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Des sites anti-palestiniens dans la blogosphère en Algérie
Des positions racistes y sont exprimées
Publié dans La Tribune le 12 - 06 - 2008

L'union pour la Méditerranée n'occupe pas que les espaces des journaux papier. Elle squatte littéralement la blogosphère et les débats électroniques dont l'anonymat libère les intervenants de beaucoup de tabous et, parfois, de toute précaution de langage. A côté de remarquables contributions ou éclairages, vous trouvez, pêle-mêle, des raccourcis, des poncifs mais surtout des positions et des idées que nos médias ne peuvent laisser s'exprimer, non seulement pour des raisons de convenance mais aussi pour des motifs plus politiques. Racisme et haine s'expriment librement dans ces espaces ouverts qui ont le mérite de mettre au jour et dans sa nudité le refoulé d'une pensée politique qui existe et qui n'est souterraine que par les tabous qui paralysent la pensée légale. Mais l'importance de ces positions dans l'ensemble de ces interventions montre bien que le silence médiatique ne fait que retarder leur examen critique en compliquant encore plus le débat quand les conditions ou la conjoncture le rendront inévitable. Pourtant, ces positions méritent qu'on s'y arrête, des plus vulgaires aux plus sophistiquées.
La position la plus expéditive autour de cette question de l'UPM reste celle du racisme. Les Palestiniens ont tort et n'ont que ce qu'ils méritent parce qu'ils sont des Arabes. La comparaison est vite faite entre un Israël démocratique et des régimes arabes corrompus, autoritaires, héréditaires qui prendraient en otage la question palestinienne pour détourner leurs peuples des vrais problèmes. Pas un mot sur ces «vrais problèmes» mais la solution, pour ces Algériens, est toute prête. En finir avec l'identité arabe et musulmane et choisir la voie ouverte par l'Europe, celle de la démocratie, des droits de l'Homme, de l'ouverture, etc. Comment concilier l'idée des droits de l'Homme, de la démocratie et de l'ouverture avec une position raciste ? Dire que les Palestiniens méritent le sort qui leur est fait parce qu'ils sont arabes et qu'ils portent toutes les tares des Arabes et de leur régime relève du pur racisme. Evidemment, ce racisme se glisse dans des explications «politiques», la nature des régimes arabes mais une explication politique qui reprend le postulat. En étant des régimes arabes, ils n'appartiennent plus aux catégories politiques connues sous les désignations de libéraux, de socialistes, de nationalistes, d'Etat dominant ou dominés, d'Etats féodaux ou capitalistes dans lesquels on classe, en général, les Etats selon leurs options. On les désigne par l'identité linguistique en établissant l'équation à peine non dite que justement ils sont corrompus, despotiques ou autoritaires, héréditaires parce que arabes. L'identité de ces régimes arabes devient en sous-main une fatalité raciale ou culturelle, ce qui revient au même. Du coup, les porteurs de ces idées ferment toute approche historique de la situation politique du Monde arabe. Ils sont comme cela parce qu'ils sont arabes. Bel exemple de cohérence chez des partisans d'une adhésion aux valeurs européennes et d'une ouverture à l'Europe : ils commencent par lui emprunter le racisme. Mais dans leur innocente naïveté, ne lui empruntent-ils pas la quintessence de ses positions idéologiques, le postulat qui explique ses conduites : le sentiment de supériorité. Car, de quelque point de vue qu'on le prenne, le racisme est la croyance active et le plus souvent meurtrière de la supériorité d'une race sur les autres ou de l'infériorité d'une race parmi les autres. Discourir sur une malédiction arabe, un destin lié à la langue, la culture ou la race revient dans toutes les nuances et les détours à postuler à une nature des Arabes, à une essence arabe immuable. Cela revient à les extraire de l'histoire, des conditions historiques, donc des variables, qui ont pu les amener à vivre cette situation. Mais c'est aussi la plus courte des esquives pour élider l'incroyable diversité des options politiques, des régimes, des alliances et des luttes qui fragmentent ce Monde arabe. Le racisme présente cet avantage de créer un monde irréel qui arrange les affaires des racistes car, au fond, est-ce bien les régimes arabes qu'ils attaquent quand tout le monde sait les liens stratégiques qui les lient à cet Occident ? N. Sarkis a révélé cette semaine à Alger que le but réel du prix faible du baril du pétrole a été arrangé par les Américains avec l'aide active des Saoudiens pour mettre l'URSS en difficulté, propos venus en écho involontaire à une déclaration de Gorbatchev qui affirmait qu'avec le prix actuel du pétrole l'URSS ne serait pas tombée. L'Arabie saoudite venait de jouer le rôle de gendarme pétrolier. Tout dans le Monde arabe indique l'intensité des liens de certains régimes avec cet Occident, Europe et Etats-Unis confondus. On ne peut retourner contre ces régimes l'argument d'un modèle occidental dont ils sont de fervents amis mais sur le fond, pas sur la forme ; sur le fond du choix du capitalisme et de ses corollaires : l'abandon de tout ou partie de la souveraineté nationale et l'acceptation du rôle d'Etat vassal. Bien sûr, derrière se profile tout le spectre des groupes sociaux qui ont compris que leur propre développement capitaliste exige un arrimage aux centres vitaux de ce système. Ces régimes arabes qu'ils stigmatisent sont, dans leur diversité culturelle et formelle, l'exacte mesure de ce qu'ils nous invitent à devenir. Pourquoi les attaquent-ils alors qu'en réalité, par leur apologie du modèle occidental, ils n'aspirent qu'à leur disputer leur place ? Mais ils ne les attaquent pas. Ils les jalousent.
