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Le débat manqué de la transition énergétique
Plutonium :

Le réacteur G2, mis en service en 1958, a été arrêté en 1980, son démantèlement a débuté en 1986 et devrait s'achever vers 2035
Depuis l'origine, les choix nucléaires français sont dominés par l'enjeu sur les matières nucléaires. Qu'en sera-t-il demain, à l'heure des économies de gestion, dans la filière et chez EDF, et alors que la bombe atomique n'est plus un enjeu ?
Ayant longtemps vécu à l'abri du monopole, EDF est désormais à l'heure de sévères économies de gestion. Or, le plutonium coûte très cher, et la question va donc se poser : à quoi sert-il aujourd'hui ?
La filière plutonium (pudiquement dénommée «cycle du combustible» pour éviter de prononcer le nom sulfureux d'une matière maléfique chargée de mystère), c'est le retraitement des combustibles usés, le surgénérateur rebaptisé «quatrième génération», le combustible MOx.
Pour comprendre l'enchaînement, il faut remonter au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et à l'ambition nationale de se doter de la bombe atomique, indispensable au maintien du statut de grande puissance. Puis se pencher sur les phases de disputes - que j'ai pu vivre de l'intérieur, comme jeune ingénieur des Mines, collaborateur des pères-fondateurs Pierre Guillaumat (*) et André Giraud, et comme directeur de la prospective d'EDF.
Deux voies possibles
A cette fin, il faut disposer de matières fissiles. Deux voies sont possibles, toutes deux complexes et coûteuses. L'uranium enrichi, produit par la séparation isotopique : à haute teneur en 235, il est de qualité militaire ; à faible teneur, il est utilisé comme combustible pour produire de l'énergie électrique. La filière plutonium, elle, consiste à irradier l'uranium naturel puis à séparer le plutonium engendré par voie chimique (le retraitement).
La transmutation s'opère dans les piles atomiques, qu'on rebaptisera réacteurs électronucléaires lorsque la hiérarchie des usages se sera ensuite inversée - la production d'énergie électrique étant devenue la finalité première, le plutonium un sous-produit, un «déchet».
Pôle atomique ou pôle électrique, qui doit piloter ?
Qui est le sous-produit de qui ? C'est la technologie duale parfaite, à usage mixte civil et militaire. Pour gérer le nucléaire, deux organismes d'Etat sont mis en place à la Libération : le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et Electricité de France.
Dès lors, la question est de savoir qui doit piloter la matière stratégique, alors que les textes - comme les rapports de force politiques - confèrent une légitimité équivalente au pôle atomique et au pôle électrique ? Bien plus que des entreprises publiques stratégiques, ce sont deux puissants corps sociaux, deux institutions majeures de la France nouvelle de l'après-guerre. D'un côté, la planification, les investissements de la Reconstruction, la CGT, le service public, la présence ubiquitaire sur tout le territoire, dans chaque bourgade, dans chaque famille ; de l'autre, les grands scientifiques, l'indépendance nationale, les Gaullistes.
Au nom de l'impératif stratégique, le CEA impose son choix, celui de la filière graphite-gaz qui permet de générer du plutonium à partir d'uranium naturel, alors que la France ne possède encore qu'une seule usine d'enrichissement de taille modeste à usage militaire. Encore n'est-il pas l'exploitant des centrales, à la différence de l'URSS par exemple, où c'est le ministère atomique qui gère les centrales nucléaires et non le monopole électrique.
EDF, de son côté, préfère la filière à eau légère pressurisée de Westinghouse : mais elle a le grave défaut d'être américaine. Bien que quasiment accusée de trahir l'intérêt national, EDF fait le bon choix technique, qui prévaudra partout, quand l'Angleterre échouera en perdurant avec le graphite-gaz.
Le grand Yalta nucléaire
Après l'accident de Saint-Laurent-des-Eaux, en 1969, la dispute sera résolue par la renonciation au graphite-gaz (qui se souvient que la pionnière Fessenheim était programmée pour être une graphite-gaz) et la mainmise (pour un coût modeste, grand succès français) sur la technologie Westinghouse, francisée par EDF et Framatome. Et surtout lorsque le CEA entreprendra la construction de l'usine d'enrichissement du Tricastin et celle de l'usine de retraitement de La Hague, successeur du site de Marcoule.
Dans l'accord qui s'ensuivra, EDF impose le choix de sa filière préférée. En contrepartie, le CEA fait prévaloir son raisonnement sur le cycle du combustible pour continuer de justifier la production de plutonium.
En réalité, on n'en a plus guère besoin pour la force de frappe. L'argumentaire atomique a changé : l'enjeu désormais, c'est de recycler pour alimenter le surgénérateur, source d'énergie quasiment renouvelable, et pour fabriquer le combustible MOx, qui pourtant n'apporte rien par rapport à l'uranium enrichi. Et EDF accepte sans rechigner de payer la lourde facture de la filière plutonium, répercutée sur l'usager du service public.
Après vingt ans de coexistence harmonieuse, qui permit la remarquable réussite de notre programme nucléaire, la rivalité renaîtra, cette fois pour le leadership à l'exportation de «l'équipe de France du nucléaire», la fusion Cogema-Framatome en 2000 ayant autorisé le fournisseur, renommé Areva, à rompre le délicat équilibre des forces pour s'ériger (témérairement) en rival de son client.
Discuter la filière plutonium n'est pas affaiblir le choix français
Désormais, l'autorité est clarifiée, sous l'égide du partenaire le plus riche. La logique de la puissance financière, celle d'EDF, a fini par prévaloir sur l'objectif stratégique, et le pôle atomique, ayant dû reconnaître n'avoir pas les moyens de son ambition industrielle, n'a plus les moyens d'imposer ses choix à EDF. Maintenant, c'est la compétitivité et la chasse aux coûts inutiles qui s'impose.
Pour autant, EDF, toute riche qu'elle fut, commence à ressentir sérieusement la contrainte financière, assiégée de tous côtés, par la concurrence et la baisse des prix de l'électricité, la politique de soutien aux renouvelables, les exigences de la sûreté et de la maintenance, et le coût des ambitions internationales.
Du coup, va-t-on bientôt se poser la question du rapport coût-bénéfice du plutonium ? Hier matière prométhéenne sans prix, bientôt déchet atomique... Si la filière plutonium est un choix subi, au nom de l'impératif stratégique et d'un rapport de forces révolu, une mesure de transparence pourrait consister à comptabiliser son coût dans les charges du service public de l'électricité, à l'instar du coût des énergies renouvelables (CSPE). Il est du même ordre de grandeur, de quelques milliards d'euros.
La viabilité économique du choix nucléaire français, hier sans conteste, est aujourd'hui soumise à examen, dans un contexte financier tendu.
Mais le nucléaire n'est pas un bloc : on peut discuter de la filière plutonium sans pour autant affaiblir le choix nucléaire français, au contraire. Curieusement, la question n'a pas encore été posée : c'est le débat manqué de la transition énergétique. Pourtant, l'époque est lointaine où Pierre Messmer, père du programme électronucléaire français, déclarait à la tribune de l'Assemblée nationale : «Il est des secrets militaires qui se traduisent par des silences budgétaires»...
C. S.
In lemonde.fr


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