Le tribunal criminel d'Annaba a condamné, jeudi dernier, tard dans la soirée, Jean-Michel Baroche, ressortissant français patron d'une agence de mannequinat, Algerian development agency, à 6 ans de prison ferme assortis d'une amende de 26 millions de dinars. Son associé, Réda Briki, qui détient 51% de la société-écran, a écopé de 5 ans de prison ferme et d'une amende de 20 millions de dinars. Quant au vice-président de l'Assemblée populaire communale (APC) d'Annaba, Saadni Abdennacer, impliqué dans cette affaire, il a été condamné à 3 ans de prison ferme et une amende de 10 millions de dinars, alors que l'employée de la wilaya, Fadela Amrane, absente au procès, a, elle, été condamnée à 5 ans de prison ferme par contumace. Les deux médecins accusés d'avoir pratiqué des avortements ont, quant à eux, été acquittés faute de preuves. Les chefs d'accusation retenus contre les prévenus sont : constitution d'un réseau international de prostitution, détournement de mineures et incitation à la débauche, production et diffusion de films X sur Internet, consommation de drogues et de psychotropes, trafic de devises, faux et usage de faux. La défense n'a pas pu démonter ces chefs d'accusation, d'où ces condamnations qui sont tombées comme un couperet anéantissant les espoirs de certains parmi les accusés de se voir blanchis et acquittés. Jean-Michel Baroche, 71 ans, principal accusé dans cette affaire qui avait défrayé la chronique en 2012, occultant complètement la campagne électorale pour les législatives, a comparu complètement défait ayant perdu cette ardeur et cette vigueur qu'il avait déployée lors du procès en première instance. L'homme se savait condamné par le fait que les preuves présentées quant à sa culpabilité dans cette affaire de mœurs étaient irréfutables. Le verdict prononcé l'a quelque peu soulagé sachant qu'il a déjà passé en prison quatre ans et demi et qu'il ne lui reste à purger que 18 mois et l'amende infligée à payer. L'affaire remonte au 23 avril 2012 lorsqu'une plainte avait été déposée par une mineure qui avait tout déballé, accusant Jean-Michel Baroche d'être derrière un réseau de prostitution et qu'elle avait été trompée car elle croyait qu'elle avait été retenue lors des castings pour être formée comme mannequin. L'enquête menée par les services de la police judiciaire avait donné lieu à l'interpellation d'une cinquantaine de personnes, dont 32 avaient été présentées au magistrat instructeur. Baroche, en tant que patron de cette société, cinq médecins, dont deux gynécologues, un imam, le propriétaire d'une villa, un patron d'hôtel sur la côte, un chauffeur, une ex-fonctionnaire de la wilaya, un gardien et des mineures impliquées dans ce scandale devaient ainsi répondre de leurs actes devant la justice. Dix mandats de dépôt avaient alors été ordonnés par le magistrat instructeur près le tribunal d'Annaba. Sous couvert de cette agence et avec la complicité de ses acolytes, Baroche recrutait des jeunes filles, de préférence mineures, pour soi-disant se constituer une équipe de mannequins. Ces dernières, attirées par le gain et par le fait qu'elles pourraient faire carrière dans ce métier à l'étranger, s'étaient complètement investies dans cette entreprise. Mais les choses ont évolué autrement. Profitant de leur crédulité juvénile, Baroche les droguait pour les passer au lit en prenant des photos et en filmant des scènes pornographiques. Ces films sont ensuite revendus au prix fort sans que ces jeunes filles ne se doutent de rien, puisqu'elles étaient sous l'emprise de drogues et d'alcools lorsqu'elles subissaient ces viols maquillés en séquences où les partenaires sont présentés comme consentants. Ensuite, avec le concours de gynécologues, on procédait à la réparation des hymens pour que les jeunes victimes «recouvrent» leur virginité perdue. Avec ce verdict rendu par la justice, l'opinion publique à Annaba, qui a suivi de près ce procès, est satisfaite. «Ils ont eu ce qu'ils méritent. J'aurais aimé les voir condamnés à des peines plus lourdes, mais c'est déjà ça», nous a confié un des parents des mineures victimes. Mais dans cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre du fait de la nature des infractions commises et qui touchent aux mœurs, il y a une part de responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants qui, du fait de leur innocence et de leur crédulité, sont tombés dans ce traquenard que des individus sans foi ni loi ont minutieusement tendu. M. R.