En fait, ils attaquent les peuples arabes. Ils les couvrent de quolibets et dans leurs souffrances les plus profondes. Jamais les Européens plus avertis par l'exercice de la domination des peuples et du prix qu'il faut parfois en payer ne se laisseraient aller massivement à de tels propos. Parler ainsi du peuple palestinien en butte à l'une des dominations les plus féroces de l'histoire de l'humanité n'est pas seulement indigne du point de vue moral. Car le point de vue moral ne compte pas et il est inutile de rappeler à beaucoup que ce peuple ne dispose ni de montagnes, ni de forêts, ni d'espace pour opposer une guérilla efficace et, au lieu de lui rendre hommage pour la lutte terriblement inégale qu'il mène, des Algériens l'accablent.
C'est voir tout de suite de quel côté ils se situent et d'abord par rapport à notre propre guerre qui nous avait mis dans un tel besoin du soutien international. Mais comment attaquer les peuples arabes confrontés aux épreuves de résister à la domination impérialiste et de ses relais internes quand les Etats-nations nés des indépendances ont échoué dans leur court temps historique à assurer le développement économique, laissant ouvertes toutes les portes à une écriture du nouveau mythe colonial que c'était mieux avec les colons ? Comment les attaquer quand ils subissent déjà les pressions de courants politiques ouvertement alliés à l'Occident dans ses menées contre les Etats-nations arabes au nom du califat, puis en Afghanistan et qui continuent aujourd'hui la plus grande entreprise idéologique jamais menée d'enferrer nos peuples dans les évitements religieux, faisant des aspects vestimentaires des questions plus vitales que celles du pain et de la domination étrangère ; l'étranger n'étant plus vilipendé que pour les risques qu'il fait courir à notre domination sur nos femmes ? Comment, donc, les attaquer quand on attaque en même temps les pires alliés de ce modèle tant vanté par ailleurs ? En les attaquant dans ce qui constitue leur refus du renoncement : leur culture, leur identité linguistique et religieuse et en tournant ces dernières en dérision, en tares a-historiques et éternelles. En fatalité. Bien avant nos racistes nationaux, tous les colonialismes et tous les systèmes de domination avaient compris que le principal obstacle à la domination de certaines régions du globe tenait à leur long passé de brillantes civilisations. On ne peut soumettre durablement des peuples qui ont produit ces merveilles et à qui leurs histoires délivrent constamment la mémoire de la grandeur. Et bien avant nos petits racistes, des hommes en charge du destin du monde avaient relevé que les lignes de confrontation durable épousaient les frontières immatérielles des civilisations et ce n'est pas un hasard du tout si le monde qui s'éveille et entre en compétition avec l'Occident le fait avec les apports de civilisations millénaires ou plus récentes. Diviser politiquement le Monde arabe, le dévitaliser moralement en aidant les courants idéologiques capables de le détacher des réalités du monde, annihiler la mémoire de sa civilisation participent de son désarmement moral. Mais l'aspect indigne au plan moral ne doit pas dissimuler les aspects politiques autrement plus importants. Stigmatiser les Palestiniens et répéter après Kouchner que nous n'avons pas à être plus palestiniens que les Palestiniens revient à les charger d'une autre tare dont ils ne sont surtout pas comptables. Les Palestiniens se mettent à la même table que les Israéliens parce qu'ils sont dominés mais aussi parce que, dans toute guerre, même la nôtre, il faut bien conclure avec l'adversaire. Mais quel est le fond de cette image ? Nous mettre dans le même statut que les Palestiniens et nous demander de reconnaître la domination d'Israël ? Tout à fait, mais sur un autre registre, infiniment plus grave sur la question de l'Etat. L'Etat d'Israël étant démocratique, il devient par cela infiniment supérieur à ces régimes arabes. Du coup, parce qu'il est démocratique, il devient légitime pour Israël de spolier, de chasser, de tuer les Palestiniens car, de toutes les façons, étant arabes, ces derniers vont aller vers le malheur