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Pourquoi Donald Trump peut gagner les élections américaines
La coalition démocrate est de taille plus modeste que celle républicaine
Publié dans La Tribune le 24 - 05 - 2016

Quand le promoteur Donald Trump s'est fait connaître, au milieu de l'ère Reagan, certains Américains le considéraient comme le personnage public le moins authentique qui fût. Ces Américains avaient raison. Une génération plus tard, Trump s'est emparé, malgré une opposition féroce, du parti majoritaire au Congrès et a décroché la nomination présidentielle, en convainquant certains Américains qu'il est bien la personne la plus authentique de la vie publique. Ces Américains ont eux aussi raison. Trump incarne le paradoxe qui hante les Etats-Unis depuis la révolution contre-culturelle des années 1960. Il a une bonne chance de devenir le prochain président.
Pour l'émergence de Trump, nous pouvons remercier un changement dans les «rapports de production», comme aurait dit Marx. Les Etats-Unis se sont presque totalement désindustrialisés. Leur économie repose désormais sur différentes technologies de l'information subventionnées par le gouvernement et développées dans les universités. L'essai dont on a le plus parlé depuis un an est The rise and fall of american growth (Princeton University Press, 784 pages, 39,95 dollars), de l'économiste Robert J. Gordon. L'auteur jette un regard sombre sur nos dernières innovations. Des fortunes sans précédent ont été bâties sur la cannibalisation (au travers des licenciements), la sous-tarification (par l'immigration) et le contournement (par le libre-échange) de l'ancienne économie. Mais cela ressemble à un jeu à somme nulle. Nous sommes aux tout premiers stades d'une insurrection contre ce jeu. Trump est probablement la forme la plus bénigne qu'une telle insurrection pourrait prendre.
La rhétorique politique américaine s'est élaborée depuis plusieurs décennies autour d'une société qui est morte avec la guerre froide. Le Parti démocrate représente les cercles dominants de la nouvelle économie capitaliste. Il ne reste rien du parti de la classe ouvrière tel qu'il était il y a une génération, même si le succès du sénateur du Vermont Bernie Sanders dans la primaire démocrate est la preuve que les électeurs souhaitent un tel parti. Les professeurs d'université votent démocrate à une écrasante majorité. Les employés de Google, Apple, Yahoo!, Netflix, LinkedIn et Twitter qui ont contribué à un parti ont versé plus de 90% de leurs dons à Obama lors de la dernière élection présidentielle.
Les démocrates ont cherché à minorer leur identité élitaire en insistant sur leur défense des droits de toutes les minorités, et pas seulement des milliardaires. Mais l'enthousiasme à l'égard de causes significatives de l'ère Obama telles que le mariage gay, les droits des minorités et l'augmentation du nombre de femmes dans les conseils d'administration s'est limité à ceux qui forment ce que l'on appelle le «1%», et qui ont financé ces campagnes. En gros, les démocrates sont le parti de ceux pour qui les choses se sont améliorées au cours de la dernière génération : milliardaires, Noirs, homosexuels, immigrés et femmes occupant de hautes fonctions. Malgré toutes les contradictions, il y a là un intérêt commun, une base pour un parti politique fonctionnel.
Une majorité naturelle
Les Républicains, en revanche, sont le parti de tous les autres - ceux que la dernière génération de la mondialisation a laissés sur le côté. Ils forment une majorité naturelle. Sociologiquement, le Parti républicain ressemble au Front national, mais les milliardaires qui le financent (dont beaucoup sont également des donateurs du Parti démocrate) l'ont empêché de prendre en compte les difficultés dont souffrent la plupart de ses électeurs. Jusqu'à cette année, les républicains basaient leur programme sur les réductions d'impôt en faveur des riches, épargnant au président Obama la nécessité d'y procéder. Dans la demi-douzaine d'élections précédentes, le Parti républicain n'a pas cherché à représenter ses électeurs mais à détourner leur attention et à les neutraliser. Il fallait un outsider comme Trump pour dénoncer ce fait. Il en a été récompensé en obtenant la majorité dans les primaires.
