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Ghaza : un enjeu de la contre-révolution
Soumis à un forcing militaro-politique
Publié dans La Tribune le 29 - 01 - 2009

Pourquoi la précipitation franco-allemande à renforcer le blocus de Ghaza ? Car le blocus n'a pas été levé, n'est-ce pas, ni les points de passage franchement rouverts, ni l'aide nécessaire autorisée à entrer à Ghaza où elle arrive au compte-gouttes ! La France a donc envoyé un navire de guerre, un porte-hélicoptères du nom de «Germinal».
Les Allemands ont envoyé des spécialistes et des technologies de pointe pour assister la police égyptienne dans le contrôle des tunnels. La sécurité d'Israël méritait-elle cette rapidité d'exécution des décisions de Charm El Cheikh prises sans un mandat international légal, c'est-à-dire en Conseil de sécurité de l'ONU ? Israël vaut bien une violation du droit international.
Une de plus dans la longue liste des violations. La France, l'Allemagne, l'Angleterre et les autres pays européens protégeront-ils les Palestiniens contre la colonisation rampante, contre le mur de l'apartheid, contre les assassinats, contre le bombardement des plages ghazaouies ? Même avec le cessez-le-feu, protégeront-ils les enfants palestiniens de la mort par des armes interdites ? Ce n'est pas leur souci. Et si la mort d'un soldat israélien hier a soulevé un tollé, la mort de trois civils palestiniens et les bombardements de la marine israélienne survenus la veille et l'avant-veille n'ont dérangé aucun dirigeant européen. Et si le sens profond de la précipitation franco-allemande à renforcer le blocus de Ghaza vous échappe, écoutez Louis Michel, le commissaire européen à la Coopération.
Au milieu des ruines de Ghaza, il a déclaré mardi que le Hamas porte la responsabilité des destructions et de la mort des Palestiniens. Mieux, il a qualifié Hamas de mouvement terroriste et a donné une définition du terrorisme qui laisse perplexe. Hamas est terroriste car il vise des civils. Il faut croire que les bébés et les enfants palestiniens portaient des tenues de combat et utilisaient des armes interdites.
Bref, au plan diplomatique comme au plan militaire, les dirigeants du monde occidental se mobilisent pour assurer la sécurité d'Israël et conforter ses thèses.
L'immense émotion des opinions publiques européennes et américaine laisse froids ces dirigeants. Ils viennent participer à ce blocus qui est un véritable crime contre l'humanité. Les habituelles explications expéditives et sentimentales parlent d'un alignement euro-américain sur Israël, du poids du lobby juif ou sioniste selon les expressions des uns ou des autres. L'ambassadeur palestinien à Alger reprenait cette thèse, hier dans un quotidien national, qui blanchit les USA et l'Union européenne. Ces deux grandes puissances sont assez bêtes pour ne pas connaître leurs intérêts et se laisser manipuler. Leurs dirigeants n'ont rien vu des horreurs, des ruines ou des crimes de guerre israéliens ? Ce sont des idiots absolus qu'il faut juste réveiller de l'envoûtement sioniste ? J'ai déjà dit dans un article précédent sur cette question que les Euro-Américains ne s'alignent pas sur Israël mais confortent Israël dans la mission fondamentale qu'ils lui ont confiée en 1948 quand ils l'ont créé comme première colonie «multinationale». Contrer le mouvement de libération arabe, casser les tentatives de construction d'Etats nationaux tentés de récupérer leurs ressources et leurs richesses, laisser planer sur tous les pays de la région la menace de guerres de destruction dès qu'ils atteignent un niveau significatif de développement et notamment la maîtrise des technologies de la chimie et du nucléaire.