d'un Etat despotique. Nous connaissions les guerres préventives, nous voilà en pleine prévention des despotismes futurs. Pour ne pas subir la domination de vos frères, acceptez la domination des autres. Quelle dialectique ! Mais si révélatrice ! Les Etats démocratiques ont vocation à dominer le monde. Cette nouvelle version de la colonisation énonce que la démocratie n'est pas seulement un régime politique mais un modèle supérieur. Le racisme change de mots mais reste entier dans ses postulats. Le problème est que les missions civilisatrices de l'Occident hier dans leur forme coloniale et les missions actuelles de l'Occident de démocratisation du monde fonctionnent avec les mêmes arguments : ceux du canon. Et comme hier, ils trouvent chez les peuples visés les relais idéologiques, politiques et, si nécessaire, les nervis pour les bases besognes. L'argument ne manque pas de sel pour les Algériens. C'est que nous avons combattu la domination coloniale d'un Etat démocratique et le raisonnement par le résultat reste que nous aurions dû rester sous domination française au lieu de passer sous celle du «système». Imparable. Et la correction est si facile à faire, il faut retourner sous la tutelle des démocraties européennes en tirant toutes les leçons quant aux idées dévastatrices de libération nationale, de construction d'un Etat national, etc. Les Palestiniens, une fois de plus, ne sont là que comme prétexte à ceux qui dénoncent leur prise en otages. Décidément, ils n'arrivent pas à ne pas ressembler à ces dirigeants arabes qu'ils brocardent.
Mais enfin, il faut bien aussi régler cette question palestinienne pour nous-mêmes. Suivons les conseils de ces inspirés démocrates et asseyons-nous à la même table qu'Israël. Quels vont être nos rapports avec cet Etat ? Des dizaines de pays viennent de signer une déclaration pour l'interdiction des bombes à sous-munitions. Israël a refusé de le faire. Israël refuse qu'on parle de son arsenal nucléaire et aucune inspection n'est tolérée dans son pays. Israël refuse de se tracer des frontières. Israël revendique un accès prioritaire et obligatoire pour toutes les ressources en eau de la région. Israël ne reconnaît aucune loi humaine quant à son mode d'existence et ses relations avec ses voisins car il procède d'une promesse de Dieu. Israël stigmatise toute critique quant à ses actes sous l'intitulé de l'antisémitisme. Au-dessus de hommes, au-dessus de leurs lois, au-dessus de toute discussion, Israël revendique un statut spécial, quelles que soient les raisons avancées. Suivons les conseils de nos petits racistes et reposons la question : s'asseoir avec Israël revient-il à lui reconnaître le statut spécial et dominant qu'il réclame les armes à la main, oui ou non ? Les Palestiniens n'ont plus rien à voir là-dedans. La guerre de libération n'aura abouti qu'à accepter un statut inférieur pour notre Etat. Mais pas seulement avec Israël, avec tous les Etats supposés démocratiques. Ce racisme, dirigé en réalité contre les peuples arabes quand il prend les allures d'une critique des régimes dont il ne fait que dupliquer les relations de suivisme, est un sous-racisme. C'est le racisme du dominé à l'égard du dominé, le racisme du dominé en espérance d'atteindre au statut d'égal au dominant en se payant avec des mots et avec cette sorte de sorcellerie que, pour être comme l'autre, il suffit de ne pas être soi.
C'est un peu plus compliqué et les dominants parce qu'ils sont dominants et riches connaissent depuis que la domination existe combien, parmi les dominés, s'excite et s'exacerbe l'envie de les rejoindre dans leur statut et dans leur opulence. Ils ont besoin de cette envie pour mobiliser domestiques et relais qu'il leur faudra bien recevoir au bas de leurs palais. Ils savent aussi et si bien que le seul spectacle des portes entrouvertes suffit à les enivrer d'avoir approché les maîtres. Et que cela suffit comme récompense. Les Palestiniens n'ont rien à voir dans ces forfaitures. Vraiment rien à voir.
Que nos racistes assument pleinement et tout seuls en laissant ce peuple à ses souffrances. Elles lui suffisent.
M. B.


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