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Guerre du pétrole sur fond de guerre religieuse et ethnique
Al-Qaïda montrée du doigt dans la flambée des violences en Irak
Publié dans La Tribune le 10 - 06 - 2014

Chaque jour, l'Irak compte ses morts. Par dizaines et parfois par centaines depuis le début de l'année 2014. Baghdad ne sait plus quelle stratégie adopter pour arriver à bout des groupuscules terroristes qui sèment la terreur à travers tout le pays. Abandonné par les Etats-Unis, pays à l'origine de ce chaos en 2003, sous prétexte de lutte contre le terrorisme international de la présumée nébuleuse islamiste Al-Qaïda, l'Irak de l'après Saddam Hussein, ancien allié de l'Occident avant 1991, s'est transformé en un champ de ruine qu'on n'est pas près de voir se reconstruire d'ici des décennies. Et pour cause, l'Irak a le pétrole dont se servent les puissances étrangères mais il ne dispose pas d'un véritable Etat, avec armée et institutions politiques fortes, pour faire face à la montée des violences. Dans les provinces du nord, frontalières avec l'Iran, chez les Kurdes qui avaient servi d'alliés pour préparer le terrain en 2002 à la chute de Saddam Hussein, leur pire ennemi, les violences armées sont souvent localisées à Mossoul, comme cela était le cas la semaine dernière, durant laquelle l'armée régulière et les autres corps des services de sécurité ont eu de meurtriers affrontements avec des groupes terroristes lourdement armés. Ce face-à-face a fait des dizaines de morts et de blessés, selon des sources locales. Depuis le début de cette semaine, d'autres violences ont eu lieu dans différentes régions du pays, y compris à Baghdad où les attentats à la voiture piégée sont devenus le lot quotidien des habitants de la capitale, que les autorités irakiennes sont incapables de sécuriser malgré le déploiement d'un important dispositif sécuritaire et la révision de la stratégie de lutte contre les groupes armés. L'annonce faite par la presse de dizaines de victimes s'est quasiment banalisée. Et après chaque action armée, l'on ressasse le même discours. Le coupable est en effet vite montré du doigt. L'Etat islamique en Irak et au Levant (Eiil), un mouvement terroriste affilié à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), est devenu le premier suspect dans toutes les atrocités commises en Irak. Né dans le sillage de la guerre civile qui secoue la Syrie depuis mars 2011, l'Eiil s'est vite fait connaître à travers ses actions armées en Irak contre les services de sécurité, contre lesquels il use de l'arme lourde et des mêmes procédés que les éléments d'Aqpa de laquelle il se revendique. Ce mouvement a revendiqué plusieurs attaques mais, depuis quelques mois, toutes les attaques lui sont attribuées, faisant croire que sa capacité de nuisance est plus importante que l'on ne l'imagine et que les autorités irakiennes sont incapables de le décimer. Est-ce parce que les services de renseignements ne font pas leur travail ? Que l'armée irakienne n'est pas suffisamment prête à assurer cette transition sécuritaire, comme l'avait pourtant assuré la Maison-Blanche lorsque Barack Obama avait annoncé que les troupes américaines allaient achever leur retrait total fin 2011? Il est clair que les forces de sécurité irakiennes ne sont pas suffisamment dotées en expérience et en moyen pour lutter contre un terrorisme urbain des groupes terroristes qui avaient mené la vie dure à l'armée américaine entre 2003 et 2007. Mais cela explique-t-il la facilité avec laquelle agissent les terroristes dans certaines zones et la difficulté qu'ils éprouvent à commettre leurs forfaits dans d'autres régions ? Certainement pas.
Nettoyage ethnico-religieux ?
