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Brexit : les relocalisations des banques en Europe
Dictées par le social et le fiscal
Publié dans La Tribune le 08 - 12 - 2016

Paris, Francfort, Milan ou Luxembourg rivalisent d'arguments pour accueillir la finance londonienne, qui évalue ses options en cas de perte d'accès au marché unique. Voici en quatre points les enjeux et les critères clés des grandes banques étrangères qui planchent sur l'hypothèse d'un «hard Brexit».
Paris, Francfort, Milan ou Luxembourg rivalisent d'arguments pour accueillir la finance londonienne, qui évalue ses options en cas de perte d'accès au marché unique. Voici en quatre points les enjeux et les critères clés des grandes banques étrangères qui planchent sur l'hypothèse d'un «hard Brexit».
La Défense, décembre 2018. De nouveaux gratte-ciel ont poussé sur l'Esplanade, à quelques mètres des tours de la Société Générale, arborant les logos de Goldman Sachs, JP Morgan et Bank of America. Pendant ce temps, le prix du mètre carré à Canary Wharf, à Londres, s'est effondré. Fiction totalement improbable, même dans les rêves les plus fous des défenseurs de la place de Paris ? C'est effectivement ce qui ressort des premières confidences des grandes banques étrangères implantées à Londres, américaines en tête.
Depuis le référendum du 23 juin, elles ont mis en place des «task forces Brexit», rassemblant des équipes des ressources humaines, de la direction financière, du juridique et de la conformité, pour évaluer leurs options. Mais aucune n'a annoncé de projet de relocalisation massive en région parisienne. Ni pour l'instant dans d'autres métropoles européennes officiellement, en dépit des rumeurs.
Paris, Francfort, Amsterdam, Luxembourg, Milan et Dublin, entre autres, rivalisent d'arguments pour accueillir ces entreprises et leurs emplois à haute valeur ajoutée. En réalité, ces grandes banques préféreraient ne pas quitter Londres.
«L'idéal pour nous, c'est de rester dans la même situation», confie un banquier d'un établissement américain de premier plan.
Voici expliqués en quatre points les enjeux et les critères clés de cet éventuel «Brexodus» de la finance.
1. Pourquoi les banques devront-elles (peut-être) relocaliser ?
La grande crainte de la City, c'est la perte du «passeport européen» qui donne accès au marché unique : c'est un mécanisme de reconnaissance mutuelle des agréments dans les 28 pays de l'Union permettant à un établissement autorisé par le régulateur d'un pays de pouvoir exercer son activité automatiquement dans tous les autres, et ainsi y vendre ses produits et services.
En l'état actuel des discussions, c'est l'hypothèse d'un «hard Brexit» qui domine : si le Royaume-Uni refuse d'appliquer les 4 libertés, en particulier la libre circulation des personnes, il perdra son accès au marché unique (le gouvernement de Theresa May considérerait lui-même «peu probable» de le conserver).
«Que ce soit un Brexit hard ou soft, il faut que nous soyons prêts à toutes les éventualités. Nous sommes obligés de présupposer le scénario du pire», confiait le mois dernier Jim Cowles, le patron de Citigroup pour la région Europe Moyen-Orient Afrique.
Officiellement, dès l'activation du mécanisme de retrait (l'article 50 du traité de l'UE) par le gouvernement britannique, le compte à rebours de deux ans sera lancé. Un temps très court pour une grande organisation si elle doit se restructurer.
En cas de perte du «passporting», les établissements financiers non européens (et les britanniques très actives à l'international comme HSBC et Barclays) devront établir une entité dans un pays de l'UE, s'ils n'en ont pas déjà, ou la renforcer, pour ne pas se couper de ce marché important (grandes entreprises clientes émettant des actions ou des emprunts obligataires, Etats, grandes fortunes, millions d'épargnants).
Or les banques étrangères, en particulier américaines, ont eu tendance à concentrer leurs activités à Londres, devenu leur hub, rationalisant leur implantation en Europe jusqu'à fermer leurs succursales continentales, ou en y réduisant fortement leurs effectifs, «depuis que le passeport joue à plein, c'est-à-dire une quinzaine d'années», relève Marc Perrone, le directeur du département réglementation bancaire et financière du cabinet d'avocats Linklaters.
Par exemple, Goldman Sachs nous indique employer environ 6 000 personnes en Europe, dont 5 500 à Londres. Selon un rapport de l'institut Bruegel, les cinq premières banques d'investissement américaines ont plus de 80% de leurs effectifs au Royaume-Uni.
Banques US en Europe
2. Quelles activités et quels emplois seront concernés ?
On l'ignore précisément à ce stade. Ce sont potentiellement des dizaines de milliers de jobs, sur les plus de 320 000 emplois financiers du grand Londres. Le cabinet Oliver Wyman estime dans un scénario dur entre 31 000 et 35 000 le nombre d'emplois à risque dans un rapport sur l'impact du Brexit sur le secteur financier britannique, jusqu'à 75 000 si l'on mesure les conséquences sur l'ensemble de l'écosystème (contre seulement 3 à 4 000 dans le scénario optimiste du maintien du «passporting»).
Il semble acquis que les activités non commerciales, comme la recherche (les analystes financiers donnant des recommandations sur les actions, les obligations, les devises, les matières premières, les dérivés, etc.), ne seront pas concernées. En revanche, tout ce qui a trait au démarchage bancaire ou financier risque d'être touché.
«Nos vendeurs à Londres pourront-ils encore appeler des clients du continent ?», s'interrogeait, perplexe, Jim Cowles, de Citigroup.
