Le ministre de l'Industrie et des Mines est content. La raison en est, comme il le dit lui-même, que, «pour la 1re fois depuis l'institution du Rapport Doing Business par la Banque mondiale en 2003, l'Algérie enregistre une progression significative de sept places dans le classement de 2017». Mieux, Abdesselam Bouchouareb est satisfait puisque notre pays «est même en tête des pays réformateurs au Maghreb en 2016». Satisfaction personnelle mise à part, on est tout de même d'accord avec lui lorsqu'il juge que l'Algérie «rompt ainsi avec le cycle de repli même si l'évaluation du DB 2017 n'a pas inclus toutes les réformes, celles-ci intervenants après la clôture de l'évaluation». A l'exemple, comme le rappelle le ministre, du nouveau code des investissements promulgué en août dernier et «ses nombreuses dispositions pour la facilitation et la réduction des procédures et des délais ainsi que les textes relatifs à la compétitivité de l'économie». Un tantinet réaliste, Bouchouareb souligne que «l'amélioration du climat des affaires est un objectif permanent et une action collective constante». Manière de suggérer que le progrès réalisé est certes appréciable mais que beaucoup reste à faire et à parfaire. Cependant, les choses semblent bouger un peu sur le terrain, croit-il savoir ou est-ce, de sa part, juste la manifestation d'un espoir de voir encore les choses s'améliorer ? Peut-être que l'actif et volontariste ministre du gouvernement Sellal a de bonnes remontées du terrain ? Espérons-le en tout cas. Et retenons, au passage, sa volonté et celle du gouvernement, «déterminés à poursuivre les efforts de réformes pour concrétiser la nouvelle politique d'investissement et relancer le développement industriel dont l'amélioration de l'environnement des affaires est une composante essentielle». Et prenons-en les bons augures pour notre part. Toutefois, le contentement du ministre et sa satisfaction sont à pondérer un tant soit peu. Le classement Doing Business comprend 190 pays et le nôtre est cette fois-ci au 156e rang. Loin derrière la Tunisie (77e), le Maroc (68e), l'Egypte (122e); et moins bien classé que les Territoires autonomes palestiniens (140es) et encore pas trop éloigné de l'Irak (165e). C'est dire que malgré le saut qualitatif dont s'est félicité notre ministre de l'Industrie, force doit rester donc à la pondération et la modestie. Car, en matière de régulation favorable à l'activité commerciale, au climat des affaires et à la protection des droits de propriété, beaucoup de progrès reste à accomplir, ici, maintenant et parfois vite si nécessaire en matière de facilité à faire des affaires. Il s'agit notamment de la création d'entreprise, l'octroi de permis de construire, le transfert de propriété, l'obtention de prêts, la protection des investisseurs minoritaires, le paiement des impôts (surtout), le commerce transfrontalier, l'exécution des contrats et le règlement de l'insolvabilité. Sans oublier la réglementation du marché du travail qui n'est pas incluse dans le classement de cette année, il faut le dire. En attendant les avancées escomptées, l'Algérie fait partie en juin 2016 des 137 économies qui ont vu une amélioration de leur cadre réglementaire l'année passée. Entre juin 2015 et juin 2016, la Banque mondiale a en effet répertorié 286 réformes touchant l'environnement des affaires. Entre autres, celles qui visent à réduire la complexité et le coût affectant l'environnement des affaires, et celles concernant la création d'entreprises sont les plus fréquentes en 2015-2016. N. K.