprendre le combat. Un peu comme Antée, le géant de la mythologie grecque.
Il nous dira d'abord qu'à sa connaissance, «il n'a jamais existé d'architecte paysagiste... du moins à Constantine. Sinon de belle et rebelle la ville ne serait pas devenue aussi laide et soumise. Tu es un enfant de la ville, nous sommes nés dans le nombril de la cité, c'est-à-dire la vieille ville, dans la même venelle, à l'instar d'ailleurs de tout ce que le monde de la culture, de l'art, de l'écriture, de grands et parfois très anonymes martyrs de la révolution et d'autres mauvaises périodes traversées par l'Algérie indépendante, a eu de meilleur et qui malheureusement font aujourd'hui partie de la majorité silencieuse».
Les grandes réalisations qui vont faire de la ville de Constantine la perle de l'est du pays n'arrêtent pas de contribuer paradoxalement à ronger ce qui lui reste de majesté. C'est-à-dire quand elle était la ville simple qu'a laissé derrière lui l'occupant et que les réalisations plus ou moins rationnelles des lendemains de l'indépendance et jusqu'à la fin des années 1980 ne l'ont pas non plus défigurée sinon juste légèrement. Son paysage essentiel reposait sur l'oued Rhumel, ses ponts, de grands espaces boisés intra-muros et d'autres la ceinturant. Durant ces dernières années, il y a eu la construction d'hôtels et il va y en avoir encore, un stade (Benabdelmalek) qui a été réaménagé avec dans la course une vingtaine d'arbres âgés abattus alors qu'il avait encore plus de beauté dans son état initial, un tramway qui balafre la ville sans être en réalité d'un grand apport question résorption des problèmes de transport, un pont (réputé le plus haut du continent) venu assombrir la vue, on a déboisé grandement deux forêts, dénaturé un ilot d'habitations, en l'occurrence la cité des Castors, mutilé un chemin forestier, masqué une structure somptueuse qui abrite le groupe CPA après avoir été dans une vie antérieure une édénique résidence hôtelière (Le Transat), lui-même implanté dans un immense bois, quant à l'hôtel Le Panoramic, la panoramique baie vitrée de son salon qui donnait sur le même chemin forestier, le pont de Sidi Rached et l'oued Rhumel, a vu se dresser face à elle une tour de dix étages ne laissant à ses clients que le choix d'en regarder la grisaille des murs, le parking à étages qui masque désormais la vieille ville, laquelle n'est plus visible des faubourgs. Sinon, il y a également ce monstre hideux en béton qui trône depuis plus de trente ans sans que n'y soit apportée la dernière touche et qui vient défier la beauté qu'offrent de très beaux immeubles que ses concepteurs ont indécemment fait côtoyer du temps du règne de fonds autoritairement ponctionnés à partir des caisses du Trésor public, des lignes de crédits bancaires bidouillées avec la complicité de responsables dociles et serviles à souhait. Toutes ces agressions sont bien évidemment accompagnées d'autres, à savoir celles essentiellement sonores avec le formidable trafic automobile qu'il va y avoir une fois le Transrhumel mis en exploitation.
Tous ces projets ont été réalisés sans aucune étude d'impact sur l'environnement naturel qu'était jadis celui de Constantine et ce sont «ces assassinats sur ordonnance» qui révoltent notre interlocuteur et alimentent son amertume, tout en réactivant sa nostalgie d'un passé dans lequel il se réfugie. A l'instar d'ailleurs de bien des Constantinois qui voient d'un mauvais œil ce progrès qui ne sert à rien... pas même à créer des emplois... de vrais. Ce ne sont pourtant pas les associations de protection de l'environnement qui manquent à Constantine, lesquelles, bon an mal an, émargent sur une très conséquente allocation financière qui sert à organiser chaque 5 du mois de juin une rencontre où les responsables tombent à pamoison en s'écoutant les uns et les autres, grignotent des petits fours et puis rentrent chez eux pour se donner rendez-vous pour l'année suivante.
Tous les aménagements lancés depuis plus de cinq ans exigeaient une précision chirurgicale pour ne pas dire un travail d'orfèvre. C'était sans doute trop demander. La preuve ? L'actuelle besogne de charcutier à laquelle sont livrés des pans entiers de la ville, des pans regorgeant d'histoire et de mémoire.
A. L.


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