Le ministre de la Santé sillonne le pays pour diagnostiquer l'état des établissements du secteur. Plus que la question des budgets alloués aux structures concernées, à leurs capacités d'accueil, il conviendrait de s'interroger désormais en termes de confiance. Et poser la question : pourquoi les Algériens ont-ils peur des établissements hospitaliers de leur pays ? La réponse que donnerait le citoyen lambda est toute simple : la qualité des soins laisse vraiment à désirer. Au Sud, au Nord, à l'Ouest, à l'Est, le malaise est national. Les exceptions qu'on pourrait signaler ici et là ne font que conforter le constat général. Dans les établissements publics, comme chez les cliniques privées, malheur aux patients qui s'y rendent. L'euthanasie n'est pas à l'ordre du jour, c'est une certitude. Mais ce n'est pas une intox que de dire qu'une prescription menant à un hôpital est presque synonyme d'un rendez-vous avec la mort. Ou, au mieux, avec la souffrance. Dans nos hôpitaux, on achève bien les vies des personnes. On se permet même de rendre plus pénible une vie qui arrive. Certaines femmes ont fait l'amère expérience en étant en phase d'accouchement. Une jeune femme, médecin exerçant dans une clinique algéroise, a dû vérifier à ses dépens que donner naissance à une vie est porteur de risque. La jeune médecin, admise dans la clinique où elle exerce pourtant, a souffert le martyre faute d'injections en pareille situation. Son époux n'en revenait pas, lui qui espérait de meilleures conditions dans un établissement qui lui est familier. La situation critique de nos hôpitaux n'a épargné en fait aucun service, y compris celui dédié aux urgences dont il n'y a guère de raison de garder l'appellation. Dans des établissements où ceux qui accompagnent un patient ne trouvent pas d'interlocuteur utile, il est mensonger de parler des urgences. Des scènes semblables se passent quotidiennement dans nos hôpitaux : des victimes d'accidents domestiques ou d'accidents de la route traînent dans les couloirs au vu d'un personnel médical en décalage avec les exigences professionnelles. La situation est plus qu'inquiétante quand un malade est abandonné dans un lieu où il attend soin et prise en charge. C'est manifestement le triste constat. Le mal est désormais plus profond qu'il est temps de modeler les priorités en soignant les hôpitaux pour qu'ils puissent un jour recevoir selon les normes des patients de plus en plus nombreux à souffrir de multiples maladies. Autrement dit : le corps le plus malade, c'est bien le système de santé algérien. Ce même système qui refuse encore de considérer le malade comme un élément essentiel de toute politique de santé. Espérons que les assises du secteur, prévues en janvier prochain, apporteront un début de guérison. A. Y.