Et il ne s'agit pas seulement de vendeurs d'actions ou de dérivés, mais des commerciaux chargés de la sollicitation des clients pour des emprunts ou des conseils de placement par exemple.
«Les banques privées suisses n'ont pas le droit de venir démarcher les clients en France», rappelle un autre banquier.
On se souvient de la fameuse affaire UBS. La Suisse vivrait comme une injustice que le Royaume-Uni bénéficie d'un régime dérogatoire. Les banques rêvent d'un modèle «de présentation» par lequel les équipes européennes présenteraient les clients aux équipes londoniennes. Modèle qui a peu de chances d'être accepté par les autorités de régulation.
3. Les régulateurs vont-ils imposer des relocalisations ?
D'autres points d'interrogation demeurent, dans le vaste champ de la supervision et du risque. Il y a tous les métiers liés à la conservation des titres et à la compensation, sujet très sensible. Après la crise financière, la Banque centrale européenne avait déjà demandé la localisation en zone euro des chambres de compensation, qui participent à la réduction du risque systémique, mais avait été retoquée par la Cour de justice européenne. Cela pourrait concerner 100 000 emplois à relocaliser selon l'agence Bloomberg.
Les traders et les principaux responsables des filiales devront-ils être domiciliés en zone euro ? La BCE et l'Autorité bancaire européenne (ABE) exigeront-elles des banques qu'elles localisent aussi leurs équipes de conformité («compliance») pour exercer leur supervision efficacement ? Quid des fonctions support associées, le juridique et le back-office, qui pourraient très bien déménager à Dublin ? Le flou persiste pour l'instant.
En conséquence, les banques ont commencé à passer en revue leurs activités européennes dans le détail, par ligne de métiers, par centre de profits. Et à bombarder les cabinets d'avocats de questionnaires pointus sur le droit du travail, le régime fiscal, la réglementation - le délai pour obtenir un agrément par exemple. En France, l'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Autorité de contrôle prudentiel de résolution (ACPR) viennent de mettre en place une procédure express, spéciale Brexit, avec un référent anglophone pour le suivi du dossier.
4. Les critères clés ? Le social, le fiscal et l'incertitude politique
Déménager des équipes et reconstruire des infrastructures (informatique, salle des marchés) coûte cher. Aussi les banques susceptibles de bouger cherchent-elles à le faire à minima, dans l'idée de conserver un pôle majeur à Londres et d'éviter un «Brexodus» massif vers le continent.
Dès lors, la proximité géographique de la capitale britannique joue dans le choix d'un point de chute (Dublin y ajoute la proximité culturelle et linguistique), ainsi que la détention ou non d'une licence bancaire et de courtage dans un des pays envisagés dans l'Union européenne. Par exemple, la maison-mère européenne de Citigroup est à Dublin et possède un agrément bancaire, mais pas de licence de trading, ce que détient en revanche sa filiale allemande. Et sa succursale à Paris possède sa propre salle de marchés. Dans l'ensemble, le Brexit va ajouter de la complexité pour ces organisations.
Au-delà de l'effet «hub», d'un centre financier suffisamment significatif (ce qui semble disqualifier Bruxelles et Milan), les banques s'interrogent sur l'opportunité de «rapprocher les effectifs des clients» (institutionnels et entreprises). Pour autant, les milieux d'affaires anglo-saxons ont une vision très homogène des enjeux.
«Il y a le social, le fiscal et l'incertitude politique», résume un dirigeant d'une filiale d'une banque américaine.
L'issue de l'élection présidentielle française en particulier inquiète, dans ces temps de montée du populisme, et crée aussi chez certains de l'espoir en matière d'imposition. Ce qui incite d'ailleurs les institutions à attendre le printemps pour se décider. Ou pas : Citigroup a annoncé vouloir trancher avant la fin du premier trimestre. Comme le décrypte l'associé du cabinet Linklaters : «L'enjeu est d'identifier le pays où les règles non harmonisées, sociales et fiscales, sont les plus stables.»
En matière de fiscalité, la mauvaise image de la France persiste, qu'il s'agisse des taux d'impôt sur les sociétés ou sur les revenus, de la taxe sur les transactions financières, face à des havres fiscaux comme l'Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas. Surtout, dans cet univers adepte de la flexibilité et des licenciements dans l'heure, à l'américaine, le droit du travail à l'européenne, trop rigide, fait cauchemarder, comme l'a dit sans détours le patron de JP Morgan France, Kyril Courboin, à l'agence Reuters : «C'est sûr qu'aujourd'hui, on ne va pas bouger des milliers de personnes à Paris si c'est pour se retrouver avec un contrat de travail très, très protecteur.»
«C'est le principal sujet pour des redéploiements d'effectifs importants (...). Là-dessus, Francfort n'est pas mieux que Paris, par contre Dublin, le Luxembourg, Amsterdam, c'est beaucoup mieux.»
Le régime français des impatriés, qui vient d'être étendu à 8 ans, est apprécié, mais pour de petites équipes.
«Ce qui gêne le plus, en France, c'est le côté très volatil de la législation. Les Allemands, vus de loin, ont l'air plus sérieux que nous, les Français. Même si Francfort est une ville moins agréable», relève un autre banquier.
La taille de la place financière et le cadre de vie au sens large (langue, système éducatif, transports) sont évidemment des critères importants, mais visiblement pas aussi déterminants que le droit du travail. Et ce banquier de conclure :
«Les individus préfèrent venir à Paris, les institutions sont plus mitigées».
D. C.
In latribune.fr


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