Le coup d'envoi de la 28e Festival international «EntreVues Belfort» du cinéma dans le nord de la France, a été donné samedi dernier et se poursuivra jusqu'au 8 décembre prochain avec une douzaine de films en compétition pour rafler le Grand prix du festival, dont les deux coproductions algéro-française Zenj révolution de Tariq Teguia et Chantier A de Tarek Sami, Karim Loualiche et la française Lucie Dèche. Concernant la sélection de ces deux longs métrages, il est souligné sur le site officiel du festival que ce rendez-vous du 7e art «s'inscrit dans une actualité contemporaine dont il attend que les cinéastes s'emparent. Il ne s'agit pas de proposer une simple sélection de films qui représenteraient, à la fois, un goût et un panorama du cinéma mondial dans son originalité et sa diversité, mais d'offrir un angle de regard qui mette en perspective des nationalités, des âges, des sexes et des économies différentes dont les rapports entre eux forment un tout». Ainsi, c'est tout naturellement que le dernier long métrage du réalisateur algérien Tariq Teguia fait partie de la sélection. Zenj révolution raconte le parcours atypique d'Ibn Battutâ, journaliste dans un quotidien algérien. Un banal reportage sur des affrontements communautaires dans le sud algérien le conduit imperceptiblement sur les traces de révoltes oubliées du 8e au 9e siècle, sous le Califat abbaside en Irak. Pour les besoins de son investigation il se rend à Beyrouth, ville qui incarna toutes les luttes et les espoirs du Monde arabe. D'une durée de 116 minutes, le long métrage est coproduit par l'Algérie, le Liban, le Qatar et la France. Pour rappel, Tariq Teguia avait remporté le Grand prix du long métrage au Festival international de Belfort en 2007 pour son film Roma wala n'touma (Rome plutôt que vous). La deuxième coproduction algéro-française à être en compétition dans le cadre de cette 28e édition, Chantier A ; est un road-movie de la Kabylie à Tamanrasset en passant par Tizi Ouzou, Timimoun, Constantine et Alger. Les cinéphiles découvrent sur grand écran les joies des retrouvailles d'une mère dix ans après un exode forcé. Ressurgit alors la douleur des décès, des assassinats en ces années sombres qui marquèrent cette absence. Le film relate également une quête intérieure à travers un cheminement, une quête à travers le pays. Karim Loualiche avait confié que «c'est notre premier chantier. Le chantier de l'Algérie, tout est en chantier. Avec ce film, on interroge la place de l'être humain dans ce monde Et avant tout, l'ensemble des Algériens. En toute intimité. Comme s'il était plus propice, au fond, de parler de soi pour mieux s'adresser aux autres». Il est à noter que l'émotion serait encore plus intense lors de la projection de Chantier A, en sachant que l'acteur principal qui illumine le grand écran de ses rires et de son énergie est décédé à quelques mois du montage final. Aux côtés de Zenj révolution et Chantier A, une dizaine d'autres films de France, d'Espagne, de Finlande, de Corée du Sud, du Liban, des Etats-Unis, d'Allemagne et de Croatie sont également en compétition dans la catégorie long métrage. Il est également prévu dans le cadre du Festival international «EntreVues Belfort» deux autres compétitions dans les catégories court et moyen métrages. Les organisateurs du festival soulignent que «la ligne que trace EntreVues Belfort entre le passé du cinéma (les grandes rétrospectives patrimoniales) et son futur (la compétition internationale de premiers, seconds et troisièmes films) célèbre le vrai temps du cinéma, l'art du présent par essence». «Entre les auteurs d'hier et d'aujourd'hui, EntreVues dresse le tableau des innovations cinématographiques et œuvre à soutenir et à défendre un cinéma audacieux, au sens politique et artistique du terme. Notre festival veut être pour chaque spectateur un lieu de découvertes et d'échanges, de réflexion et de plaisir», ajoutent-ils. S. B.