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Revenir à la croisée des chemins
Publié dans La Tribune le 13 - 10 - 2016

Dans le cheminement d'une nation depuis son avènement, elle se retrouve parfois face à un choix déterminant pour son devenir. Elle est à la croisée des chemins et elle doit choisir sa voie parmi celles qui lui sont proposées. L'Algérie indépendante a été confrontée, à deux reprises au moins, à ce choix difficile. Avouons-le, elle a mis une remarquable constance à se tromper.
En 1962, plusieurs options se présentaient. On pouvait reconduire le GPRA en lui confiant la mission de faire élire une assemblée constituante chargée, comme son nom l'indique, de rédiger une Constitution et de soumettre son approbation au vote populaire. C'était le vœu de feu Hocine Aït Ahmed. La ferveur de la libération aidant, nul doute que le peuple aurait accueilli avec bonheur une telle initiative et qu'il aurait répondu en force à l'appel aux urnes. Cela aurait eu un double mérite : en premier lieu, la libération du pays débouchant sur la consécration, par le peuple, de la démocratie, aurait enraciné celle-ci dans notre pays. En deuxième lieu, on aurait établi ainsi un continuum entre la guerre d'indépendance et la guerre du développement, l'acteur principal de celle-ci comme de celle-là étant le peuple. Au lieu de cela, c'est un pouvoir autoritaire qui a pris les commandes, en signifiant aux Algériens qu'ils n'avaient pas le droit de se mêler de ce qui les regardait…
L'Histoire repasse rarement les plats. Elle nous a cependant offert une nouvelle opportunité, au prix de la mort de centaines de milliers de nos compatriotes. C'était, on l'aura compris, au lendemain de la décennie noire. Celle-ci résultait elle-même de la politique erratique qui avait été menée jusque-là. En toute logique, l'horreur de cette tuerie aurait dû signifier la fin de l'autoritarisme et nous inciter à revenir à la croisée des chemins. Oui, il aurait fallu revenir à 1962 et redonner vie aux options dont nous disposions alors, notamment celle de la Constituante et de la démocratie. Au lieu de cela, nous avons retrouvé les mêmes acteurs, le même théâtre d'ombres, les mêmes gesticulations, sur fond d'un silence insoutenable sur les tenants et les aboutissants de la déferlante terroriste. La corruption s'est développée et devient une donnée structurelle. Plus grave, elle a atteint désormais les citoyens. Donner un peu d'argent en échange d'un passe-droit est devenu banal… Les signes d'enrichissement sont ostentatoires. Villas et berlines de luxe font partie du paysage. Toutes les marques d'un affaissement moral sont là : la violence est devenue endémique. L'absence absolue de scrupules est devenue la règle. Comme il faut bien s'arranger avec l'au-delà, cette perte de sens s'accompagne d'un regain de religiosité qui ne retient de l'Islam que le dogme, à des années-lumière de son esprit. Le signe le plus patent de cette pathologie est précisément cette cohabitation entre l'absence de morale et l'ostentation dans la pratique du culte. Cette schizophrénie n'engendre pas le bonheur. Les relations sociales sont marquées du sceau de la méfiance, voire de la violence. Il subsiste tout de même des traces d'un passé si proche. L'hospitalité, l'attention aux autres, la déférence envers les vieillards, sont encore présentes, mais tendent à s'estomper…
Nous avons encore une possibilité, la dernière peut-être, de changer le cours d'une histoire qui nous mène à la catastrophe. Il faudrait revenir à octobre 1988, saluer la mémoire de nos jeunes garçons fauchés par les fusils d'autres jeunes garçons qui leur ressemblent en tout point, à part leur uniforme. Cette bouffée de violence a offert son lot de mirages, l'apparente ouverture des champs politique, syndical, médiatique, qui a fait naître le fol espoir d'une Algérie enfin renouvelée. L'espoir s'est fracassé. Comment en aurait-il pu être autrement, alors que le personnel politique n'avait pas changé et que, pour prévenir l'avènement d'une alternance démocratique véritable, le système avait permis au diable de sortir de sa boîte et d'assassiner des centaines de milliers de nos concitoyens ? Ce même pouvoir avait réussi le tour de force de survivre à cet abominable massacre sans rendre aucun compte à sa population meurtrie. C'est encore lui qui est aux manettes, défaisant chaque jour un peu plus le fragile tissu social.
L'un de ses archétypes, M. Ouyahia, vient de se signaler dans l'affaire de la demande de restitution des crânes de nos résistants assassinés, puis décapités. Ces crânes se trouvent au Musée de l'Homme. J'ai pris l'initiative de lancer une pétition qui a recueilli près de 30 000 signatures. La presse s'en est largement fait l'écho en Algérie et en France. Je pensais naïvement que cette cause était de nature à nous unir et, peut-être, de nous redonner un souffle. J'ai été extrêmement surpris d'apprendre que des députés avaient refusé de signer une pétition lancée en Algérie même. J'ai été sidéré d'entendre M. Ouyahia s'interroger à voix haute sur l'utilité de rapatrier ces crânes et d'exprimer sa préférence pour leur maintien au Musée de l'Homme, à Paris. Il avance comme argument central qu'«en enterrant ces restes en Algérie, on finirait par les oublier» alors, qu'à Paris, ils peuvent continuer de servir de mémoire pérenne sur les horreurs du colonialisme. Ne s'est-il trouvé personne pour lui signifier que, pour l'heure, la «mémoire» pérenne tient dans des boîtes à chaussures, enfermées dans une armoire métallique, dans les caves du Musée de l'Homme ?
Il faut le redire avec force. Ces crânes doivent recevoir une sépulture digne en Algérie. A la faveur de ce retour, le temps sera venu d'éclairer ce pan de notre histoire. Nous devons faire connaître la réalité de ce qu'a été la colonisation et de ce que celle-ci a détruit dans la société d'alors. Pour l'anecdote, voici un trait qui la décrit parfaitement. Un ancien maire de ma bonne ville de Mascara m'a raconté qu'en fouillant dans les recoins de sa mairie, il était tombé sur un manuscrit signé d'une sociologue française, datant de l'époque de l'Emir Abdelkader, intitulé la Douceur de vivre à Mascara. Elle parle, entre autres, d'une maison baptisée «Dar El Metouaâmat» (la maison des femmes enceintes qui ont des envies). Une très grande table y était dressée en permanence, chargée de tous les fruits de la terre. Les Metouaâmat venaient se servir et repartaient sans autre forme de procès. N'est-ce pas là un signe de cette civilisation que les colons d'hier et d'aujourd'hui, assistés de leurs harkis d'hier et d'aujourd'hui, voudraient nous dénier ?
B. S.
*Ecrivain, maître de conférences et militant algérien. Professeur de sciences physiques à l'université de Cergy-Pontoise en France.


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