Dans son analyse de la situation politique en Irak, Reidar Visser, chercheur au Norwegian Institute of International Affairs, s'est appuyé sur la composante socioculturelle, ethnique et religieuse pour expliquer l'inévitable recours au système fédéral si Baghdad voudrait sauvegarder son unité politique et territoriale. Le chercheur a fait appel aussi aux archives de l'histoire contemporaine pour illustrer son propos. «Pour certains stratèges américains, la réalité irakienne est simple : le pays est divisé en grandes communautés qui ont chacune depuis des siècles un territoire spécifique. D'ailleurs, ajoutent-ils à l'appui de leur démonstration, l'Irak est très récent puisque la Grande-Bretagne l'a créé de toutes pièces en 1920 en accolant de façon arbitraire trois provinces (wilayets) de l'Empire ottoman qui correspondaient précisément à ces territoires communautaires. Découper aujourd'hui le pays en trois entités séparées ne ferait donc que prendre acte de la géographie humaine et de l'histoire», a-t-il noté dans une tribune publiée dans la très sérieuse revue Alternatives Internationales, en date du mois de septembre 2008. La réalité a fini par rattraper ce pays et ses habitants qui ne semblent plus disposés à vivre ensemble, avec comme héritage des décennies de règne sunnite sous un Saddam Hussein, qui a réprimé toutes les autres composantes de la société, avant l'arrivée des Américains en 2003 pour renverser la vapeur. L'invasion américaine a été facilitée par ces clivages ethnico-religieux qui servent encore d'éléments de blocage politique au plus haut sommet de l'Etat irakien. Les évènements en cours, depuis janvier, dans la province d'Al-Anbar nous apportent aussi leur lot de révélations sur les raisons de l'incapacité des forces de sécurité irakienne à lutter aussi bien contre l'Eiil que contre les autres groupuscules armés qui sèment la terreur et l'instabilité dans le pays. En janvier, les forces de sécurité irakiennes ont organisé une descente à Ramadi, dans la province d'Al-Anbar, pour démanteler un camp érigé par des habitants de la région (sunnites) en signe de protestation contre la politique exclusive du gouvernement du Premier ministre Anouar al-Maliki (chiite). Depuis, cette région connaît une succession de violences qui vont crescendo. L'Eiil a profité de cette occasion pour se placer dans la région et renforcer ses rangs. Mais l'Eiil n'agit pas seul. Les habitants de la région, dont nombreux sont fortement armés depuis l'époque de l'invasion américaine du pays, seraient aussi à l'origine du chaos sécuritaire. Leur soutien implicite à l'Eiil rend la mission des forces de sécurité périlleuse et le travail de renseignement délicat. Or, l'armée et la police ont besoin du soutien de la population locale pour endiguer les violences qui prennent l'allure d'un nettoyage ethnique, progressif et discret. Car, faut-il attendre qu'il y ait des tueries en masse pour parler de nettoyage ethnique ? Derrière la lutte pour le partage du pouvoir, il y a aussi la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières dans le pays. Dans la province semi-autonome du Kurdistan, Baghdad a été mise devant le fait accompli. Le gouvernement autonome s'est imposé à Kirkouk (capitale du Kurdistan irakien) sans faire couler de sang. Si l'Irak opte pour le fédéralisme, il aura à gérer la problématique du partage des bénéfices de l'industrie pétrolière et gazière. Ce qui se passe actuellement dans certaines provinces irakiennes nous renvoie à la guerre ethnique en Centrafrique, où la minorité musulmane est en train d'être délocalisée de Bangui vers le Nord, en prévision d'un éclatement du pays pour faciliter le bradage de ses richesses par les multinationales. C'était le cas au Soudan, qui s'est vu amputé de sa partie sud qui est devenue un Etat à part entière depuis juillet 2011. Le Nigeria est en train de connaître le même cheminement que celui en cours en Irak où les minorités ethniques et religieuses sont la cible d'attaques armées de Boko Haram, dans le Nord musulman de ce pays classé comme premier producteur de pétrole en Afrique. Le retour à la case départ en Irak, avec ce pic des violences armées qui a dépassé celui de 2008, est-il un présage de l'éclatement de l'ancien empire de Babylone ? Seule Baghdad saura nous le dire à travers ses choix politiques qui, eux seuls, détermineront la voie que suivra ce pays.
L. M.


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