Cette intervention franco-allemande en catastrophe, en attendant les autres pays européens, a une réalité. Elle vole au secours d'Israël qui ne pouvait plus continuer son «travail» de nettoyage sans payer le prix le plus élevé, un prix insupportable, dans l'opinion publique mondiale. Les Etats-Unis et les Européens auraient payé avec lui ce prix très fort face à leurs propres peuples réveillés par les images d'El Jazeera, de la torpeur engendrée par l'incessante propagande sioniste des grands médias. Or, il fallait terminer «le travail», désarmer le Hamas, l'étrangler sur le plan militaire tout en lui ouvrant les portes d'une soumission déguisée sous la forme d'une unité avec Abbas assortie de promesses d'argent et d'aides. Unité sur quelle base et pour faire quoi ? Laisser Israël coloniser encore plus de terres, réduire les enclaves palestiniennes pour ensuite invoquer, comme Condoleezza Rice, la réalité du terrain et l'opposer aux aspirations palestiniennes. Voilà la première raison de cette diligence européenne. Continuer le travail d'Israël. Frapper encore et toujours la résistance palestinienne abusivement réduite au seul Hamas. Frapper la résistance sans en avoir à payer le prix. Exercer les pires pressions pour faire céder cette résistance en utilisant tous les moyens, toutes les menaces, toutes les formes de bâton, promettant toutes les carottes contre le renoncement à la résistance. Les dirigeants européens seraient bien en peine de s'expliquer sur leur refus d'accéder à la demande de M. Abbas d'une intervention internationale pour protéger le peuple palestinien des exactions israéliennes, de l'étranglement économique, de la colonisation continue des terres, de la construction du mur déclaré illégal par la cour de justice de La Haye. Cette continuation de la politique israélienne par des moyens européens sans la fronde des opinions publiques est-elle la seule raison ? Il est difficile de séparer le Moyen-Orient et ses ressources stratégiques du reste du monde. Et d'abord de séparer l'action politique et militaire d'Israël du contexte arabe lui-même. Nous savons aujourd'hui que vers le dix-septième jour de l'agression israélienne, Moubarak a téléphoné à G. W. Bush pour lui dire que la montée de la colère populaire mettait désormais en péril la stabilité des régimes arabes amis des USA et d'Israël.
Le «travail» qui devait être rapide a traîné en longueur et en horreurs engendrant une émotion de plus en plus forte. Cette émotion, au fil des jours, se transformait en conscience que les USA et l'Europe se comportaient en ennemis des Arabes d'abord sur le mode du racisme puis en ennemis des peuples arabes sur le mode de la conscience anti-impérialiste. En quelques jours, l'agression israélienne a balayé toutes les illusions qu'entretenaient pêle-mêle les régimes arabes, les ONG stipendiées et spécialisées dans l'apologie des modèles euro-américains de démocratie et de droits de l'Homme, les courants politiques néo et ultra libéraux qui espèrent leur insertion dans les créneaux du capitalisme mondial, les modernistes qui ont épousé les thèses occidentales d'une antinomie entre islam et langue arabe avec les standards de la raison moderne. Dans le monde arabe, ces mêmes courants n'ont pu faire l'impasse des atrocités israéliennes tout en reprenant les thèses de Tzipi Livni, des régimes égyptiens et saoudiens incriminant le Hamas dans la rupture de la trêve. Ils ont été obligés de condamner Israël pour faire le jeu des islamistes avec ses méthodes barbares et de réveiller le radicalisme. Il faut croire que ce radicalisme les dérange ou menace leurs intérêts, leurs rêves d'un commerce sans frontières, leur rêve d'un libre-échange généralisé. Ils ont exprimé à leur manière cette idée que la politique d'Israël met en danger les intérêts à long terme des Euro-Américains. Ils avaient vraiment besoin de conseils, ces Euro-Américains ? Sont-ils en situation de mettre en balance le fanatisme des quelques milliers de colons juifs avec les intérêts de leur commerce, de leurs investissements et des débouchés immenses pour leurs produits dans le monde arabe ? Quelle erreur infantile quand on sait que la solution immédiate de la