Alors que l'avenir de la monnaie unique est en jeu avec des élections capitales en France, l'Islande n'exclut pas d'arrimer la couronne islandaise à la monnaie unique. L'arrimage au dollar ou à la livre sterling est également envisagé, mais «l'euro est la seule option réaliste», a souligné à l'agence Reuters le ministre des Finances islandais Benedikt Johannesson. Alors que l'avenir de la monnaie unique est en jeu avec des élections capitales en France, l'Islande n'exclut pas d'arrimer la couronne islandaise à la monnaie unique. L'arrimage au dollar ou à la livre sterling est également envisagé, mais «l'euro est la seule option réaliste», a souligné à l'agence Reuters le ministre des Finances islandais Benedikt Johannesson. L'arrimage à une divise tiers est un geste politique fort d'abandon de souveraineté qui a un coût important et des conséquences durables. Il fait donc débat et le Premier ministre a rappelé à l'agence Bloomberg que cette question n'était pas tranchée, un comité d'économistes étant chargé de proposer une solution. Pour sa part, le chef du gouvernement préférerait que la couronne islandaise continue à évoluer librement afin de conserver sa flexibilité pour s'adapter aux crises. La devise avait perdu près de la moitié de sa valeur début 2009 permettant au pays de regagner en compétitivité. Elle est aujourd'hui dans une situation inverse : elle s'apprécie trop vite et a gagné 17% depuis début 2016 dans un contexte de forte reprise économique et d'afflux touristique. L'arrimage permet de limiter l'inflation d'un pays en adossant sa monnaie à une devise forte mais, en contrepartie, il perd en autonomie en étant tributaire de la politique monétaire du pays de sa devise d'arrimage. Il ne peut plus procéder à des dévaluations compétitives pour relancer les exportations en cas de trou d'air. En outre, une fois l'arrimage mis en place, le pays devra le «défendre» contre les spéculateurs : il devra mobiliser ses réserves de change - 7,2 milliards de dollars pour l'Islande, soit le tiers de son PIB - pour intervenir sur le marché. Objectif ? Maintenir sa monnaie dans des marges de fluctuation plus ou moins larges autour d'un cours de référence. La devise danoise, citée en exemple par le ministre des Finances islandais, peut par exemple varier de plus ou moins 2,25% autour d'un cours de référence de 1 euro pour 7,46 couronnes danoises. Les pays arriment généralement leur monnaie à la devise de leur principal partenaire commercial, et l'Europe accueille 70% des exportations islandaises. Aujourd'hui, sur près de 200 pays, 62% ont arrimé leur devise au dollar, selon des accords plus ou moins forts et contraignants, contre 28% (Danemark, Bulgarie, pays d'Europe centrale et d'Afrique...) pour l'euro. La couronne islandaise est une devise insulaire qui a bien souvent lié son sort à celui d'une grande monnaie. Entre 1925 et 1946, le pays avait déjà arrimé sa devise à la livre sterling, qui était alors la principale devise mondiale de référence. Par la suite, c'est le dollar qui va devenir «l'ancre» officieuse de la couronne islandaise avec une marge de fluctuation de 2 à 5% jusqu'au milieu des années 1970. Elle expérimentera d'autres solutions dans les décennies suivantes : flottement libre, arrimage au deutsche Mark ou à un panier de monnaies... Depuis 2001, le pays s'efforce de maintenir sa devise dans une marge de fluctuation de 5% autour de l'euro, mais sans engagement formel de la Banque centrale. N. A.-K. In lesechos.fr