Voici comment fonctionne la relation entre les deux partis. Les législatures républicaines dans les Etats conservateurs tels que l'Indiana, l'Arkansas et la Caroline du Nord ont cherché à faire adopter des lois garantissant (a) qu'aucun citoyen ni aucune entreprise ne sera tenu de contribuer à la célébration d'un mariage homosexuel s'il le désapprouve pour des raisons religieuses, et (b) que les hommes qui se définissent comme «femmes transgenres» ne pourront pas utiliser à leur guise les toilettes femmes.
Les mariages homosexuels et les droits des transgenres, quel que soit le point de vue personnel de chacun à leur sujet, sont des priorités élitistes qu'a prises en charge le Parti démocrate. Les électeurs des Etats républicains y sont hostiles. Pourtant, à peine ces lois étaient-elles votées que diverses célébrités et grandes entreprises ont menacé publiquement de boycotter les Etats concernés si ces textes n'étaient pas abrogés. La liste est longue et guère surprenante : de Walmart à la Ligue de football américain en ce qui concerne le mariage gay, de la Deutsche Bank au musicien Bruce Springsteen à propos des droits des transsexuels. Les riches donateurs sont le moyen par lequel les souhaits du Parti démocrate sont transmis au Parti républicain.
Quoique novice en politique, Trump a montré que certains de ses talents d'homme d'affaires le servaient efficacement dans ce nouveau domaine. Début mars, après ses victoires contre le chrétien conservateur Ted Cruz dans le Sud, les observateurs politiques s'attendaient à ce que Trump adopte un ton conciliant afin de consolider sa popularité parmi les électeurs modérés. Ce ne fut pas le cas. Il souligna la réputation de Cruz pour les manœuvres politiques douteuses et le surnomma «Ted le menteur» («Lying Ted»). Presque personne ne comprit la logique de Trump.
Six semaines plus tard, il devint évident que la principale menace qui aurait pu empêcher la nomination de Trump n'était autre que les tentatives de Cruz de manipuler les règles du parti afin de monter contre lui la convention républicaine de l'été. Trump avait fait en sorte que, fin avril, lorsque le plan de Cruz apparut au grand jour, tout le pays connaisse son adversaire sous le sobriquet de «Lying Ted».
Il est difficile d'évaluer les chances de Trump de remporter la présidence en novembre prochain. Tous les calculs sont fondés sur l'hypothèse que nous allons assister à une compétition politique classique, avec les questions habituelles sur les taux d'imposition, la puissance militaire et lequel des deux candidats est le meilleur patriote. Or, les choses ne se dérouleront pas ainsi. Jusqu'ici, une liste soigneusement épurée de problèmes acceptables s'était avérée un outil efficace de collecte de fonds pour les politiciens des deux partis. Trump a rendu un grand service au pays en la mettant en pièces. Ce faisant, il a quelque peu desserré l'emprise du politiquement correct sur le discours politique américain.
Une contradiction mortelle
Dans une démocratie occidentale, n'importe quel candidat des perdants de la mondialisation part avec un certain avantage. Du fait que la mondialisation produit plus rapidement des perdants que des gagnants, la coalition démocrate est au départ d'une taille plus modeste que la coalition républicaine. Les électeurs américains sont prêts à rejeter la configuration politique du dernier quart de siècle. Et c'est probablement ce qu'ils feront, à moins que le Parti démocrate ne parvienne à les en empêcher en leur faisant peur.
Face à l'ascension de Trump, observateurs et experts, en France comme ailleurs, ont demandé aux Américains de se souvenir que, lorsqu'ils élisent un président, ils le font aussi pour le monde entier. La remarque n'est pas fausse, mais elle repose sur une logique mortelle, une contradiction au cœur du système mondial. Depuis la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis sont la fondation de ce système. Ils tirent leur légitimité de leur Constitution et de leurs valeurs démocratiques. Mais un système impérial doit être stable - or, aucune vraie démocratie ne l'est jamais. Comment une institution pourrait-elle rester stable en offrant de vrais choix ? Depuis plusieurs décennies, les Etats-Unis tentent de masquer le problème en proposant de faux choix. Le pays a fini par présenter au monde un visage que les élites mondiales trouvent attractif, mais que ses propres citoyens ont de plus en plus de mal à reconnaître. Trump en est la conséquence.
C. C. (Traduit de l'anglais par Gilles Berton)
*Journaliste américain. Il est notamment éditorialiste au Financial Times et auteur d'Une révolution sous nos yeux. Comment l'islam va transformer la France et l'Europe (Edition du Toucan, 2011).


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