Le Sénat brésilien s'est prononcé hier pour un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff qui pourrait conduire à sa sortie définitive peu après la fin des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Le Sénat brésilien s'est prononcé hier pour un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff qui pourrait conduire à sa sortie définitive peu après la fin des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Après quelque 15 heures de débats, les sénateurs, qui votaient à la majorité simple, se sont déclarés par 59 voix contre 21, pour la tenue du procès de Rousseff, suspendue depuis le mois de mai sous l'accusation de maquillage des comptes publics. C'était l'avant-dernière étape d'un marathon politique entamé il y a plusieurs mois à Brasilia : après le vote d'une commission spéciale de sénateurs jeudi dernier, le Sénat s'est cette fois prononcé en séance plénière. Les adversaires de la présidente de gauche du Brésil n'avaient besoin que de la majorité simple, sur 81 sénateurs, pour pousser vers la sortie Rousseff, la dauphine politique de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, principal artisan de l'attribution en 2009 des JO à Rio de Janeiro. Rousseff a été suspendue de ses fonctions le 12 mai par la chambre haute et c'est son ancien vice-président devenu son rival, Michel Temer, 75 ans, qui assure depuis l'intérim à la tête de l'Etat. Pour les deux camps, l'issue ne faisait guère de doute. «La présidente est toujours plus isolée. Un isolement très grand qui s'est aggravé ces dernières semaines et qui concerne même son propre parti», avait déclaré le sénateur Aloysio Nunes, du parti social-démocrate PSDB. Ce dernier est le principal parti d'opposition au Parti des Travailleurs (PT, gauche) de Rousseff et un soutien de Temer (Pmdb, centre droit). Du côté des alliés de Rousseff, la sénatrice Vanessa Grazziotin avait concédé par avance la défaite. «Ils vont y arriver avec une certaine facilité», regrettait-elle. Après cette nouvelle étape, le procès de Rousseff devrait s'ouvrir le 25 août, quatre jours après la fin des Jeux olympiques, et durer cinq jours. Le vote final se fera à la majorité des deux tiers. En cas de destitution définitive de la présidente, ce sera la fin de plus de 13 ans au pouvoir pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche). Michel Temer, 75 ans, remplacera alors Dilma Rousseff jusqu'à la fin de son mandat, fin 2018. Rousseff serait alors le deuxième chef de l'Etat brésilien à être écarté du pouvoir, après Fernando Collor en 1992. Collor avait démissionné trois mois après l'ouverture d'une procédure de destitution pour corruption, au moment où le Sénat s'apprêtait à le reconnaître coupable. La présidente, réélue pour un second mandat de quatre ans fin 2014, est accusée d'avoir maquillé les comptes publics et d'avoir signé des décrets engageant des dépenses non prévues au budget sans avoir demandé au préalable l'accord du Parlement, une pratique à laquelle ses prédécesseurs ont largement eu recours. Rousseff conteste formellement avoir commis un quelconque «crime de responsabilité» et dénonce un coup d'Etat institutionnel ourdi par Temer et la droite brésilienne. R. I.