question palestinienne est la création d'un Etat palestinien ! Ce n'est pas sorcier ! Leur intérêt est de contrôler les ressources énergétiques, leur transport et d'empêcher que les peuples arabes ne se lèvent pour demander leur souveraineté sur leurs richesses. Leur intérêt est de ne pas avoir d'Hugo Chavez dans la région. Pas d'Evo Moralès. Pas d'héritier de Nasser ou de Boumediene. Pas même d'héritier du roi Fayçal. Or, c'est bien de cette menace que les Euro-Américains, les Israéliens et les régimes arabes modérés parlent depuis quelques années en évoquant la menace iranienne. C'est quoi la menace iranienne pour les régimes arabes ? La bombe atomique qui n'existe pas ? Ou la menace d'une contagion révolutionnaire, d'un radicalisme anti-américain qui les engloberait comme relais de cet hégémonisme qui postule à changer le Moyen-Orient ? La réponse se trouve dans les déclarations des dirigeants de ces deux pays. Aussi bien à l'occasion du soutien direct ou indirect qu'ils ont apporté aux agressions israéliennes contre le Liban que contre Ghaza considérées comme frappe contre des alliés de l'Iran. Voilà la deuxième raison de la hâte franco-allemande à prendre le relais d'Israël. Prévenir tout développement d'un radicalisme arabe. Le dispositif mis en place vise à prévenir ce radicalisme et son éventuelle transformation en mouvement populaire contestataire de la domination impériale US. Cette montée en puissance d'une dynamique populaire anti-impérialiste inquiète au plus haut point les Euro-Américains. Peut-être plus les Européens que les Américains pour toutes les raisons de proximité avec le monde arabe et l'affirmation d'une communauté arabe et/ou musulmane comme contre-société dans leurs propres pays.
Maîtriser cette «révolte» arabe leur aurait cependant posé moins de problèmes avant la crise. Le succès du projet UPM, la fortune des idées néolibérales, l'alignement des régimes arabes sur les thèses occidentales étaient autant de garanties que des «révoltes arabes» resteraient circonscrites et facilement mises en échec. Le coût de ces «révoltes arabes» aurait été important bien sûr. L'existence de forces arabes attachées à l'Occident pouvait quand même les dévoyer dans des guerres civiles sans issue sauf si ces révoltes entraînaient une adhésion de masse irrépressible.
Le fait nouveau et inquiétant pour les Européens reste la montée des mécontentements de leurs populations. Les dirigeants européens vont devoir affronter la contestation à l'intérieur de leur forteresse. Grèves, manifestations et débrayages se multiplient. Bien sûr, le spectre politique européen reste dominé par la social-démocratie prête à gérer au mieux les crises du capitalisme. Mais l'existence d'une extrême gauche active et un réveil même timide des partis communistes laissent planer ce danger de la radicalisation de leurs propres mouvements sociaux. Peuvent-ils faire supporter à leurs peuples les coûts des guerres interminables d'Israël ? Cela ne paraît pas raisonnable. Les Européens doivent immédiatement répondre à cette équation. Ghaza était la promesse du feu qui attend toute contestation arabe, tout radicalisme. Le message était clair et mûrement pesé. Israël devait donner aux Arabes le spectacle de ce qui les attend en cas de velléité de résistance. Et le message devait être compris avant que des passerelles, des convergences et des synergies ne naissent entre ces mouvements comme l'émotion des peuples européens le préfigure. Les Euro-Américains ont vécu le mouvement ascendant de leur victoire sur le camp socialiste et de leur domination sur le monde. L'Amérique latine a donné le signal d'un retour des peuples sur la scène de l'Histoire. Les résistances libanaise et palestinienne ont renoué avec les traditions de résistance anticoloniales et d'émancipation des peuples du Moyen-Orient.
Ghaza a été une des tentatives de la contre-révolution mondiale de rependre le dessus avant un réveil généralisé des peuples. Il reste aux USA et à l'Europe la seule solution que le capitalisme connaît pour résoudre ses crises : une guerre mondiale, la troisième.
L'hypothèse est sérieuse. Très sérieuse.
M. B.


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