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La rue, arbitre entre l'Etat et ses propres agents
Profond malaise et fronde inédite et symbolique dans la police
Publié dans La Tribune le 18 - 10 - 2014

Coup d'Etat à blanc, putsch qui ne dit pas son nom, luttes de clans, malaise au sommet de l'Etat, voilà comment observateurs et commentateurs d'ici et d'ailleurs ont vu la récente fronde, inédite et symbolique, des Unités républicaines de sécurité (URS). Lectures hâtives, intempestives, certainement excessives d'un événement même s'il est sans précédent par son ampleur, sa symbolique et son mode d'expression. Ici et là, les uns et les autres semblent être prisonniers d'une grille de lecture en vigueur depuis les émeutes populaires du 5 octobre 1988 ! Grille de lecture binaire, manichéenne et mécanique qui voit, aujourd'hui surtout, dans le moindre mouvement social à caractère politique, une inévitable lutte de clans au sommet du pouvoir. Plus précisément encore, un bras de fer entre l'armée et la présidence de la République, une lutte feutrée ou un peu bruyante par les temps qui courent entre le «clan présidentiel» et le DRS.
Cette grille de lecture, encore plus prisée dans la presse française, a vécu. En tout cas, sous peine de se tromper systématiquement dans leurs analyses, même avec un certain talent, cette grille doit être dépoussiérée, remise à niveau. Mettre le curseur de l'analyse au niveau de la nature même du régime algérien et des vastes pouvoirs constitutionnels détenus par le chef de l'Etat.
En Algérie, gouvernée par un régime présidentialiste, de tout temps, encore plus depuis 1999, le vrai chef, le premier chef, le chef incontesté, c'est le président de la République. Pour peu qu'il ait la ferme volonté d'exercer pleinement ce à quoi la Constitution lui donne droit, il est le chef de l'Etat, le commandant suprême des forces armées, le patron de l'Exécutif, le ministre de la Défense en titre et de plein exercice et, par voie de conséquence, le chef hiérarchique du DRS et de tous les autres corps de sécurité du pays. Y compris de la police, objet du malaise qui s'est exprimé dans la rue, par URS interposées.
Il n'y a donc ni luttes feutrées ou fracassantes au sommet, ni coup d'Etat silencieux. Ce qu'il y a eu en réalité ? Un malaise il est vrai profond, un ras-le-bol, une colère et une fronde, jamais vus, il est vrai. Dans la réalité, un corps sensible de la Dgsn est sorti dans la rue pour exprimer des revendications sociales et professionnelles acceptables dans leur ensemble même si certaines sont excessives voire irréalistes. Et même si les compagnies d'URS ont manifesté dans le calme et exprimé de façon ordonnée, disciplinée et citoyenne leurs revendications, ils ont en revanche, à leur corps défendant, versé aussi dans la politique. Ils l'ont fait à partir du moment où ils ont exigé le départ de leur premier directeur, M. Abdelghani Hamel. Cette question étant par essence politique, elle relève donc du ressort et de l'appréciation qui sont exclusives du patron de leur patron, à savoir le président de la République lui-même.
Que s'est-il passé encore ? Les manifestants ont été écoutés et apparemment entendus par la hiérarchie de la Dgsn, notamment par le Premier ministre qui s'est exprimé publiquement à ce sujet et qui a reconnu le caractère légitime de la plupart de leurs revendications. Ils ont été reçus, écoutés et entendus par le Premier ministre après avoir récusé les autres intermédiaires que sont le Wali d'Alger et le ministre de l'Intérieur notamment. La suite des événements ? L'avenir de Abdelghani Hamel, dont la légitimité a été fortement contestée alors même que son mode de gouvernance est profondément décrié par cette police de proximité constituée par les URS, est entre les mains du chef de l'Etat. Outre son bilan de gestion qui reste à établir par celui qui l'a nommé à son poste, Abdelghani Hamel semble avoir péché par imprévoyance, négligence ou par cécité même.
Car s'il n'a pas vu venir le mouvement de contestation, qui est pourtant une lame de fond, c'est grave pour le premier flic du pays, payé pour savoir,
prévoir et prévenir. Et s'il a quand même remarqué le mouvement, mais n'a rien fait pour le juguler, le neutraliser, en allant au-devant des problèmes, c'est encore plus grave pour lui. Sauf à s'être enfermé dans une tour d'ivoire et à être devenu sourd aux alertes et autres remontées d'informations par le biais de ses proches collaborateurs. Ou à verser carrément dans l'arrogance et le mépris. Dans tous les cas de figure, le chef de l'Etat aura à en juger et en tirer les conséquences. Le mouvement de protestation, inédit, rappelons-le, par son ampleur et son mode d'expression, notamment par les symboliques sit-in devant les deux bâtiments de l'Exécutif (gouvernement et Présidence), a révélé l'absence flagrante de cadre de dialogue et de concertation entre l'Etat et ses propres agents. Qui plus est, s'agissant des agents de la sécurité de l'Etat et du pays qui sont en première ligne et qui sont visibles.
Ce défaut est essentiellement à l'origine de la fronde au sein de la police nationale où les URS, porte-paroles de la profession, ont réclamé de la considération et un cadre légal de défense de ses droits socio-professionnels (syndicat). Estimant que leurs droits ne sont pas respectés et que leurs doléances itératives ne sont pas écoutées, les URS ont alors investi la rue, devenue l'arbitre entre l'Etat et ses propres agents. Et, plus dangereux encore pour l'Etat et le pays, le seul espace d'expression de la revendication sociale et politique.
Le système politique algérien est toujours rétif à toutes les formes d'organisation, de dialogue et de concertation modernes tels les syndicats autonomes. Il privilégie encore l'autoritarisme, parfois l'arbitraire de l'Administration, l'usage de la force même tempérée et, souvent, les arrangements précaires qui renvoient la vraie solution des problèmes toujours à plus tard.
C'est là une caractéristique de la culture politique dominante depuis l'Indépendance. Le pays risque donc de payer un prix lourd à l'absence de structures non virtuelles de dialogue, de concertation, d'intermédiation et d'arbitrage. Surtout quand tout est fait depuis quelques années pour que le chef de l'Etat, outre ses prérogatives constitutionnelles, incarne à lui tout seul tous ces espaces de dialogue, de concertation, d'intercession et d'arbitrage. N. K.


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